Monténégro
L’étau judiciaire se resserre contre les dirigeants
La pression judiciaire se resserre autour des dirigeants monténégrins, accusés par la justice italienne de participer activement au trafic de cigarettes et éclaboussés par une affaire de trafic d’êtres humains.
De notre correspondant à Belgrade
Il y a un an, une affaire de trafic d’êtres humains éclatait au Monténégro. Fin novembre, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a rendu public le rapport élaboré par un groupe d’experts indépendants, dont les conclusions sont accablantes pour le gouvernement.
Les révélations d’une jeune Moldave, S.C., réfugiée dans le foyer protégé des femmes de Podgorica, avaient amené à l’interpellation du procureur adjoint de la République du Monténégro, Zoran Piperovic, de plusieurs autres hauts fonctionnaires de l’État et de responsables politiques proches du Premier ministre Milo Djukanovic. Ceux-ci auraient non seulement couvert le trafic, mais même participé directement à des séances de viol et de torture.
Depuis, le procureur Piperovic a été relaxé faute de preuves, et la juge d’instruction en charge de l’enquête, Ana Vukovic, est soumise à un harcèlement constant. En octobre, elle a publiquement accusé les services secrets monténégrins de surveiller ses activités et ses communications.
Le rapport de l’OSCE est accablant, pointant les disfonctionnements de l’appareil judiciaire du Monténégro et les mensonges flagrants contenus dans les rapports de police. Malgré cela, Milo Djukanovic a rétorqué que ce rapport «ne mettait pas en cause son gouvernement». Le Premier ministre monténégrin soutient toujours que l’affaire a été ourdie par des «intérêts hostiles au Monténégro», et il promet depuis des mois les preuves démontrant qu’il s’agirait d’une manipulation.
La marge de manœuvre de Djukanovic se réduit
Sur les routes balkaniques de la traite, le Monténégro fait figure à la fois de destination finale et de pays de transit. Les femmes, originaires le plus souvent de Moldavie, d’Ukraine ou de Roumanie, arrivent par Belgrade. Certaines «travaillent» dans les bars de la côte monténégrine, dans la capitale Podgorica, ou dans des petites villes du nord du pays, notamment à Rozaje et à Bijelo Polje, importants nœuds de circulation routière. Elles peuvent aussi poursuivre leur voyage, soit en partant pour l’Italie par le port de Bar, soit en direction de la Bosnie, du Kosovo ou de l’Albanie.
Cette affaire de trafic d’être humains survient au plus mauvais moment pour les dirigeants monténégrins, de plus en plus menacés par les investigations de la justice italienne à propos du trafic de cigarettes. Le nom de Milo Djukanovic a été cité, pour la première fois directement, dans le cadre d’une nouvelle enquête ouverte par le parquet de Naples au printemps dernier.
Deux mandats d’arrestation ont été émis par la justice italienne à la fin novembre contre des proches collaborateurs de Milo Djukanovic et plusieurs dizaines de personnes ont déjà été arrêtées en Italie dans le cadre de l’opération «Monténégro». En 2002, Francesco Prudentino, un mafieux qui avait contrôlé durant des années le trafic du tabac entre le Monténégro et l’Italie, a été arrêté à Athènes. Il est soupçonné d’avoir fait transiter mensuellement 250 tonnes de tabac tout au long des années 1990. Les révélations de ce mafieux pourraient achever de confirmer l’implication directe des dirigeants monténégrins dans ce trafic.
La marge de manœuvre de Milo Djukanovic ne cesse donc de se réduire. L’homme fort du Monténégro continue de contrôler la scène politique de la petite république, et il peut encore agiter la menace d’une sécession pour effrayer les dirigeants occidentaux. Hormis un déplacement en Macédoine, Milo Djukanovic semble pourtant s’abstenir de tout voyage à l’étranger depuis le printemps. Les aéroports internationaux deviennent peut-être des endroits trop risqués si un mandat d’arrêt devait être émis à son encontre.
Il y a un an, une affaire de trafic d’êtres humains éclatait au Monténégro. Fin novembre, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a rendu public le rapport élaboré par un groupe d’experts indépendants, dont les conclusions sont accablantes pour le gouvernement.
Les révélations d’une jeune Moldave, S.C., réfugiée dans le foyer protégé des femmes de Podgorica, avaient amené à l’interpellation du procureur adjoint de la République du Monténégro, Zoran Piperovic, de plusieurs autres hauts fonctionnaires de l’État et de responsables politiques proches du Premier ministre Milo Djukanovic. Ceux-ci auraient non seulement couvert le trafic, mais même participé directement à des séances de viol et de torture.
Depuis, le procureur Piperovic a été relaxé faute de preuves, et la juge d’instruction en charge de l’enquête, Ana Vukovic, est soumise à un harcèlement constant. En octobre, elle a publiquement accusé les services secrets monténégrins de surveiller ses activités et ses communications.
Le rapport de l’OSCE est accablant, pointant les disfonctionnements de l’appareil judiciaire du Monténégro et les mensonges flagrants contenus dans les rapports de police. Malgré cela, Milo Djukanovic a rétorqué que ce rapport «ne mettait pas en cause son gouvernement». Le Premier ministre monténégrin soutient toujours que l’affaire a été ourdie par des «intérêts hostiles au Monténégro», et il promet depuis des mois les preuves démontrant qu’il s’agirait d’une manipulation.
La marge de manœuvre de Djukanovic se réduit
Sur les routes balkaniques de la traite, le Monténégro fait figure à la fois de destination finale et de pays de transit. Les femmes, originaires le plus souvent de Moldavie, d’Ukraine ou de Roumanie, arrivent par Belgrade. Certaines «travaillent» dans les bars de la côte monténégrine, dans la capitale Podgorica, ou dans des petites villes du nord du pays, notamment à Rozaje et à Bijelo Polje, importants nœuds de circulation routière. Elles peuvent aussi poursuivre leur voyage, soit en partant pour l’Italie par le port de Bar, soit en direction de la Bosnie, du Kosovo ou de l’Albanie.
Cette affaire de trafic d’être humains survient au plus mauvais moment pour les dirigeants monténégrins, de plus en plus menacés par les investigations de la justice italienne à propos du trafic de cigarettes. Le nom de Milo Djukanovic a été cité, pour la première fois directement, dans le cadre d’une nouvelle enquête ouverte par le parquet de Naples au printemps dernier.
Deux mandats d’arrestation ont été émis par la justice italienne à la fin novembre contre des proches collaborateurs de Milo Djukanovic et plusieurs dizaines de personnes ont déjà été arrêtées en Italie dans le cadre de l’opération «Monténégro». En 2002, Francesco Prudentino, un mafieux qui avait contrôlé durant des années le trafic du tabac entre le Monténégro et l’Italie, a été arrêté à Athènes. Il est soupçonné d’avoir fait transiter mensuellement 250 tonnes de tabac tout au long des années 1990. Les révélations de ce mafieux pourraient achever de confirmer l’implication directe des dirigeants monténégrins dans ce trafic.
La marge de manœuvre de Milo Djukanovic ne cesse donc de se réduire. L’homme fort du Monténégro continue de contrôler la scène politique de la petite république, et il peut encore agiter la menace d’une sécession pour effrayer les dirigeants occidentaux. Hormis un déplacement en Macédoine, Milo Djukanovic semble pourtant s’abstenir de tout voyage à l’étranger depuis le printemps. Les aéroports internationaux deviennent peut-être des endroits trop risqués si un mandat d’arrêt devait être émis à son encontre.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 08/12/2003