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Sahara occidental

Premières retrouvailles des familles séparées

Les familles séparées depuis 1976 sont réunies. Les opérations de visites placées sous contrôle de la MINURSO (Mission des nations unies pour le référendum au Sahara occidental) et du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) ont débuté le 5 mars.
Les organisations onusiennes basées au Sahara occidental ont initié un programme de visites entre familles sahraouies séparées par la guerre. C’est en 1976 que le Maroc a occupé le Sahara occidental dès le désengagement de la puissance coloniale, l’Espagne. Mais face à l’acharnement du Front Polisario, mouvement de lutte pour l’indépendance du territoire, les autorités marocaines ont érigé un mur de plus de 2 000 km obligeant des milliers de Sahraouis à trouver refuge à Tindouf en Algérie, dans des camps du HCR. De part et d’autre, on s’accuse mutuellement de «séquestrer» les populations, qui dans tous les cas n’ont plus jamais eu l’opportunité de se voir depuis 1976.

Aujourd’hui, ce sont de véritables opérations de pont aérien que les autorités onusiennes ont établies pour tenter de regrouper, tant soit peu, les familles. Une autorisation de cinq jours a été accordée par le Maroc, qui touche principalement les habitants de la capitale sahraouie, El Ayoun. Sont concernés par cette mesure les parents directs que sont père, mère, époux, épouse, fils, filles, sœurs et frères. Les visites sont encadrées par le HCR qui met à disposition des familles avions et voitures de l’organisation. Selon un rythme bien établi, vendredi et mercredi constituent des jours de départ et de retour imposés aux visiteurs. Ainsi les premières retrouvailles se sont-elles déroulées à l’aéroport d’El Ayoun le 5 mars 2004.

La confiance n’exclut pas la méfiance

Une vingtaine de personnes venues des camps de réfugiés de Tindouf, dans le sud de l’Algérie, représentant neuf familles, ont retrouvé des proches avec lesquels elles passeront cinq jours. Le même avion a embarqué, dans le sens inverse, une vingtaine de Sahraouis vivant au Sahara occidental qui vont rendre visite à leurs familles établies dans les camps de réfugiés de Tindouf. Des laisser-passer et numéros de téléphone spéciaux sont affectés aux visiteurs de part et d’autre du mur pour leur faciliter le déplacement mais aussi pour permettre aux différents services d’exercer sur eux un contrôle efficace. Les autorités marocaines qui ont accepté les propositions des organisations internationales, dans le cadre d’un rapprochement familial et d’une action humanitaire, restent très méfiantes car une situation de guerre prévaut toujours au Sahara occidental.

Le Front Polisario compte d’ailleurs profiter de cette ouverture pour attirer l’attention sur «le véritable visage de l’occupation marocaine, qui maintient le territoire sahraoui sous le joug colonial», à l’occasion des premiers mouvements de ce rapprochement familial. A la faveur de ces visites le Front Polisario invite les observateurs internationaux à se rendre au Sahara occidental pour procéder à une évaluation de la situation de «répression qui règne dans les territoires occupés», affirme-t-il. Depuis les accords de cessez-le-feu et le déploiement des forces et institutions onusiennes dès 1991, l’évolution institutionnelle du Sahara occidental n’a pas connu de réelles avancées. Néanmoins, cette initiative d’échange et de rapprochement des familles est une opportunité à saisir pour le mouvement de libération qui multiplie les actions en faveur de l’organisation d’un référendum d’autodétermination «libre, juste et transparent sous les auspices de l’ONU».



par Didier  Samson

Article publié le 05/03/2004