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Pétrole

Le baril approche son prix record

Les spécialistes ne croient pas à un nouveau choc pétrolier. 

		(Photo AFP)
Les spécialistes ne croient pas à un nouveau choc pétrolier.
(Photo AFP)
Le prix du baril a atteint son record depuis 1990, peu avant la guerre du Golfe. L’insécurité au Moyen-Orient et les réserves américaines très basses poussent à la hausse. Les spécialistes ne croient pas pour autant à un nouveau choc pétrolier.

Le prix du baril de brut à new York a dépassé brièvement les 39 dollars, le 4 mai, pour redescendre à 38,8 le lendemain, ce qui reste quand même son plus haut niveau depuis octobre 1990, date à laquelle peu avant le début de la guerre du Golfe en janvier 1991 il avait atteint les 41 dollars. A Londres, le Brent a tutoyé les 36 dollars le baril et le panier composant le prix moyen du pétrole en provenance des pays de l’Opep a, lui aussi, atteint un niveau record, supérieur à 34 dollars le baril.

Plusieurs éléments concourent à un renchérissement du prix du pétrole. L’insécurité en Irak et en Arabie saoudite, tout d’abord, qui génère une«prime de risque» au bénéfice des opérateurs, répercutée sur les prix. Après les attentats manqués de Bassorah au sud de l’Irak l’Arabie saoudite, de loin de premier producteur de la région, a connu, le 1er mai, une attaque terroriste au terminal de Yanbou, au cours de laquelle cinq Occidentaux ont été tués, ainsi que les quatre assaillants et un membre de la sécurité locale. L’Arabie saoudite a déjà été visée par une série d’attentats à la bombe entre mai et novembre 2003 et, le 21 avril dernier, une voiture piégée a explosé devant un immeuble de forces de sécurité à Ryad, attentat imputé à des sympathisants du réseau Al Qaïda.

La situation apparaît suffisamment grave pour que les six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Koweït, Emirats arabes unis, Bahreïn, Oman et Qatar) aient ratifié un pacte antiterroriste pour renforcer leurs échanges informations afin d’améliorer la sécurité. Selon les analystes l’enlisement de l’intervention américaine en Irak et l’insécurité dans la région du Golfe ne sont pas prêts de s’améliorer.

Réserves américaines très basses

Les risques encourus attirent les fonds spéculatifs, actuellement très actifs sur les marchés pétroliers. A cela s’ajoutent les craintes d’une pénurie d’essence aux Etats-Unis, face aux réserves très basses pour la saison. Le prix de l’essence a atteint à New York son septième record d’affilée.

Les spécialistes ne croient cependant à un nouveau choc pétrolier et on est bien loin de la conjoncture du premier choc pétrolier en 1973, lié à la guerre du Kippour, du deuxième en 1979 avec la révolution iranienne ni, en 1982, de l’augmentation brutale au début de la guerre entre l’Irak et l’Iran.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime qu’une hausse persistante du baril de 25 dollars à 35 dollars par exemple entraînerait une baisse de 0,4% du PIB mondial durant deux ans et une augmentation de 0,1% du chômage. Ennuyeux mais pas catastrophique. Aux Etats-Unis les consommateurs se plaignent du prix de l’essence, mais en Europe, en raison de la forte appréciation de l’euro par rapport au dollar, le prix moyen du baril s’est maintenu un peu au-dessus de 25 dollars au premier trimestre de cette année.

L’Opep joue le jeu

Autre point favorable aux pays consommateurs, la part des importations pétrolières dans le PIB a sensiblement décru depuis les années 80. Aux Etats-Unis le rapport est passé de 3,2% à 1,1% et en France de 6,5% à 2%. Les effets d’une hausse du baril sont donc bien plus amortis.

D’autant plus que les pays producteurs de l’OPEP ne souhaitent pas profiter de la situation ni l’aggraver. Actuellement les dix pays de l’Opep soumis à des quotas de production (l’Irak est exempté) dépassent de 1,5 million de barils par jour le maximum qu’ils se sont eux-mêmes fixé. Le président en exercice de l’Opep, l’Indonésien Purnomo Yusgiantoro a tenu à affirmer que le marché disposerait de suffisamment de pétrole. Une réunion de l’Opep, le 3 juin à Beyrouth, pourrait décider d’un relèvement des quotas, ou, à défaut, fermer les yeux sur les dépassements actuels.

Certains analystes tablent sur une montée lente et progressive du prix du baril plutôt que sur une hausse brutale. L’arrivée de la Chine au rang des pays gros importateurs devrait avoir des effets beaucoup plus durables à terme sur le marché mondial du pétrole.



par Francine  Quentin

Article publié le 05/05/2004 Dernière mise à jour le 05/05/2004 à 12:40 TU