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Chronique des matières premières

L’OPEP, banque centrale du pétrole

Jean-Pierre Boris 

		(Photo RFI)
Jean-Pierre Boris
(Photo RFI)

«Depuis deux ans, les pays de l’OPEP ont réussi à maintenir des prix du pétrole élevés. Ils ont bien joué» nous disait hier un trader londonien. C’est peu dire que l’organisation des pays exportateurs de pétrole, après une éclipse de plusieurs années, est de nouveau un acteur important de la scène économique mondiale. Dans un premier temps, les pays producteurs ont cherché à contrôler le marché en modulant leurs livraisons. Mais cette politique d’ouverture ou de fermeture du robinet pétrolier est toujours très difficile à mettre en œuvre. Les paramètres à intégrer sont nombreux et souvent flous, le niveau des stocks par exemple. Conséquence, le résultat recherché n’est pas toujours assuré. Cela a quand même fonctionné. Mais l’OPEP a modifié sa politique. Plutôt que de contrôler les volumes de pétrole sur le marché, elle cherche maintenant à contrôler l’idée que les professionnels se font du marché. «L’OPEP, dit Régis Collieux de la BNPParibas se comporte comme une banque centrale. Son objectif est d’assurer une stabilité des prix à niveau élevé. Elle veut convaincre les acheteurs qu’elle a une meilleure perception qu’eux de la situation et qu’elle est prête à rationner le marché. A partir de ce moment-là, elle est crédible». Crédible, elle l’a été ces derniers mois. Sa méthode a fonctionné puisque les cours restent très élevés. Après chaque réunion, les pays de l’OPEP ont averti leurs clients qu’ils allaient réduire les exportations. Mais, passé quelques jours, quelques semaines, une fois les opérateurs convaincus de la fermeté des producteurs, toutes les cargaisons étaient confirmées. Les pays de l’OPEP veulent vendre beaucoup et cher. «Ils veulent le beurre et l’argent du beurre.» nous dit le trader londonien qui nous parle. Et il ajoute: «Ils ont raison.»

Le fret maritime toujours au plus haut

Les tarifs du transport commercial maritime se sont un peu repliés ces dernières semaines. Les files d’attentes dans les ports australiens ou brésiliens pour charger charbon et minerai de fer se sont un peu résorbées. Cela permet des rotations plus rapides des navires. Mais on reste malgré tout à des niveaux de fret historiquement très élevés. La demande chinoise est toujours là sur les métaux comme sur les produits agricoles. Elle occupe une part croissante de la circulation maritime mondiale et devrait maintenir les prix du fret à un niveau élevé dans les prochains mois. Plus ponctuellement, la récolte d’oléagineux en Amérique latine a démarré. Le soja argentin par exemple draine vers lui de nombreux cargos.

Et puis en bref, le Crédit Lyonnais de Londres révise à la hausse ses prévisions de production de cacao en Afrique de l’Ouest. Les bonnes récoltes intermédiaires en perspective en Côte d’Ivoire et au Ghana ont pour conséquence de provoquer un excédent de la production mondiale par rapport à la demande. Mais la situation politique en Côte d’Ivoire, le premier producteur mondial pourrait rapidement bouleverser ces pronostics.


par Jean-Pierre  Boris

[31/03/2004]

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