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Canicule

Comment éviter une nouvelle hécatombe

Philippe Douste-Blazy s'engage personnellement face aux risques d'une nouvelle canicule. 

		(Photo AFP)
Philippe Douste-Blazy s'engage personnellement face aux risques d'une nouvelle canicule.
(Photo AFP)
La surmortalité provoquée par la vague de chaleur durant l’été 2003 et les multiples dysfonctionnements répertoriés à cette occasion ont servi de leçon au gouvernement. C’est donc pour éviter le renouvellement d’une situation aussi dramatique que le nouveau ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, a présenté un plan de prévention destiné avant tout à améliorer les systèmes d’alerte et de prise en charge des populations vulnérables.

Philippe Douste-Blazy a déclaré qu’il assumerait «personnellement» le plan canicule qu’il a présenté le 5 mai. Cet engagement direct du ministre de la Santé prend un éclairage particulier à la lueur des reproches adressés à son prédécesseur, Jean-François Mattéi, pour sa prise en compte tardive de la canicule de l’été 2003. Il sonne comme la manifestation de la volonté du nouveau ministre de la Santé de montrer que l’heure n’est plus aux faux-fuyants. Il est vrai que l’incapacité des différents services chargés de la surveillance et de l’alerte à assumer leurs responsabilités, confirmée par la commission d’enquête parlementaire, avait largement contribué à dégrader l’image du gouvernement auprès des Français. D’autant que l’effet désastreux des cafouillages institutionnels avait été aggravé par les déclarations télévisées totalement décalées par rapport à la réalité, d’un Jean-François Mattéi en vacances et pas pressé de rentrer.

Même si c’est ce même Jean-François Mattéi qui a engagé la réflexion autour de l’élaboration du plan canicule, le remaniement ministériel est tombé à point nommé pour que ce soit un nouveau ministre de la Santé qui annonce les mesures finalement adoptées. Le principal objectif du gouvernement est d’améliorer les systèmes d’alerte en établissant quatre niveaux d’intervention. Le niveau 1 prévoit entre juin et octobre, la mise en place d’une veille climatique et sanitaire assurée de manière coordonnée par Météo France et l’Institut de veille sanitaire. C’est d’ailleurs le directeur de cet organisme qui a la charge d’avertir le ministre de la Santé en cas de dégradation de ces indicateurs croisés et d’alerte de grande chaleur. Et c’est celui-ci qui prend la décision de passer au niveau suivant, dit d’alerte. Une cellule de crise est alors activée pour assurer le traitement et la circulation des informations. Les préfets sont chargés de diriger les dispositifs dans les départements. Au niveau suivant, on passe à l’intervention. Un comité interministériel de gestion des crises (COGIC) prend la direction des opérations. Les plans d’urgence sont actionnés dans les hôpitaux, les maisons de retraite, les services de la sécurité civile, des pompiers… Les associations bénévoles sont mobilisées. Le passage au quatrième niveau est décidé par le Premier ministre si la situation nécessite la réquisition de tous les moyens civils et militaires pour éviter une atteinte à l’ordre public.

Alerte, solidarité, bon sens

De cette manière, le gouvernement espère éviter tout retard et toute sous-estimation d’un phénomène sanitaire de grande ampleur comme celui qui a coûté la vie à environ 15 000 personnes il y a quelques mois. La mobilisation des institutions et la coordination de leurs actions sont réalisées en parallèle avec une meilleure diffusion de l’information auprès des populations les plus vulnérables. Le plan prévoit, en effet, de réaliser grâce aux mairies et aux associations, le recensement de tous ceux qui peuvent avoir besoin d’aide durant une vague de chaleur, notamment les personnes âgées isolées.Ces listes doivent permettre d’assurer auprès d’eux une communication adaptée mais aussi de leur porter secours en cas de nécessité. Le ministre de la Santé a aussi insisté sur l’indispensable solidarité avec les aînés pour éviter de les laisser isolés à des moments où ils peuvent avoir besoin d’aide.

Au-delà de l’appel à la solidarité familiale vis à vis des personnes âgées qui vivent chez elles, le gouvernement a aussi pris des dispositions pour améliorer le fonctionnement des maisons de retraite et établissements de santé dans des conditions de chaleurs extrêmes. Car la canicule a montré que ces établissements n’étaient pas équipés en personnel et en matériel pour faire face à ce type de situation climatique. Philippe Douste-Blazy a donc annoncé que les infirmières pourront bénéficier d’un déplafonnement de leur quotas d’heures supplémentaires afin de pouvoir garantir une présence adaptée aux besoins. De même, les préfets sont chargés de veiller à ce que la permanence des soins soit assurée par les médecins de ville.

Le ministre de la Santé a d’autre part décidé que chaque maison de retraite devait disposer d’une salle où la température n’excédera pas 25 degrés de manière à pouvoir y rassembler les occupants de l’établissement aux heures les plus chaudes de la journée. L’Etat doit assurer 40 % du financement de ces installations. Mais les sociétés spécialisées dans la climatisation, sollicitées pour répondre en priorité aux commandes du ministère de la Santé, ont déjà annoncé qu’elles n’étaient pas en mesure de satisfaire la demande d’ici juin 2004. En l’absence de salle climatisée, d’autres mesures de «bon sens» sont recommandées pour lutter contre l’hyperthermie: utilisation de ventilateurs, de brumisateurs d’eau, de bains frais…

Globalement, le plan canicule prévoit le déblocage de 486 millions d’euros sur cinq ans. C’est la commission «Urgences Eté 2004» qui est chargée de gérer l’affectation des ces crédits en fonction des besoins. Mais aussi de «tester la réactivité des services» en organisant des simulations de crises.

par Valérie  Gas

Article publié le 05/05/2004 Dernière mise à jour le 05/05/2004 à 14:26 TU