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Irak

Le président de l’exécutif victime d’un attentat

Le lieu de l'attentat du 17 mai 2004. Abdel Zahra Osmane Mohammad est le deuxième membre du Conseil de gouvernement provisoire qui perd la vie après un attentat. 

		(Photo: AFP)
Le lieu de l'attentat du 17 mai 2004. Abdel Zahra Osmane Mohammad est le deuxième membre du Conseil de gouvernement provisoire qui perd la vie après un attentat.
(Photo: AFP)
Le président en exercice du Conseil de gouvernement provisoire irakien, Abdel Zahra Osmane Mohammad, dit Ezzedine Salim, fait partie des dix personnes qui ont péri dans l'attentat à la voiture piégée, perpétré dans la matinée du 17 mai à Bagdad. A moins de deux mois de la date butoir pour le transfert du pouvoir à un gouvernement intérimaire irakien, cette attaque terroriste montre que le processus politique enclenché par les Américains se heurte à une opposition déterminée dans le pays. Elle intervient dans un contexte marqué par des affrontements incessants et meurtriers entre les forces de la coalition et les membres des divers courants de résistance irakiens.

C’est au moment où un convoi de plusieurs véhicules s’apprêtait à pénétrer dans la «zone verte», le périmètre de sécurité mis en place par les Américains au coeur de Bagdad pour protéger le quartier général de la coalition, qu’un kamikaze a fait exploser une voiture piégée en début de matinée. La déflagration a complètement détruit, selon les témoignages, deux des véhicules présents. Au moins dix personnes ont été tuées. Parmi elles se trouvaient le chef de l’exécutif irakien, Abdel Zahra Osmane Mohammad, dit Ezzedine Salim, et son adjoint Taleb Kassim al-Haji. Le Conseil de gouvernement provisoire a confirmé le décès des deux hommes en fin de matinée.

Abdel Zahra Osmane Mohammad était membre du parti chiite Al-Dawa al-Islamiya. Il assurait, au mois de mai, la présidence du Conseil de gouvernement provisoire. En s’en prenant à lui, les terroristes ont visé une institution symbolique de la collaboration avec les Américains. Le Conseil a, en effet, été mis en place, en juillet 2003, par ces derniers pour jouer le rôle d’interlocuteur local après la chute du régime de Saddam Hussein. Il est composé de membres des différentes ethnies et courants religieux présents dans le pays. Dès sa mise en place, cette instance a été vivement critiquée par une partie des mouvements de résistance irakiens qui ont accusé ses membres d’apporter leur soutien à un processus dirigé par les Américains. Il est vrai qu’il dispose d’une très faible marge de manoeuvre dans la gestion des affaires puisque l’administrateur américain en Irak, Paul Bremer, conserve un droit de veto grâce auquel il peut bloquer toute décision. La participation du Conseil à l’élaboration et l’adoption d’une Constitution provisoire a, par exemple, été dénoncée par plusieurs leaders, notamment l’ayatollah chiite Ali Sistani.

«Les terroristes seront vaincus»

Abdel Zahra Osmane Mohammad est le deuxième membre du Conseil de gouvernement provisoire qui perd la vie après un attentat. En septembre 2003, Akila Hachemi, une diplomate irakienne qui avait accepté de faire partie de cette instance, avait elle aussi été blessée par balles alors qu’elle sortait de chez elle et avait succombé à ses blessures. La police avait alors estimé que les feddayins de Saddam Hussein étaient probablement les auteurs de l’assassinat d’Akila Hachemi. Aucune responsabilité n’a, par contre, été pour le moment évoquée concernant l’attentat de ce matin.

Un successeur a été immédiatement choisi pour remplacer Abdel Zahra Osmane Mohammad. Il s’agit du chef tribal sunnite Ghazi Ajil al-Yaouar qui devait lui succéder à ce poste au mois de juin et a devancé l’appel après l’annonce de l’attentat. Le nouveau président a tenu à affirmer sa détermination à mener à son terme le processus qui prévoit la transmission du pouvoir à un gouvernement irakien le 30 juin prochain. Il a ainsi parlé «d’un acte terroriste lâche qui ne dissuadera pas les membres du Conseil de gouvernement de continuer leur travail pour construire un Irak fédéral unifié», ajoutant : «C’est un défi et nous acceptons de le relever. Nous sommes plus déterminés qu’hier à faire avancer le processus pour recouvrer la souveraineté et reconstruire un Irak libre et démocratique». Paul Bremer a quant à lui affirmé : «Les terroristes seront vaincus».

Face à une situation de plus en plus incontrôlable sur le terrain, cette déclaration de l’administrateur américain en Irak relève plus de l’incantation que de la mise en garde. L’attentat contre le chef de l’exécutif irakien a, en effet, été mené à l’entrée de la zone la plus sécurisée de Bagdad qui malgré les efforts des Américains a déjà été plusieurs fois visée par des attaques. Dans le reste du pays, les forces de la coalition se heurtent à une résistance de plus en plus vigoureuse. Entre dimanche 16 et lundi 17 mai, des affrontements sanglants ont eu lieu dans au moins trois villes (Bagdad, Nassiriyah, Kerbala) et ont provoqué la mort de plusieurs dizaines de personnes.

par Valérie  Gas

Article publié le 17/05/2004 Dernière mise à jour le 17/05/2004 à 15:07 TU

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Farida AYARI

Journaliste à RFI

«Quels que soient les responsables, ils cherchent à atteindre à la fois la communauté shiite et le symbole de l'occupation américaine.»

[17/05/2004]

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