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Terrorisme

Les Etats-Unis craignent une attaque sur leur sol

L'administration américaine est formelle : «<EM>Al-Quaïda a l’intention de frapper fort les Etats-Unis</EM>». Le ministre américain de la Justice John Ashcroft et le directeur du FBI, Robert Mueller l'ont annoncé au cours d'une conférence de presse. 

		(Photo : AFP)
L'administration américaine est formelle : «Al-Quaïda a l’intention de frapper fort les Etats-Unis». Le ministre américain de la Justice John Ashcroft et le directeur du FBI, Robert Mueller l'ont annoncé au cours d'une conférence de presse.
(Photo : AFP)
Les autorités américaines ont affirmé craindre cet été une attaque terroriste de grande ampleur aux Etats-Unis. Dans l’espoir de prévenir un tel attentat, le FBI, la police fédérale américaine, a annoncé avoir lancé une vaste traque contre sept personnes suspectées d’être liées à al-Qaïda, le réseau d’Oussama ben Laden. Curieusement Washington n’a toutefois pas relevé le niveau d’alerte terroriste aux Etats-Unis, provoquant la méfiance de nombreux observateurs qui voient dans ces annonces une manœuvre politicienne d’une administration en difficulté à l’approche de la présidentielle de novembre.

Accusés de ne pas avoir su prévenir les attaques terroristes du 11 septembre contre Washington et New York, qui ont provoqué la mort de quelque 3 000 personnes, les services de sécurité américains n’ont visiblement pas l’intention d’être de nouveau pris en défaut. C’est ce qui explique sans doute l’empressement de l’administration Bush à communiquer sur de présumés attentats dont elle affirme que le pays est aujourd’hui menacé. Le porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan, a ainsi déclaré que les Etats-Unis étaient entrés «dans une période de menaces graves» et que les responsables de la sécurité étaient «sur le qui-vive 24 heures sur 24 et sept jours sur sept pour faire face aux menaces terroristes» sur le sol américain. 

Quelques heures plus tard, l’Attorney général –ministre de la Justice– John Ashcroft et le directeur du FBI, Robert Mueller, convoquaient une conférence de presse pour étayer ces annonces. Citant des «renseignements crédibles émanant de sources multiples», les deux hommes ont affirmé qu’al-Qaïda avait «l’intention de frapper fort les Etats-Unis». Ils ont cependant reconnu ne pas savoir où, quand, ni comment entendait agir le réseau d’Oussama ben Laden. «Nous ne prenons aucun risque et nous devons –après les attentats de Madrid– être prêts à toute sorte d’attaques au cours des prochains mois», a ainsi justifié John Ashcroft. Selon lui, les terroristes pourraient être tentés de perturber l’un des nombreux événements prévus aux Etats-Unis «en cette année électorale». Le ministre a notamment évoqué l’inauguration samedi prochain du mémorial de la Seconde Guerre mondiale à Washington, le sommet du G8 à Sea Island les 8, 9 et 10 juin, les conventions démocrate (du 26 au 29 juillet) et républicaine (du 30 août au 2 septembre) ou encore l’élection présidentielle du 2 novembre prochain.

Le directeur du FBI a pour sa part annoncé qu’une vaste traque avait été lancée pour mettre la main sur sept personnes soupçonnées d’avoir des liens avec al-Qaïda. Il s’agit de six hommes et d’une femme, âgés de 25 à 41 ans, nés dans différents pays et parlant tous parfaitement bien l’anglais. Deux ont la citoyenneté canadienne et un la nationalité américaine. D’eux d’entre eux sont déjà inculpés dans les attentats commis contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar Essalam. Photos grand format et descriptions détaillées à l’appui, Robert Mueller a demandé aux Américains de faire part immédiatement aux autorités de toutes informations susceptibles de faire arrêter ces suspects dont elles ignorent où ils se trouvent actuellement.

Un nouveau profil de terroristes

Adoptant un ton volontairement alarmiste, John Ashcroft a souligné que ces personnes étaient «toutes recherchées en relation avec une menace terroriste possible contre le territoire américain» et qu’elles «présentaient un danger immédiat pour les Etats-Unis». «Elles doivent toutes être considérées comme armées et dangereuses», a-t-il insisté. Se référant aux attentats de Madrid, le ministre a estimé que le réseau d’Oussama ben Laden pourrait tenter de reproduire le même scénario qui avait abouti à une victoire des socialistes espagnols aux élections législatives. «Al-Qaïda peut considérer qu’une attaque d’importance aux Etats-Unis cet été ou à l’automne pourrait entraîner des conséquences équivalentes», a-t-il ainsi expliqué.

Au cours de leur conférence de presse, John Ashcroft et Robert Mueller ont insisté par ailleurs sur le devoir de vigilance qui incombe désormais aux Américains. «Le visage d'al-Qaïda pourrait être en train de changer car c'est une organisation résistante et souple, connue pour adapter ses stratégies à la lumière de nouvelles mesures de sécurité», ont-ils prévenu. Selon eux, le profil idéal d'un auteur d'attentat est d'être âgé d'environ 30 ans, de pouvoir se présenter «comme un Européen» et d'être accompagné d'une famille «afin de passer plus inaperçu».

Mais malgré le ton volontairement alarmiste qu’elle a adopté ces derniers jours, l’administration américaine a annoncé ne pas envisager de relever, dans l’immédiat, le niveau d’alerte terroriste. Son niveau actuel, fixé à «élevé» (jaune), est adéquat pour assurer la sécurité des Américains à l'approche de la saison estivale, a ainsi assuré le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, Tom Ridge. Il avait été fixé à «très élevé» (orange) pendant plusieurs semaines à l'occasion des fêtes de fin d'année 2003, période pendant laquelle aucun attentat ne s'était produit.

Cette décision de ne pas changer le niveau d’alerte tout en affirmant que le pays serait à la veille d’une attaque terroriste majeure est l’objet de nombreuses critiques aux Etats-Unis. Certains observateurs y voient notamment une manœuvre de l’administration Bush, en difficulté en Irak et sur le plan intérieur, de redorer son blason, le président étant en chute libre dans les sondages à un peu plus de cinq mois de l'élection du 2 novembre. Des accusations que la Maison Blanche s’est bien entendu empressée de réfuter.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 27/05/2004 Dernière mise à jour le 27/05/2004 à 16:21 TU