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Etats-Unis

Convention républicaine : aider Bush à rester président

George W. Bush et Dick Cheney, son actuel vice-président, qui l’accompagne une nouvelle fois dans l’aventure électorale. 

		(Photo : AFP)
George W. Bush et Dick Cheney, son actuel vice-président, qui l’accompagne une nouvelle fois dans l’aventure électorale.
(Photo : AFP)
Lors de la convention républicaine, qui a lieu à New York du 30 août au 2 septembre, le président sortant candidat à la réélection, George W. Bush, va faire une rentrée politique en fanfare et paillettes après ses vacances au Texas. En acceptant officiellement sa mission de héraut républicain dans le combat électoral pour la Maison Blanche, prévu le 2 novembre, il doit aussi exposer devant les délégués son programme pour un second mandat. Dans cette entreprise, la gestion de la crise irakienne sera à la fois son atout et sa faiblesse.

George W. Bush a de la chance. A la veille de l’ouverture de la convention républicaine, les sondages annoncent qu’il est de nouveau passé devant son adversaire démocrate, John Kerry. Pour la première fois depuis plusieurs semaines, le candidat républicain reprend donc la tête dans les intentions de vote. Malgré cette nouvelle encourageante pour le camp du président sortant, les jeux sont loin d’être faits. Car à en croire les instituts de sondage, l’avance de George W. Bush est inférieure à la marge d’erreur statistique. Sans compter, bien sûr, le fait qu’un pourcentage encore élevé d’électeurs n’ont toujours pas décidé pour qui ils allaient voter.

La convention qui se déroule au Madison Square Garden, à New York, entre le 30 août et le 2 septembre, va donc jouer un rôle fondamental pour les aider à se déterminer. Cet événement sur-médiatisé auquel doivent participer près de 50 000 personnes, délégués républicains mais aussi invités et journalistes, va être suivi dans tout le pays avec la plus grande attention. De nombreux orateurs doivent y prendre la parole. Parmi eux, les épouses de George W. Bush et de Dick Cheney, son actuel vice-président, qui l’accompagne une nouvelle fois dans l’aventure électorale. La première dame, Laura Bush, aura la lourde tâche de rivaliser avec Teresa Heinz-Kerry, l’épouse du candidat démocrate, dont l’exubérance et le franc-parler lui permettent souvent d’accaparer les médias. Discrète et calme, elle joue sur un registre totalement différent mais représente un atout que les républicains ne négligent pas car elle a l’art de plaire à tout le monde et de ne déranger personne. L’objectif de Laura Bush est de montrer son président de mari sous son vrai jour : celui d’une homme «de cœur».

Modifier l’image de Bush

L’ex-acteur et nouveau gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, alias «governator», va quant à lui apporter à la fois la touche hollywoodienne, qui manque souvent aux républicains qui ne font pas le plein auprès des comédiens et artistes, et profiter de sa réputation de républicain modéré pour atténuer l’image radicale de George W. Bush et le présenter comme un candidat rassembleur et rassurant aux yeux d’un électorat échaudé notamment par ses décisions concernant l’Irak. Après avoir joué à fond la carte du pourfendeur du terrorisme, quel qu’en soit le prix, le président sortant a dû récemment prendre en compte le revirement de l’opinion sur sa gestion de la guerre dans ce pays. Plus de la moitié des Américains sont en effet mécontents de l’intervention militaire en Irak où aucune arme de destruction massive n’a été trouvée mais où un millier de soldats ont perdu la vie. La majorité d’entre eux estiment même que cette guerre était une erreur.

Du coup, si le président sortant entend toujours convaincre ses compatriotes que leur sécurité dépend de la lutte contre le terrorisme et que le meilleur homme pour la mener c’est lui, il a reconnu qu’il avait fait «une mauvaise évaluation des conditions» en Irak après la guerre. Ce qui ne l’empêchera pas une nouvelle fois d’affirmer que, quoi qu’il en soit, le monde est plus sûr aujourd’hui qu’il ne l’était avant les interventions militaires en Afghanistan et en Irak. Le choix d’organiser la convention au cœur de Manhattan à New York, une ville traditionnellement plutôt démocrate -même si le maire Michael Bloomberg a été élu sous la bannière républicaine-, s’inscrit dans cette logique. Il est destiné à rappeler que ce sont les attentats du 11 septembre 2001 qui ont justifié la politique interventionniste américaine et l’isolement sur la scène internationale qui en a résulté.

Si la sécurité et la lutte contre le terrorisme sont des piliers incontournables du programme de George W. Bush, ces deux thèmes doivent dorénavant être maniés avec prudence par le président sortant car le bilan de son action ne fait plus l’unanimité. Ils ne peuvent, d’autre part, pas occulter totalement les questions économiques et sociales sur lesquelles John Kerry a largement attaqué son adversaire. Pour séduire les électeurs, George W. Bush devrait proposer dans ces domaines de nouveaux allègements fiscaux mais aussi défendre son plan pour accroître l’indépendance énergétique, actuellement bloqué par le Congrès, ou expliquer les mesures qu’il envisage en matière de d’épargne-santé et de retraite.

Moment majeur de la campagne électorale, la convention républicaine qui suit à un mois d’intervalle celle des démocrates organisée à Boston, va placer New York sous haute sécurité. Pour que le show politico-médiatique républicain puisse se dérouler sans souci, 37 000 policiers ont été mobilisés. Les seuls alentours du Madison Square Garden doivent être surveillés par 10 000 d’entre eux. Le dispositif a fait de New York, selon son maire, «la ville la plus sûre» du pays. Toutes ces précautions doivent assurer la sécurité des participants et des habitants de la ville, mais aussi éviter les débordements lors des nombreuses manifestations de protestation contre la politique de George W. Bush prévues à New York à l’occasion de la convention républicaine.



par Valérie  Gas

Article publié le 29/08/2004 Dernière mise à jour le 29/08/2004 à 09:00 TU