Chronique Médias
Oui un sondage BVA-Libération qui a été publié lundi à l’occasion de l’ouverture de l’université d’été de la communication à Hourtin. Il montre qu’une très grosse minorité de Français, 40%, ont le sentiment que la qualité de l’information s’est dégradée dans les médias. Cela affecte notamment les journaux et, dans une moindre mesure les radios ; la télévision arrivant pour la première fois au premier rang des médias en termes de fiabilité de l’information.
Alors bien sûr, il faut préciser que ce sondage a été réalisé à la suite du scandale survenu en juillet d’une fausse agression d’une jeune mythomane dans le RER en région parisienne. On avait, à ce moment là, assisté à un véritable emballement médiatique, la plupart des journaux rivalisant de commentaires indignés sur la passivité des témoins, parlant de lâcheté française, face aux faits de violence décrits par la jeune victime imaginaire. Les personnes sondées sont 73% à déclarer que les médias n’ont pas été suffisamment prudents dans le traitement de cette affaire qu’ils jugent encore plus sévèrement que les accusations portées à Outreau contre des présumés pédophiles, finalement innocentés, ou que la mise en cause initiale de l’ETA dans les attentats du 11 mars à Madrid.
Ce qui est intéressant, c’est qu’on retrouve dans le cas de Marie L, la jeune mythomane, la plupart des ingrédients qui explique les dérapages de Madrid ou d’Outreau. Il y a d’abord l’importance de la caution du pouvoir politique. C’est en partie parce que Jacques Chirac a réagi vivement à la suite de la révélation de ce faux témoignage d’agression par l’AFP que la machine médiatique s’est emballée, les journalistes trouvant là matière à illustration sur l’antisémitisme en France. De la même façon, c’est le gouvernement Aznar qui était à l’origine de la désignation de l’ETA après les attentats du 11 mars.
Quant à Outreau, eh bien l’affaire Marie L emprunte des effets de mise en scène comme s’il fallait se démarquer des faits – une jeune femme affirme que, des personnes sont accusées de – et endosser les allégations pour mieux en souligner l’horreur. Résultat, c’est le média les plus éloigné du commentaire, la télévision, qui s’en sort le mieux car l’image au moins elle, en principe, ne ment pas. Citons également Internet qui apparaît de plus en plus comme un média alternatif face aux grandes voix officielles.
Et une initiative originale a été présentée cette semaine à Hourtin, c’est l’idée d’une norme de qualité pour les médias audiovisuels…
Oui, c’est l’initiative d’un organisme international, Certimedia, qui vient de concevoir une norme de qualité baptisée Isas BC 9001 et qui s’inspire d’un standard célèbre dans les entreprises, la norme Iso 900. De quoi s’agit-il ? Eh bien en quelque sorte d’adapter aux médias les règles assurant la qualité des produits et des services dans 160 000 entreprises de par le monde. Il s’agit d’assurer la satisfaction des téléspectateurs, la qualité de l’information ou le respect de règles éthiques. Bien sûr, il est peu probable qu’une telle norme permettra d’éviter tous les dérapages mais il s’agit d’élaborer des processus de qualité. Selon cet organisme, c’est d’autant plus important que les annonceurs sont à la recherche de supports fiables pour communiquer sur leurs produits . Et c’est essentiel pour les lecteurs, les auditeurs ou les téléspectateurs qui sont 69%, selon le sondage BVA-Libération, à s’inquiéter de la concentration dans les médias. Or, comme semble le montrer l’arrivée de Dassault dans le Figaro ou l’expérience Berlusconi en Italie, la concentration des médias se traduit souvent par une instrumentalisation de l’information.
par Amaury de Rochegonde
[28/08/2004]
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