Sommet européen
Compromis sur la nouvelle Commission
(Photo : AFP)
La balle était dans le camp de l’Italie. Depuis l’annonce du retrait de la candidature de Rocco Buttiglione, le membre le plus controversé de la première équipe proposée par José Manuel Durão Barroso, Rome n’avait pas encore tranché sur le nom de son successeur. Quelques heures avant l’ouverture du sommet qui réunit les dirigeants des Vingt-Cinq à Bruxelles, les 4 et 5 novembre, le porte-parole du président de la future Commission européenne avait déclaré que l’annonce de la composition de la nouvelle instance dépendait «de la vitesse à laquelle le gouvernement italien (serait) en mesure de présenter formellement un nouveau candidat». La situation s'est rapidement débloquée puisque, dès jeudi, un accord a été trouvé sur le nom de Franco Frattini, l'actuel chef de la diplomatie italienne.
Du coup, José Manuel Durao Barroso a pu annoncer les noms et les attributions des nouveaux candidats retenus pour faire partie de la Commission.Outre Rocco Buttiglione, plusieurs autres personnalités posaient en effet problème. Parmi elles, la Lettone Ingrida Udre disparait de l'équipe remaniée. Elle est remplacée par un ancien ministre, Andris Piebalgs. Par contre, les candidats des Pays-Bas (Neelie Kroes), du Danemark (Mariann Fischer Boel) et de la Hongrie (Laszlo Kovacs), eux aussi critiqués par les eurodéputé, restent en place. Le seul changement concerne Laszlo Kovacs qui laisse le portefeuille de l'Energie et prend celui de la Fiscalité. Reste maintenant à présenter, vendredi, cette équipe aux chefs des groupes politiques du Parlement, présents à Bruxelles, pour s'assurer que les députés acceptent les modifications apportées. Les nouveaux candidats devront ensuite passer des auditions devant les parlementaires avant l'organisation du vote d'investiture à Strasbourg. L'objectif est de procéder à cette dernière étape au plus vite, vraisemblablement lors de la prochaine séance plénière de l'assemblée qui doit se tenir entre le 15 et le 18 novembre.
Iyad Allaoui invité à un déjeuner de travail
Au-delà de ces tractations menées en marge du sommet, les chefs d’Etat et de gouvernement ont prévu d’examiner le rapport rédigé par l’ancien Premier ministre néerlandais Wim Kok sur l’état de l’économie dans les pays de l’Union européenne. Ce document insiste sur le retard accumulé par rapport aux objectifs de la «stratégie de Lisbonne», qui vise à faire de cette zone la plus compétitive dans le monde d’ici six ans. Et le Néerlandais met en garde : «A mi-chemin de 2010, le panorama général est très mitigé et il y a beaucoup à faire pour éviter que Lisbonne ne devienne synonyme d’objectifs manqués». Dans le cadre de cette même discussion sur l’économie, le président français et le chancelier allemand, Jacques Chirac et Gerhard Schröder, doivent présenter un «pacte européen pour la jeunesse», préparé avec le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero et le Premier ministre suédois Goeran Persson destiné à préparer la révision des objectifs de Lisbonne pour la croissance, le progrès social et la protection de l’environnement. Les dirigeants doivent, d’autre part, adopter un plan de cinq ans destiné à réduire l’immigration en provenance des pays d’outre-Méditerranée.
Au-delà des politiques internes, le sommet de Bruxelles doit aussi permettre la concertation des dirigeants sur les questions internationales. Et notamment sur la situation en Irak. Le Premier ministre de ce pays, Iyad Allaoui, est d’ailleurs invité, vendredi 5 novembre, à un déjeuner de travail au cours duquel les modalités de l’engagement des Européens dans la préparation des élections irakiennes seront examinées, dans la perspective de la conférence sur l’Irak qui doit avoir lieu à Charm el-Cheikh les 22 et 23 novembre. Les membres de l’Union européenne envisagent, en effet, d’octroyer une aide financière accrue (30 millions d’euros) pour aider la mise en œuvre du processus électoral et de passer avec l’Irak un accord de coopération commerciale. Ils désirent néanmoins rester prudents dans cette démarche et conditionnent leur engagement à la situation de la sécurité dans le pays. Une mission d’experts doit d’ailleurs être envoyée sur place pour l’évaluer.
Le sommet de Bruxelles est, d’autre part, la première rencontre organisée entre les dirigeants de l’Union depuis la réélection de George W. Bush à la Maison Blanche. La victoire du candidat républicain sera certainement au centre de leurs discussions. Dès l’annonce des résultats de l’élection présidentielle américaine, les Européens ont d’ailleurs réaffirmé à tour de rôle leur attachement au «lien transatlantique». Jan Peter Balkenende, le Premier ministre néerlandais qui assure la présidence de l’Union européenne, a ainsi estimé que les Américains et les Européens sont des «partenaires naturels et indispensables» et que leurs liens sont «vitaux au maintien de la paix dans le monde sur la base de principes et de valeurs partagées». Il s’est aussi dit «confiant» dans le fait que la relation entre l’Europe et les Etats-Unis «sera approfondie et renforcée sous la nouvelle administration».
Article publié le 04/11/2004 Dernière mise à jour le 05/11/2004 à 13:17 TU