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Ukraine

Vers un nouveau scrutin, laborieusement

Supportrice du chef de l'opposition ukrainien Viktor Iouchtchenko. 

		(Photo: AFP)
Supportrice du chef de l'opposition ukrainien Viktor Iouchtchenko.
(Photo: AFP)
La Cour suprême ukrainienne a repoussé de quelques jours sa décision sur la validité de l’élection présidentielle, tandis que le pouvoir sortant semble désormais admettre l’idée d’un nouveau scrutin. Pendant ce temps des appels à la sécession de l’Est du pays ont été lancés.

Il faudra encore patienter quelques jours pour savoir ce que pense la Cour suprême ukrainienne de l'élection présidentielle entâchée d'irrégularités, selon l'opposition. Lundi matin, sous la pression d’une opinion publique toujours très mobilisée, 21 juges (sur la centaine que compte l’assemblée) se sont réunis pour examiner la validité du second tour de l’élection présidentielle vivement contestée du 21 novembre. Ils ont demandé au Premier ministre et à la commission électorale de leur fournir, d’ici mardi 10 heures, certains documents relatifs aux réclamations déposées par l’opposition. D’ici là, le débat va continuer d’enflammer les esprits d’une opinion publique soumise à de nombreuses informations contradictoires, et parfois inquiétantes.

Depuis 48 heures, en effet, le spectre de la partition s’est invité dans le débat. L’éclatement du pays est désormais ouvertement évoqué par les partisans du Premier ministre Viktor Ianoukovitch, candidat du pouvoir sortant, également soutenu par le Kremlin qui livre sa propre bataille, en coulisses, pour ne pas perdre son influence sur le voisin. Face à une perspective toujours incertaine, les enchères sont montées : des appels ont été lancés dans l’est du pays, bastion traditionnel de Ianoukovitch, région industrielle, minière et russophone, pour une division de l’UIkraine. Le Sud, ouvert sur la mer Noire et base navale stratégique de la flotte russe, est également concerné par ce mouvement encouragé par la fraction la plus nationaliste des classes politique ukrainienne et russe.

Cette hypothèse est rejetée par la plupart des observateurs engagés dans la résolution de la crise, notamment au sein de l’Union européenne et de l’organisation militaire occidentale OTAN où l’on manifeste son attachement à l’intégrité territoriale du pays et préconise la poursuite du dialogue.

« Les forces armées resteront garantes de l’intégrité territoriale »

Mais, à mesure que le temps passe, et que le face à face entre opposants et tenants du pouvoir en place se poursuit, les esprits s’échauffent. Jusqu’à présent, les Ukrainiens ont fait preuve d’un sang-froid remarquable et le mouvement n’a pas connu de dérapages graves. On signale néanmoins des incidents dans l’est du pays, où des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et des journalistes ont été malmenés, à Louhansk, par une vingtaine de personnes. Selon les victimes, l’attaque a fait 15 blessés. La police déclare qu’il y en a eu deux. Selon un membre de l’opposition, les forces de l’ordre ne sont pas intervenues.

En tout cas le ministre ukrainien de la Défense n’envisage pas d’assister l’arme au pied à l’éclatement de son pays. Dans un communiqué, Olexandre Kouzmouk a estimé que « les appels à changer le statut administratif et territorial du pays sont particulièrement inquiétants ». « Peu importent les circonstances, les forces armées ukrainiennes resteront garantes de la stabilité, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale » de l’Ukraine, ajoute le communiqué.

Le président sortant, Léonid Koutchma, a également apporté sa contribution à la diffusion de nouvelles inquiétantes en déclarant lundi que la ruine menaçait. « Encore quelques jours et le système financier pourrait s’écrouler comme un château de cartes, et ni le président, ni le gouvernement ne pourraient en être tenus pour responsables », a déclaré M. Koutchma.

Le Kremlin s’en tient à la stricte légitimité constitutionnelle

Mais, bien qu’il ne concède toujours rien à ses adversaires, le président Koutchma a indiqué mardi soir qu’il pourrait se ranger en faveur d’un nouveau scrutin. « Si nous voulons vraiment préserver la paix et le consensus, et construire cette société juste et démocratique dont nous parlons tant mais à laquelle nous ne sommes pas parvenus par les voies légales, ayons donc de nouvelles élections », a-t-il dit dans une déclaration qui semble traduire à la fois son dépit et sa lassitude.

Interrogé sur la perspective d’un nouveau décompte des voix et de la tenue d’un troisième scrutin, officiellement le Kremlin s’en tient strictement à la légitimité constitutionnelle. Le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que « la Russie se prononce pour que toutes les questions se règlent dans le cadre de la constitution et de la législation ukrainienne ».

A l’extérieur, le soutien des capitales occidentales aux opposants est intact. Elles appellent à de nouvelles élections, tout en veillant à ménager Moscou. A Londres, le ministre des Affaires étrangères, Jack Straw, considère que l’élection présidentielle n’a été « ni libre ni équitable », tandis que l’ancien chef de la diplomatie française, Hubert Védrine, redoute « un éventuel sujet d’affrontement entre les Etats-Unis et la Russie ».



par Georges  Abou

Article publié le 29/11/2004 Dernière mise à jour le 29/11/2004 à 17:48 TU

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Correspondante à Vilnius

«Les Lituaniens soutiennent l'Ukraine parce qu'ils se rappellent leur propre lutte pour la démocratie il y a tout juste 15 ans.»

[29/11/2004]

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