Revue de presse internationale
Depuis Washington, en première page du Herald Tribune, il est observé que jamais, au cours de son premier discours martial, le nouveau président Bush n'aura prononcé les mots «Irak, Afghanistan, 11 septembre, ni terrorisme» ! Et pourtant - souligne France Soir également en Une - il «veut mettre un terme à la tyrannie universelle». Sur la splendide photo de gerbes d'étincelles striant la nuit américaine au-dessus de la Maison-Blanche, Libération note : «60 millions de dollars sont partis en fumée hier, pour les cérémonies d'investiture» d'un Bush ici traité de «pompier planétaire». «Feux d'artifice à Washington, désespoir dans le monde» : c'est le titre de l'éditorial du Guardian ce matin. Selon ce confrère, «les contrastes entre ce déchaînement de triomphalisme et le monde réel sont aussi grands que le continent américain». Le Daily Mail se demande, toujours à Londres, si George Bush «peut être à la hauteur du défi actuel. Il veut se battre, en libérateur mondial, pour la démocratie dans chaque pays». Mais comment cette vision «sera t-elle mise en oeuvre ? Au moyen du débat et de la diplomatie ? Ou avec des avions furtifs et des missiles». Le Daily Telegraph s'interroge également sur la collision entre les belles paroles et le réel. Tant «le vibrant plaidoyer du Président américain subit en Irak un test immédiat et cruel».
Le même Telegraph se voit officiellement démenti ce matin par les autorités londoniennes. La Grande-Bretagne faisant savoir que ses troupes resteraient en Irak aussi longtemps qu'il le faudrait. Washington n'ayant pas défini de «calendrier de retrait des troupes». D'après Les Dernières Nouvelles d'Alsace, «complètement ensablés entre le Tigre et l'Euphrate, les Américains sont (là bas) confrontés au problème le plus grave depuis le Vietnam. Trop peu nombreux pour sécuriser le pays, les soldats se terrent dans les bases, tandis que policiers et civils irakiens meurent dans la rue. Le terrorisme prend des proportions jusqu'alors inconnues. Les tueries quotidiennes ont depuis longtemps dépassé (en Irak) en nombre de victimes innocentes les terribles attentats du 11 septembre 2001 (et) même les plus fidèles des alliés - les Britanniques - sont incapables d'obtenir un calendrier de retrait des troupes ou des explications sur la stratégie suivie». La République du Centre insiste sur ce sentiment bushien «d'une mission pacificatrice quasi sacrée (telle) une ferveur messianique». Si bien que quatre ans après sa première investiture, «le fêtard intempérant et paresseux s'est transformé en parangon de vertu». Selon Le Républicain Lorrain, «des deux côtés de l'Atlantique, tout le monde a compris que ces quatre années d'autisme ne pouvaient plus durer. Les limites de la diplomatie du knout et du mépris» ont été franchies. «Après un premier mandat passé à rassembler ses alliés à coup de bottes dans l'arrière train, la Maison-Blanche souhaite décrisper la relation transatlantique. Ne serait-ce que pour mieux partager le fardeau irakien. Et faire avaler aux Européens les conséquences commerciales d'un dollar à son étiage». Il s'agit en somme de présenter «la liste des courses qu'on entend leur voir faire à l'hypermarché» !
Dans le camp adverse, observe Le Monde, après la défaite, «les démocrates (étatsuniens) sont à la recherche d'un projet et d'une stratégie». Avec ce genre d'interrogations : «Faut-il recentrer le parti ? Parler de Dieu ? Prendre la route du Sud ? du Midwest ? des banlieues ?». Côté «compagnons de route», ce journal livre quelques portraits. Exemple, «Michael Moore a changé de tête. Plus rien du col bleu à casquette ; un bouc et des cheveux bien taillés». Il estime que Bush a gagné parce qu'il avait «une meilleure histoire à raconter». Quant au milliardaire Soros, la revue conservatrice National Review l'a caricaturé en tee-shirt avec cette légende : «J'ai dépensé 27 millions et tout ce que j'ai gagné, c'est ce tee-shirt nul». Enfin, pour clore ce chapitre, «la finance américaine championne des profits. En 2004, les cinq premières banques américaines ont engrangé 48 milliards de dollars de bénéfices» : c'est La Tribune qui le clame en première page.
Coup de semonce
«Mobilisation réussie» des fonctionnaires hier en grève et dans la rue : ce n'est pas le titre de L'Humanité, mais des Echos. Le quotidien communiste soulignant, lui, au-delà du malaise, «la détermination des salariés de la fonction publique à ne pas se laisser soigner à coup de saignée, aussi bien pour leurs salaires que pour les emplois». Concernant l'éducation, l'éditorialiste du Figaro considère qu'«au fond, l'échec est commun : pas plus que les braillements syndicaux, les espérances gouvernementales ne sont encore parvenues à bouger le bazar éducatif et à écorner la nomenklatura écolière». Et pourtant les dépenses scolaires, «parmi les plus élevées du monde, ont crû ces dix dernières années de 24%, alors que les autres dépenses de l'Etat n'augmentaient que de 7%». Ce qui d'après le confrère, «prouve combien est massif l'effort du pays, (sans) être payé de retour. C'est dire que nombre de professeurs oublient un des principes républicains qu'ils enseignent à leurs élèves : celui qui bénéficie de droits a aussi des devoirs». En tout cas, Ouest France prie «Jean-Pierre Raffarin (de ne pas) prendre à la légère ce sévère coup de semonce (qui) signifie que le secteur public sédimente actuellement un mécontentement fort et durable». Est ici redouté «le risque que le gouvernement ne soit tétanisé par les menaces. Renvoyant aux calendes la nécessaire réforme de la fonction publique. Ou plutôt faisant semblant de la mener à terme».
Enfin, la revue Sciences de ce vendredi assure qu'un changement climatique aurait provoqué «la grande extinction des espèces il y a 250 millions d'années». Ces paléontologues concluent que la disparition de 90% des espèces marines et de 75% de la flore et de la faune terrestre aurait résulté d'un réchauffement dû à un effet de serre créé par des éruptions volcaniques.
par Alain Masson
[21/01/2005]
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