Quelque un million et demi d’électeurs centrafricains se rendent aux urnes ce dimanche pour des élections présidentielle et législatives groupées censées mettre un terme à la domination des militaires et réorienter le pays vers la démocratie. Des observateurs internationaux de l’Union européenne et l’Organisation internationale de la francophonie surveilleront ce scrutin pour lequel le président sortant, le général François Bozizé –arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat qui a renversé Ange-Félix Patassé–, part favori parmi les onze candidats en lice.
Pour ce premier tour des élections générales centrafricaines, censé marqué la fin de la transition mise en place depuis la prise de pouvoir du général Bozizé le 15 mars 2003, les électeurs auront à désigner un nouveau chef d’Etat et leurs représentants à l’Assemblée nationale. Même si le président sortant part favori, le scrutin pour la magistrature suprême s’annonce serré et l’ancien dirigeant André Kolingba pourrait contraindre son rival à un second tour. Cet ancien chef d’Etat-major de l’armée de terre, qui s’était emparé du pouvoir en 1981, vivait en exil en France depuis l’élection présidentielle de 1993 qu’il avait perdue face à Ange-Félix Patassé. Il avait été acclamé à son retour à Bangui le 28 février dernier par de nombreux partisans. Avec l’ancien Premier ministre Martin Ziguélé, rentré lui aussi d’exil le même jour et dans le même avion que lui, il est l’un des principaux rivaux de François Bozizé. Les chances des autres candidats apparaissent en effet des plus réduites
Les électeurs centrafricains devront également choisir parmi quelque 900 candidats –dont 152 femmes– leurs représentants à l’Assemblée nationale. Ce scrutin est primordial dans la mesure où le nouveau chef de l’Etat devra désigner un Premier ministre, qui sera doté de pouvoirs non négligeables, au sein de la formation majoritaire au parlement. Le chef de l’exécutif est notamment chargé par la Constitution de «diriger la politique de la nation» et il peut être susceptible de limiter les pouvoirs du président en cas de «cohabitation».
Les Centrafricains disent attendre beaucoup des ces élections qui, espèrent-ils, mettront enfin fin à plus de vingt ans de gestion mafieuse et de crises politico-militaires qui ont détruit toutes les infrastructures économiques du pays. Peuplé de quelque 3,9 millions d’habitants, la République centrafricaine est l’un des pays les plus pauvres au monde avec un revenu annuel de 260 dollars par habitant, selon la Banque mondiale. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) chiffre, quant à lui, à deux tiers de la population, les Centrafricains qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. L’espérance de vie y est de trente-neuf an et demi et plus d’un enfant sur dix meurt avant l’âge de cinq ans. Dans le classement de l’Indice de développement humain, la Centrafrique occupe le 169
ème rang sur 177.