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Côte d'Ivoire

Pretoria accueille la rencontre de la dernière chance

Le président sud-africain Thabo Mbeki et son homologue ivoirien, Laurent Gbagbo, le 3 décembre, au palais présidentiel d'Abidjan.(Photo: AFP)
Le président sud-africain Thabo Mbeki et son homologue ivoirien, Laurent Gbagbo, le 3 décembre, au palais présidentiel d'Abidjan.
(Photo: AFP)
Un sommet crucial se tient dimanche et lundi à Pretoria. Alors que les deux camps fourbissent leurs armes, les principaux protagonistes de la crise ivoirienne vont se retrouver ensemble pour tenter de trouver un accord, sous l’égide du médiateur mandaté par l’Union africaine, le président sud-africain Thabo Mbeki.

De notre correspondante en Afrique du Sud

Les discussions rassembleront le président ivoirien Laurent Gbagbo, le Premier ministre Seydou Diarra, le président du Rassemblement des républicains (RDR) Alassane Ouattara, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) l’ex-chef d’Etat Henri Konan Bédié, et, last but not least, le leader du mouvement rebelle des «Forces Nouvelles» (FN) Guillaume Soro. Alors que les chancelleries craignent une reprise imminente de la guerre civile (vendredi, la Grande-Bretagne a appelé ses ressortissants à quitter le pays), la rencontre de Pretoria apparaît comme cruciale. Elle intervient à la veille de la réunion, lundi, du conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) qui doit se prononcer sur le renouvellement du mandat des 4 000 militaires français de l'opération Licorne (dont le départ est souhaité par le parti du président Gbagbo) et des 6 000 casques bleus de l'Opération des nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci). L’Afrique du Sud refuse toutefois de parler de sommet de la dernière chance. «Il n’y a pas de date fatidique. Nous devons conduire les négociations jusqu’à leur conclusion logique. Ce que nous recherchons est un engagement clair à respecter la feuille de route, adoptée en décembre», a expliqué Ronnie Mamoepa, le porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères.

Alors que la France a encore souligné, en début de semaine, que le temps pressait, le ministre-adjoint sud-africain aux Affaires étrangères, Aziz Pahad, a plaidé la patience, devant le conseil de sécurité des Nations-unies : «L’Union africaine et les Nations-unis ont une obligation de rechercher une solution à la crise ivoirienne en gardant la tête froide et en résistant à la tentation d’arriver à des solutions à court terme, qui masquent les vrais problèmes». Pour aboutir à un accord à long terme, il faudra résoudre plusieurs questions, comme «la nationalité, les droits politiques, la question de la terre et de la coexistence dans une société multiculturelle, multiethnique et multireligieuse».

Les sanctions en dernier recours

L’Afrique du Sud estime, dès lors, que la solution des sanctions ciblées (prévues par la résolution du conseil de sécurité de l’Onu votée en novembre 2004) contre ceux qui s’évertuent à paralyser le processus de paix, ne doit être utilisée qu’en dernier recours : «Cette crise ne peut pas être résolue sur la base de l’exclusion ou de la marginalisation d’un des acteurs dont la Côte d’Ivoire a besoin pour arriver à un accord durable», a encore souligné Pahad.

Dans son invitation aux cinq protagonistes, Thabo Mbeki insiste sur le fait que les élections législative et  présidentielle devront bien avoir lieu en octobre prochain et être ouvertes à «tous ceux qui veulent être candidats», quoiqu’en pensent les radicaux du camp Gbagbo. «Il est vital d’opérer sur la base du principe de l’inclusion, plutôt que l’exclusion, qui est au cœur de la crise ivoirienne», ajoute Aziz Pahad. Un des enjeux de la réunion de Pretoria sera de trouver un compromis concernant l’organisation (voulue par le Président Laurent Gbagbo), ou non, d’un référendum sur la modification de l'article de la Constitution qui définit les conditions d'éligibilité à la présidence de la République.

L’autre point clé est d’obtenir un engagement ferme des rebelles à procéder au désarmement. Le médiateur sud-africain croit à la bonne-foi des «Forces Nouvelles», qui disent être prêtes à engager le processus (qui aurait dû commencer il y a un an). Mais les camps de démobilisation ne sont pas prêts dans le nord et les rebelles demandent qu’ils soient sécurisés par des renforts des Nations unies (qui pourraient provenir d’Afrique du Sud, sous l’égide de l’ONU). Le gouvernement doit aussi adopter un plan d’intégration de la nouvelle armée ivoirienne.

Par ailleurs, un plan de sécurisation de la ville d’Abidjan va être présenté, dimanche, pour permettre le retour des ministres des FN dans le gouvernement de réconciliation nationale. Le Sommet se penchera également sur un point moins litigieux, le rapport juridique sur la conformité des lois votées en décembre 2004 avec les accords de Marcoussis et Accra. Le rôle des Nations unies dans l’organisation des élections devrait également être discuté.


par Valérie  Hirsch

Article publié le 02/04/2005 Dernière mise à jour le 02/04/2005 à 20:09 TU