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Prises d’otages en Irak

Le rapt, une industrie florissante

Florence Aubenas et Hussein Hanoun enlevés depuis le 5 janvier en Irak.(Photos : <A href="http://www.rsf.org" target=_BLANK>www.rsf.org</A>)
Florence Aubenas et Hussein Hanoun enlevés depuis le 5 janvier en Irak.
(Photos : <A href="http://www.rsf.org" target=_BLANK>www.rsf.org</A>)
Dans l'Irak en guerre, la prise d'otage est une industrie en plein essor. Le phénomène est apparu au lendemain de la chute du régime et a touché en grande majorité des Irakiens, de tous les sexes, de tous les âges. La prise d'otage est devenue une activité très lucrative pour les groupes mafieux, en liberté depuis octobre 2002, quand Saddam Hussein avait vidé ses prisons. Mais c'est également un mode de financement de la guérilla.

Les gangs s'en prennent aux notables, médecins, avocats, universitaires, commerçants ainsi qu'à toute personne susceptible de payer. Les rançons peuvent aller de quelques milliers de dollars à des dizaines ou des centaines de milliers selon le degré de prospérité du kidnappé. Au point que les Irakiens évitent d'afficher tout signe ostensible de richesse pour éviter les convoitises.

Dans ce trafic humain, les étrangers sont très recherchés. Près de 150 ont été kidnappés depuis la chute du régime baassiste et environ vingt d'entre eux sont toujours séquestrés ou portés disparus.

Il y a toute une catégorie de «fixeurs» qui comme Hussein Hannoun Al Saadi étaient officiers dans l'armée irakienne. Après le démantèlement de l'armée par Paul Bremer en mai 2002, ils se sont reconvertis dans l'assistance à journalistes étrangers, fort de leurs connaissances des langues étrangères et des réseaux dont ils disposent en tant qu'anciens officiers. On sait maintenant que Hussein Hannoun et  un ou deux de ses collègues avaient aidé à la libération de Christian Chesnot de Georges Malbrunot. Ainsi, un de leurs ravisseurs avait été conduit à l'ambassade de France par Hussein Hannoun.

Quoi qu'il en soit, ces « fixeurs» au passé militaire semblent aujourd'hui de moins en moins enclins à travailler avec des journalistes étrangers... Le risque est trop grand et les ravisseurs qu'ils soient politiques ou mafieux semblent être beaucoup moins indulgents avec ces Irakiens qu'ils peuvent considérer comme des traîtres.

Ne pas donner d’idées…

Si on ne sait jamais ce qui s'est vraiment passé, c'est tout d'abord pour ne pas donner des «idées» ou de «mauvaises idées » à des personnes malveillantes qui pourraient ainsi être tentées de prendre de nouveaux otages. C'est en particulier pour cela qu'on ne sait jamais si une rançon a été ou non versée.

Dans son carnet de bord des 157 jours de détention de Florence Aubenas et Hussein Hannoun, Libération mentionne un intermédiaire-clé surnomme «l'Imprécateur» – en raison des diatribes, des hurlements et des menaces qui accompagneront chacune de ses manifestations... Cet imprécateur, donc, a été l'un des premiers à avoir contacté les autorités françaises –dès janvier– pour présenter des exigences qualifiées d'exorbitantes.

L'imprécateur aurait obligé Florence à tourner plus de six vidéos et a été mêlé à la libération des otages roumains le 22 mai. L'Imprécateur a tenté de négocier par l'intermédiaire de l'entourage du député français Didier Julia dont un certain K., franco-tunisien.

En mai, Jacques Chirac confie à la famille de Florence que «Didier Julia et ses hommes pourrissent la situation».Ce n'est que début juin que l'espoir se concrétise pour aboutir à cette libération le 11 juin et ce retour en France le lendemain, dimanche.


par Farida  Ayari

Article publié le 13/06/2005 Dernière mise à jour le 13/06/2005 à 15:31 TU

Audio

Hervé de Charette

Ancien ministre français des Affaires étrangères, secrétaire national de l'UMP aux relations internationales et député

«La prudence dans les informations et les révélations, je pense que c'est le B.A BA du bon gouvernement.»

Luca Niculescu

Correspondant RFI à Bucarest

«Apparemment les informations fournies par les ex-otages roumains, concernant Florence, ont permi aux négociateurs français d'avancer beaucoup plus vite dans ce dossier.»

Patrick Sabatier

Un responsable de la rédaction de «Libération»

«Tous ces individus qui sont ou étaient liés à Philippe Brett et Didier Julia, nous ont contactés pour nous informer de ce qu'ils faisaient.»

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