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Irak

L’ambassadeur égyptien exécuté

Vidéo montrant le chargé d’affaire égyptien, Ihab al-Chérif enlevé puis assassiné par une branche d’al-Qaïda en Irak.(Photo : AFP)
Vidéo montrant le chargé d’affaire égyptien, Ihab al-Chérif enlevé puis assassiné par une branche d’al-Qaïda en Irak.
(Photo : AFP)
La branche irakienne d’al-Qaïda, celle du Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, revendique l’assassinat du chargé d'affaires égyptien Ihab al-Chérif enlevé le 2 juillet dernier à Bagdad. Le chef de la mission diplomatique égyptienne s'apprêtait à devenir l'ambassadeur de son pays en Irak. Les condamnations sont unanimes.

Après un long silence, les autorités égyptiennes ont finalement confirmé la nouvelle. Le chargé d’affaires égyptien Ihab al-Chérif qui devait devenir le prochain ambassadeur égyptien en Irak a bien été assassiné, jeudi 7 juillet, par ses ravisseurs liés au réseau d’al-Qaïda. Dans un communiqué diffusé sur Internet, la section irakienne d’al-Qaïda en Mésopotamie dirigée par le Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, annonce son exécution pour «servir un régime infidèle et être lui-même affilié aux juifs et aux croisés».

Ce texte de revendication reproche également à l’Egypte d’être le premier pays arabe à avoir «envoyé un ambassadeur en réponse aux ordres des croisés» et d’avoir «donné son accord pour la formation de cadres de l'armée et de la police» irakiennes, référence à l'aide fournie par le Caire dans ce domaine. Ce communiqué était accompagné d’une vidéo montrant le diplomate, les yeux bandés, rappelant les différentes étapes de sa carrière, et notamment ses années passées à l'ambassade d'Egypte en Israël entre 1999 et 2003.

Plusieurs personnes prises en otages en Irak ont été assassinées par leurs ravisseurs mais c’est la première fois qu’un diplomate est tué depuis la vague de rapts au printemps 2004 en Irak. Pourtant, tout avait été mis en œuvre pour obtenir la libération du diplomate. Le Caire avait même reçu l'appui des autorités religieuses égyptiennes. Le cheikh d'al-Azhar, Mohammed Sayed Tantaoui, la plus haute autorité de l'Islam sunnite, avait appelé dans un message télévisé à relâcher l'ambassadeur «au nom de l'Islam».

Les diplomates, la nouvelle cible

Ihab al-Chérif a été enlevé, samedi 2 juillet dans la soirée, dans une rue commerçante de Bagdad, tout près de son domicile, alors qu’il achetait le journal. Ce fonctionnaire de 51 ans, père de deux enfants, avait coutume de se déplacer seul dans la capitale irakienne sans protection rapprochée. Une situation très risquée, car après les enlèvements de journalistes occidentaux, les diplomates en poste à Bagdad sont désormais les nouvelles cibles de la guérilla irakienne.

Mardi, le chargé d’affaires de Bahreïn en Irak, Hassan al-Ansari, a été blessé dans une tentative d’enlèvement. Le même jour dans le même secteur, l’ambassadeur du Pakistan en Irak, Younis Khan est sortie indemne d’une attaque armée contre sa voiture. Dimanche dernier, c’est le véhicule de l’ambassadeur de Russie en Irak, Vladimir Chamov, qui a été attaqué sur la route de l’aéroport. Après ces différentes attaques contre des représentants étrangers ces derniers jours, le gouvernement irakien a annoncé son intention d'offrir des escortes policières aux diplomates en poste à Bagdad.

L’Egypte qui a été le premier pays arabe à nommer un ambassadeur en Irak depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, a réagi fermement. «Cet acte terroriste ne nous dissuadera pas de poursuivre notre mission envers le peuple irakien», a déclaré le président Moubarak qui paie les conséquences de sa nouvelle diplomatie en Irak, mais aussi son rapprochement avec les Etats-Unis et Israël.

Les condamnations sont unanimes. Le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, a été l'un des nombreux responsables à dénoncer cet assassinat : «un acte barbare qu'aucune cause ne saurait justifier». Le patron de la Ligue arabe, l'Egyptien Amar Moussa a pour sa part tenu à rappeler que les meurtriers n’allaient pas «dicter l'agenda de l'action arabe en Irak». La Libye et l’Autorité palestinienne ont de leur côté condamné fermement «un acte terroriste et criminel odieux». L’Iran a également présenté ses condoléances à l’Egypte pour ce meurtre qualifié d’«exemple flagrant de terrorisme». Même constat du côté d’Israël qui y voit une «une nouvelle illustration de la cruauté du terrorisme» et «la nécessité d’une coopération internationale pour le combattre».


par Myriam  Berber

Article publié le 08/07/2005 Dernière mise à jour le 08/07/2005 à 15:31 TU