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Ouragan

Rita menace aussi le pétrole

Les plates-formes d'extraction pétrolières du golfe du Mexique ont été évacuées en vue de l'arrivée de Rita.(Photo: AFP)
Les plates-formes d'extraction pétrolières du golfe du Mexique ont été évacuées en vue de l'arrivée de Rita.
(Photo: AFP)
Les firmes pétrolières installées au Texas et dans le Golfe du Mexique ont pris le maximum de précautions pour éviter que l’arrivée de l’ouragan Rita, prévue dans la nuit de vendredi ou samedi matin, ne provoque un nouveau désastre. Si cette région où sont concentrées 27,5 % des capacités de raffinage des Etats-Unis était violemment touchée par le cyclone, que le Centre national des ouragans décrit comme «potentiellement catastrophique», la production de pétrole et l’approvisionnement en essence des Etats-Unis pourraient être compromis.

Les séquelles de Katrina ne sont pas encore effacées, loin s’en faut, et déjà un nouvel ouragan menace les Etats-Unis. L’arrivée de Rita, moins d’un mois après le cyclone qui a ravagé La Nouvelle-Orléans et a provoqué plus d’un millier de morts, représente une bien mauvaise nouvelle. Mais cette fois-ci, les autorités ont pris les devants pour assurer la sécurité des populations et limiter les dégâts matériels. Plus d’un million de personnes ont été évacuées des zones côtières du Texas et de la Louisiane. L’état d’urgence est d’ores et déjà décrété et les secours sont prêts pour intervenir au plus vite dès que l’ouragan sera passé.

Le président George W. Bush a compris la leçon de Katrina. Lui qui n’avait pas interrompu ses vacances alors que ce terrible cyclone frappait les côtes américaines, a décidé de se rendre au Texas, la région la plus menacée par Rita, à la veille de l’impact, pour vérifier l’état d’avancement des préparatifs. Il a aussi décidé de nommer un militaire, l’amiral Larry Hereth, pour mener les opérations sur le terrain. Le président devrait même se rendre, dès vendredi, au quartier général du commandement d’Amérique du Nord dans le Colorado, pour suivre l’évolution de la tempête et s’assurer de la bonne coordination des opérations d’assistance.

Les dernières prévisions des spécialistes estiment que Rita pourrait toucher une zone qui s’étend de Corpus Christi au Texas à Lake Charles en Louisiane. Après avoir atteint le degré 5, c’est-à-dire le plus élevé sur l’échelle qui permet de calculer la puissance des ouragans, Rita est redescendue à 4. Cela ne peut pas être considéré comme une bonne nouvelle puisque des vents soufflant jusqu’à 240 km/h pourraient néanmoins être enregistrés lorsque la tempête va toucher la terre. Sans parler des pluies diluviennes et des vagues de plusieurs mètres qui risquent de s’abattre sur les côtes.

Fermetures et évacuations

Face à cette menace, les compagnies pétrolières de la région se sont organisées pour limiter les risques de destruction de leurs infrastructures et assurer la sécurité de leurs employés. Toutes les firmes présentes dans la zone, comme ExxonMobil, BP, Shell, Marathon, Chevron, ont fermé leurs raffineries. Les personnels ont été évacués, notamment ceux qui travaillent sur les plates-formes offshore les plus exposées. Ces mesures ont eu pour première conséquence de réduire de 92 % la production de pétrole journalière dans le Golfe du Mexique. Les responsables sont conscients du fait que Rita peut provoquer des dégâts importants sur les installations tout comme l’avait fait Katrina. Mais ils espèrent néanmoins qu’ils seront plus limités car les raffineries de la côte du Texas sont situées au-dessus du niveau de la mer et sont donc moins exposées que ne l’étaient celles de Louisiane.

Si cette situation de paralysie devait se prolonger après le passage de l’ouragan en raison des destructions des infrastructures pétrolières ou d’une trop grande désorganisation générale de la région, les Etats-Unis se trouveraient de fait devant une situation très difficile. Le prix de l’essence à la pompe a déjà fait un bond. Il a augmenté de 47,3 % par rapport à l’année dernière et pourrait continuer à monter si les raffineries étaient dans l’incapacité de reprendre leurs activités, ce qui plaçerait les Etats-Unis en situation de pénurie. Le golfe du Mexique fournit, en effet, 29 % de la production intérieure de pétrole américaine.

Les experts internationaux craignent, d’autre part, qu’une immobilisation prolongée des installations américaines ne provoque une nouvelle hausse des cours du brut qui ne cessent de flamber depuis plusieurs mois. Les ministres des Finances des membres du G7, réunis à Washington vendredi, ont d’ailleurs fait part de leur inquiétude à ce sujet. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a, quant à elle, décidé de se réunir pour étudier l’impact de l’ouragan sur «l’approvisionnement» en pétrole et a annoncé que si cela était nécessaire, elle pourrait accepter de puiser dans ses réserves d’urgence pour éviter une nouvelle situation de rupture.


par Valérie  Gas

Article publié le 23/09/2005 Dernière mise à jour le 23/09/2005 à 17:43 TU