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Pakistan

Manifestations à Islamabad

Des formations anti-américaines manifestent contre le raid aérien sur le village de Damadola, au Pakistan, qui a tué des civils.(Photo : AFP)
Des formations anti-américaines manifestent contre le raid aérien sur le village de Damadola, au Pakistan, qui a tué des civils.
(Photo : AFP)
Des milliers de personnes ont manifesté dimanche leur colère à travers le Pakistan afin de protester contre un bombardement qui a tué 18 civils vendredi sans atteindre l'Egyptien Ayman al-Zawahiri, numéro 2 d'Al-Qaïda, la cible présumée. Samedi, le gouvernement pakistanais avait officiellement protesté contre la frappe américaine survenue dans une zone tribale du nord-ouest du Pakistan réputée abriter des militants du réseau terroriste.

Des milliers de Pakistanais sont descendus samedi dans les rues pour manifester, et des milliers, encore, dimanche. Depuis vendredi, la localité de Damadola est en deuil, et la colère soulève tout le pays : une vingtaine de morts, dont huit femmes et cinq enfants, ont été victimes d’un raid aérien américain effectué par des drones(avions sans pilote) de la CIA, armés de missiles. La zone tribale, située dans le nord-ouest du Pakistan, était censée abriter l'Egyptien Ayman al-Zawahiri, numéro 2 d'Al-Qaïda. Mais, « Ayman al-Zawahiri n'était pas là à ce moment », a assuré, sous couvert d’anonymat, un haut fonctionnaire pakistanais. « L'ambassadeur (Ryan Crocker) va être appelé au ministère des Affaires étrangères », a annoncé le ministre de l'Information, Sheikh Rachid Ahmed, regrettant la mort des civils dans le village proche de la zone tribale de Bajaur, à la frontalière de la province afghane de Kunar.

Oussama ben Laden et son lieutenant égyptien, Zawahiri, sont soupçonnés d'avoir trouvé refuge dans la zone frontalière du Pakistan où ils bénéficieraient de la protection des tribus pachtounes.  Tandis que des chaînes de télévision américaines affirmaient samedi que « Zawahiri [avait été] tué dans cette frappe », des sources proches des services de renseignements pakistanais confirmaient que, si « le bras droit » d’Oussama ben Laden -dont Washington a mis la tête à prix pour 25 millions de dollars- s’est effectivement déjà rendu dans la zone, il ne se trouvait pas dans le village visé par le raid. « Nous voulons assurer nos concitoyens que nous ne tolèreront plus de tels incidents », a déclaré Sheikh Rachid Ahmed, donnant lecture d'un communiqué dans lequel l'opération est jugée « hautement condamnable ».

A Karachi, quelque cinq milliers de manifestants

Les intrusions répétées de l'armée américaine suscitent la colère des Pakistanais. Des milliers de gens avaient manifesté samedi près de Damadola et incendié les locaux d'une organisation non gouvernementale financée par les Américains. Dimanche, la police tribale patrouillait dans la région afin de prévenir l'irruption de nouveaux troubles suite à un appel à des manifestations dans l’ensemble du pays par l'alliance des formations religieuses anti-américaines Muttahida Majlis-e-Amal (MMA) et par d'autres formations, non religieuses, comme celle des travailleurs du Mouvement Muttahida Qaumi (MQM), une coalition membre de l'alliance politique au pouvoir à Islamabad.

Dans le port méridional de Karachi, ville la plus peuplée du pays, cinq milliers de personnes ont manifesté, sous le mot d'ordre « Ne tuez pas des civils innocents ! ». « Tout ami de l'Amérique est un traître », « A bas l'Amérique ! », « Nos dirigeants sont des lâches et des vassaux de l'Amérique ! », scandaient les manifestants, en brandissant des banderoles dénonçant le « bombardement du Pakistan, résultat de la politique du président Pervez Musharraf » ou appelant à « Expulser les soldats terroristes américains du Cachemire et d'Afghanistan ». Allié stratégique des Washington dans la « guerre contre le terrorisme », Islamabad avait déjà protesté avec force auprès du contingent américain en Afghanistan après la mort de huit personnes, le week-end dernier, au Waziristan.

La chaîne de télévision Al Arabia a cité une source, en contact avec Al Qaïda, selon laquelle Zawahiri serait en vie. « Arrêtez de vous servir des soldats pakistanais pour tuer des Pakistanais dans des zones tribales », a lancé à la foule le responsable de la MMA, Ghafoor Haidri, appelant Islamabad à annuler la visite que doit effectuer l'ancien président américain George Bush père -en tant qu'émissaire des Nations unies sur l'aide apportée aux sinistrés du séisme du 8 octobre- « aussi longtemps que le gouvernement américain ne s'excusera pas ». Le gouvernement américain n'a fait aucun commentaire, mais des sources américaines bien informées ont estimé qu'il était trop tôt pour connaître le sort de Zawahiri, les dépouilles des morts devant d'abord être examinées avec précision.

par Dominique  Raizon

Article publié le 15/01/2006 Dernière mise à jour le 15/01/2006 à 16:42 TU