Bénin
Présidentielle : le deuxième tour sans attendre
(Montage : RFI)
Mathieu Kérékou aura fait durer le suspense au maximum. L’annonce de sa décision de maintenir l’organisation du deuxième tour de la présidentielle au dimanche 19 mars n’est intervenue que la veille, samedi 18, dans la matinée. Le président du Bénin est donc resté sur la position définie lors du conseil des ministres extraordinaire organisé le jeudi 16 mars, au lendemain de l’annonce des résultats officiels du premier tour. Il n’a finalement pas suivi l’avis de la Cour constitutionnelle qui avait proposé de reporter le scrutin à la date du 22 mars, à la demande de la Commission électorale nationale autonome (CENA). Celle-ci avait, en effet, mis en avant les difficultés inhérentes à l’organisation d’un deuxième tour aussi rapidement.
Imprimer les bulletins, les distribuer, mettre en place les bureaux de vote, tout cela prend du temps. Et malgré la grande répétition du premier tour, la commission avait estimé qu’un délai était nécessaire pour organiser le scrutin dans les meilleures conditions. Ces arguments n’ont visiblement pas suffi. Le président Kérékou auquel il revenait de trancher au bout du compte, a estimé qu’il n’y avait pas lieu d’autoriser ce délai supplémentaire. L’article 46 de la Constitution qui précise comment doit être organisé le second tour d’une élection présidentielle stipule uniquement que celui-ci doit avoir lieu «dans un délai de 15 jours», lorsque aucun candidat n’a obtenu la majorité absolue au premier tour. Ce sera bien le cas.
Une campagne réduite au strict minimum
Le président de la CENA, Sylvain Nouwatin, a regretté qu’il en soit ainsi. Mais il a néanmoins pris acte de la décision du chef de l’Etat et manifesté sa volonté de tout faire pour être prêt à l’ouverture des bureaux de vote, dimanche. «Nous avons pris toutes les dispositions pour que les bulletins de vote et le matériel électoral nous soient livrés et dès ce matin, nous avons lancé l’acheminement par camionnettes pour aller plus vite dans les différentes localités».
Dans ces conditions, la campagne pour le deuxième tour aura donc été réduite au strict minimum. Les deux adversaires qui se retrouvent en lice pour succéder à Mathieu Kérékou, lui-même dans l’incapacité de se représenter pour cause de limite d’âge, Boni Yayi et Adrien Houngbédji, n’auront eu que quelques jours pour affûter leurs aguments. Juste le temps de faire le tour des alliances possibles avec les 24 candidats malheureux du premier tour. Lors du scrutin du 5 mars, c’est Boni Yayi qui avait recueilli le plus grand nombre de suffrages (35,63%). Adrien Houngbédji avait, quant à lui, obtenu 24,12% des votes.
Boni Yayi incarne le renouveau sur la scène politique béninoise car il n’a jamais participé à un gouvernement. Ancien président de la Banque ouest-africaine de développement, il se présente, à 54 ans, en candidat indépendant. Face à lui, Adrien Houngbédji fait figure de vétéran. Le président du Parti pour le renouveau démocratique (PRD) en est en effet, pour sa part, à sa quatrième candidature à la présidentielle depuis l’instauration du multipartisme au Bénin en 1990. Et il a occupé plusieurs postes gouvernementaux. Les quelque quatre millions d’électeurs béninois doivent donc choisir lequel de ces deux candidats deviendra le prochain président, en se rendant aux urnes dimanche.
par valérie GAS, avec AFP
Article publié le 18/03/2006 Dernière mise à jour le 18/03/2006 à 15:56 TU