Revue de presse hebdomadaire
« Le mal gaulois », une formule de l’ABC de Madrid est analysée par la presse hors de l’Hexagone -et synthétisée par Courrier International. Si l’hebdomadaire Standard compare Sarkozy à Clinton, Newsweek voit en Villepin un « patriote économique » qui veut « réveiller la France ». A Rome, Il Foglio annonce « le crépuscule de Chirac », tout en s’interrogeant sur cette « vieille jeunesse, qui manifeste contre son avenir, sous le regard approbateur des mandarins ». Le correspondant en France de l’Observer londonien s’avoue « frappé par ce sentiment généralisé de menace extérieure et de crise intérieure, alors même que le pays est l’un des plus performants du monde moderne » Son confrère du Guardian, (cité par Courrier international), cherche à « expliquer cette anomalie », en s’appuyant sur une enquête qui « définit les Européens comme des « egoptimistes », convaincus que leur qualité de vie et leur situation financière sont au beau fixe, mais tout aussi persuadés que leur pays est au plus mal ». En somme, « une plainte antisociale : lorsqu’on affirme que tout va mal, on pense aux autres. Cela revient à dire que, hormis soi-même, tout le reste c’est de la merde ». « Hallucinant » fulmine Marianne, contre une « aristocratie décadente (qui) parle le même langage qu’hier. Haro sur Dominique de Villepin, ce Premier ministre de merde, qu’un Président de merde a placé à la tête d’un pays de merde que troublent par leurs criailleries, des jeunes Français de merde ! ». Questions du magazine : « Quel député voterait une loi instituant son élection à l’essai pendant deux ans avec droit des électeurs, pendant cette période, de le virer séance tenante au gré de leur humeur ? Et qui oserait faire simplement ce constat qu’une société incapable d’assurer un emploi stable à ses jeunes diplômés est une société qui ne tourne plus rond ? Et qu’il faut en conséquence changer ».
« Le CPE n’est certainement pas la panacée », réplique Match, jugeant que « Villepin a eu raison sur le fond, mais pas sur la forme ». Selon Match, « la vie à Matignon est à la fois monacale et infernale » avec « un homme pressé qui prend le temps, avant de rejoindre son avion, de se recueillir, (en Allemagne), sur la tombe de Brecht et sur celle de Hegel ». D’après le Nouvel Observateur, « la droite (est) malade de Villepin ». Sa devise est ainsi résumée : « Reculer ? jamais ! ». L’éditorial du Point s’exclame : « Il faut sauver le soldat Villepin et sa réforme ». Elle serait l’ « ultime remède à la longue maladie du chômage qui met la France sur le flanc. Il faut sauver le soldat Villepin parce que sa mission porte le sceau démocratique et qu’aucun régime ne supporte longtemps que la rue fasse ou défasse les lois ». Autre impératif pour Témoignage chrétien : « Qu’on cesse enfin ces chamailleries et que l’on assume les débats de fond ! Ce gouvernement veut cacher son visage néolibéral derrière le petit doigt du pragmatisme ». L’Express stigmatise « l’exception française, cette gymnastique idéologique qui fabrique une gloriole tricolore aussi vide qu’une outre pleine de vent. Pendant que nous avons les fesses à l’air, la terre entière rigole, travaille et creuse les écarts ». D’après l’éditorialiste, « le contrat première embauche ne mérite pas ce tintamarre ». Il n’est qu’une « mesure technique », que l’arrogance d’un chef de gouvernement ici surnommé « Néron » a transformé en drame national. « Il a fabriqué seul cette grenade à fragmentation qui lui éclate à la figure ». CPE, c’est aussi - selon une des banderoles des cortèges d’hier - « Comment perdre les élections ?» En manchette de Une, Le Canard Enchaîné accorde toutefois au Premier ministre « la faculté de partir ». Le baromètre de popularité du Journal Du Dimanche ne décompte plus que 37% de personnes soutenant Monsieur de Villepin. Aux Inrockuptibles, un chercheur déclare « que la précarisation est une maladie contagieuse : quand elle touche un secteur ou une tranche d’âge, d’autres secteurs sont vite touchés ».
Pour « faire autrement », L’Humanité-Dimanche interroge quatre syndicalistes. Force Ouvrière propose « une surcotisation chômage sur les contrats précaires ». Le président de l’UNEF (des étudiants de France) préconise « une allocation d’autonomie universelle pour tous les jeunes de 16 à 25 ans » en « projet de formation ou d’insertion ». Une suggestion partagée par la CFDT, alors que le numéro 1 de la CGT insiste, lui, sur la « continuité des droits sociaux liés au salarié lui-même ». Et « une relance de la consommation ». VSD présente un autre trublion relevant du « péril jeune » : le président du « premier syndicat lycéen, l’UNL » qui dit : « Notre génération sera sacrifiée si le CPE est entériné. Deux ans d’essai, c’est de l’esclavage moderne ».
Des ronds dans l’eau
« Le lac Tchad a soif », titre La Vie. « Dans l'indifférence occidentale, la quatrième plus grande réserve d’eau douce d’Afrique est en train de disparaître. Bordé de quatre Etats riverains (le Tchad, le Niger, le Nigeria et le Cameroun), ce lac a perdu, en quarante ans, 90% de sa surface ». En reportage au Kenya auprès des « naufragés de la soif », Le Figaro-Magazine souligne que « six millions de personnes sont menacées en Afrique de l’Est » par le manque d’eau. Et « personne ne peut vivre trois jours sans boire ». Alors que se poursuit « à Mexico le quatrième Forum mondial de l’eau, le dogme de la privatisation des services commence à être sérieusement ébranlé » - écrit Politis. « En Amérique Latine notamment, mais aussi en France, berceau de ce modèle, où les marges pratiquées par les multinationales incitent des élus au retour à une gestion municipale ». A lire ici un reportage au Venezuela où « les habitants des quartiers populaires de Caracas participent à l’équipement de leurs rues en systèmes d’adduction et d’assainissement de l’eau »… Le mouvement Que Choisir dénonce ici les surfacturations, à l’instar de la région parisienne où l’eau potable est facturée aux clients « deux fois et demi son prix de revient » ! Titre de l’article : il y a « trop de ronds dans l’eau ». Dans une parution toute colorée de vert, Pèlerin cite un rapport parlementaire de 2003 révélant « que près de 10% des installations de production d’eau potable en France étaient mal gérées et donc inutiles ». Le Monde 2 en remet une bonne louche sur ce chapitre fluide. Mentionnant lui d'autres études officielles, d'où il découle que « 75% des eaux superficielles et 57% des eaux souterraines contrôlées contiennent des résidus de pesticide ». Plus de « la moitié des fruits et légumes que nous mangeons comportent » ces traces de poison. Et « ce n'est pas près de changer ». « Bon appétit à tous », conclut néanmoins le confrère.
par Alain Masson
[19/03/2006]
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