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Liberia

Le Nigeria accepte d’extrader Charles Taylor

Charles Taylor accueilli par le président Obasanjo à son arrivée au Nigeria. L'ancien président libérien est en exil dans ce pays depuis le 12 août 2003.(Photo : AFP)
Charles Taylor accueilli par le président Obasanjo à son arrivée au Nigeria. L'ancien président libérien est en exil dans ce pays depuis le 12 août 2003.
(Photo : AFP)
Samedi, le Nigeria a accepté de livrer l’ancien président Charles Taylor au Liberia, conformément à la demande de la présidente libérienne Ellen Johnson-Sirleaf. En exil depuis 2003, Taylor est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone.

Samedi, dans un communiqué officiel, le président nigérian Olusegun Obasanjo a officiellement accepté d’extrader Charles Taylor. Il répond ainsi à la demande formulée le 17 mars dernier par la présidente du Liberia Ellen Johnson-Sirleaf. Taylor, l’ancien président du Liberia, est accusé par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone d’avoir parrainé la guerre civile dans ce pays, profitant du trafic d’armes et de diamants avec les rebelles, mené par un de ses lieutenants, le caporal sierra-léonais Foday Sankoh. Il a été inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par ce Tribunal spécial mi-2003. Il est accusé de massacres, de viols et du recrutement d’enfants soldats. Les Nations unies ont lancé un mandat d’arrêt international à son encontre, gelé ses avoirs et dénoncé dans un rapport l’asile accordé par le Nigeria.

Elu en 1997, à la suite d’une des plus atroces guerres civiles que le continent ait connu et qu’il avait déclenché à la Noël 1989, Charles Taylor est poussé à quitter le pouvoir en 2003, sous pression d’une rébellion créée en 1999. A la suite d’un siège intense de la capitale, Monrovia de juin à août 2003, et en vertu d’un accord international destiné à mettre fin à 14 ans de guerre, il part en exil au Nigeria le 11 août. Depuis, il vit un exil doré dans sa villa de Calabar (sud du pays) les pieds dans l’eau, accusé par les Etats-Unis et plusieurs ONG de continuer à diriger à distance ses partisans.

Dernier bluff

Le Liberia demande une première fois l’extradition le 29 juillet 2005. Mais Abuja rejette la demande car Obasanjo ne veut livrer Taylor qu’à un gouvernement élu démocratiquement et à sa demande. Les deux conditions sont bientôt réunies. En novembre 2005, Ellen Johnson-Sirleaf est élue et fait sa demande d'extradition le 17 mars dernier. Depuis janvier 2006, la pression internationale, en particulier américaine, s’est accentuée sur Obasanjo. Et Taylor a dû sentir le vent tourner une fois de plus pour lui. Le week-end dernier, trois de ses proches collaborateurs ont été brièvement arrêtés à Monrovia pour être interrogés, soupçonnés de militer contre son extradition. Mardi dernier, il a fait passer un message par le biais de son conseiller spirituel, l’évangéliste indien Kilari Anand Paul, avertissant que « son extradition produirait une énorme déstabilisation du Liberia » et que sa comparution devant la justice provoquerait des violences. « Il ne fait aucun doute à mes yeux que ce sera le chaos », avait déclaré l’évangéliste.

« Je pense que les proches de Taylor sont en train de bluffer. Ils n’ont plus de pouvoir, plus de place pour se cacher. Ils savent que ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne soient eux-mêmes rattrapés par la justice », analyse Voke Ighorodje, de la Coalition du Nigeria pour la Cour pénale internationale. Qui a accueilli la bonne nouvelle de samedi : « Nous serions très heureux si ceci est vrai. Il appartient maintenant à Ellen Johnson Sirleaf de faire ce qu’il faut et de l’envoyer devant la Cour spéciale au Sierra Leone ». Aucune précision n’a pour le moment été fournie sur la date et les conditions du transfert de Taylor mais, selon certaines sources, si l’ancien président était renvoyé dans son pays, il partirait presque immédiatement pour Freetown. Dimanche, le procureur du Tribunal spécial, Desmond da Silva, a demandé au Nigeria d'incarcérer Taylor afin qu'il lui soit impossible de s'enfuir.


par Olivia  Marsaud

Article publié le 25/03/2006 Dernière mise à jour le 25/03/2006 à 18:14 TU