Sierra Leone
Mise en place d’un tribunal spécial
Le Tribunal spécial pour les crimes de guerre en Sierra Leone a été officiellement installé le 10 mars à Freetown. Le tribunal a été créé en janvier 2002 par un accord entre le gouvernement sierra-léonais et l’ONU pour juger les crimes de guerre commis pendant la guerre civile de 1991 à 2001.
Le tribunal spécial pour les crimes de guerre en Sierra Leone, à l’instar des autres juridictions pour la Bosnie ou pour le Rwanda, prime sur la justice nationale et bénéficie du soutien de l’ONU. Installé dans des locaux flambants neufs, son mandat expire en juin 2005. Salles d’audience, centre de détention, locaux et bureaux administratifs abritent 280 employés sierra-léonais et étrangers. Trente-trois pays donateurs contribuent pour l’instant au budget de tribunal qui s’élève à quelque 71,5 millions de dollars.
Le tribunal est compétent pour juger les crimes de guerre et autres violations des droits commis pendant la guerre civile. Mais un fait important constitue une difficulté dans les poursuites et responsabilités des prévenus sur toute la durée de la guerre. En effet, un accord de paix était intervenu en 1996 entre la rébellion et le gouvernement limitant la compétence du tribunal dans le temps. C’est aussi en 1996 que le président Ahmad Tejan Kabbah a été élu président de la République avant d’être renversé en 1997 et rétabli dans ses fonctions en 1998 après une intervention des forces ouest-africaines «Ecomog».
La guerre en Sierra Leone a été l’œuvre du Front révolutionnaire uni (RUF) qui a mené une rébellion des plus sanglantes et brutales qu’ait connu l’Afrique de l’Ouest. A sa tête, Foday Sankoh qui réussit à prendre en otage en 1999 des centaines de casques bleus de la Mission des Nations unies pour la Sierra Leone (Munisil) qui tentaient de se déployer dans des zones diamantifères. Après deux de captivité, les forces britanniques massivement pour réduire l’influence du RUF. Son leader, Foday Sankoh est capturé mais décède en prison en août 2003. Il ne sera pas jugé. Le tribunal a levé les poursuites contre lui et son lieutenant Sam Bockarie, mort au combat en mai 2003 au Libéria. Sam Bockarie avait fait régner la terreur en spécialisant ses unités dans l’amputation des membres supérieurs.
Les grands absents
Hormis ces deux grands absents de la tragédie sierra-léonaise, deux autres figures importantes du conflit ne seront pas non plus dans le box des accusés : Johnny Paul Koroma et Charles Taylor. Johnny Paul Koroma, ancien officier de l’armée avait pris la tête d’une junte militaire qui a renversé le président Kabbah en 1997. Ses partisans étaient alliés au RUF. A ce titre il est inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité mais il est en fuite depuis janvier 2003. Quant à Charles Taylor, ancien président du Liberia, chassé du pouvoir en août 2003, il vit en exil au Nigeria. Parrain reconnu du RUF il est aussi accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Il est sous le coup d’un mandat d’arrêt international, mais pour l’instant le Nigeria ne consent pas à l’extrader.
«Les vrais responsables de la guerre en Sierre Leone ne répondront donc pas de leurs crimes» s’indignent les Sierra-léonais qui ont déjà jugé les neuf prévenus comme de «simples exécutants» même si certains ont fait preuve d’un zèle dans l’exécution des basses œuvres. C’est le cas d’Issa Sesay, enfant soldat devenu adulte. A dix-huit ans aujourd’hui il reste le seul chef connu du mouvement rebelle. Par ailleurs, de nombreux sierra-léonais regrettent la présence dans le box des accusés de Sam Hinga Norman. Ancien ministre de l’Intérieur il avait pris la tête d’une milice pro-gouvernementale des chasseurs traditionnels Kamajor pour suppléer à l’armée régulière en déroute face à l’avancée des rebelles du RUF. Il est aujourd’hui inculpé et accusé d’avoir eu un rôle actif dans la répression et les atrocités contre le RUF conduites par les chasseurs Kamajor. Il plaide non coupable. Lui aussi, avant le verdict du tribunal, est déjà jugé par les Sierra-léonais qui le considèrent comme «un héros» qui a plutôt combattu les soldats RUF, coupeurs de bras.
Le tribunal spécial pour les crimes de guerre en Sierra Leone est officiellement installé à Freetown mais ne débutera ses travaux qu’en mai.
Le tribunal est compétent pour juger les crimes de guerre et autres violations des droits commis pendant la guerre civile. Mais un fait important constitue une difficulté dans les poursuites et responsabilités des prévenus sur toute la durée de la guerre. En effet, un accord de paix était intervenu en 1996 entre la rébellion et le gouvernement limitant la compétence du tribunal dans le temps. C’est aussi en 1996 que le président Ahmad Tejan Kabbah a été élu président de la République avant d’être renversé en 1997 et rétabli dans ses fonctions en 1998 après une intervention des forces ouest-africaines «Ecomog».
La guerre en Sierra Leone a été l’œuvre du Front révolutionnaire uni (RUF) qui a mené une rébellion des plus sanglantes et brutales qu’ait connu l’Afrique de l’Ouest. A sa tête, Foday Sankoh qui réussit à prendre en otage en 1999 des centaines de casques bleus de la Mission des Nations unies pour la Sierra Leone (Munisil) qui tentaient de se déployer dans des zones diamantifères. Après deux de captivité, les forces britanniques massivement pour réduire l’influence du RUF. Son leader, Foday Sankoh est capturé mais décède en prison en août 2003. Il ne sera pas jugé. Le tribunal a levé les poursuites contre lui et son lieutenant Sam Bockarie, mort au combat en mai 2003 au Libéria. Sam Bockarie avait fait régner la terreur en spécialisant ses unités dans l’amputation des membres supérieurs.
Les grands absents
Hormis ces deux grands absents de la tragédie sierra-léonaise, deux autres figures importantes du conflit ne seront pas non plus dans le box des accusés : Johnny Paul Koroma et Charles Taylor. Johnny Paul Koroma, ancien officier de l’armée avait pris la tête d’une junte militaire qui a renversé le président Kabbah en 1997. Ses partisans étaient alliés au RUF. A ce titre il est inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité mais il est en fuite depuis janvier 2003. Quant à Charles Taylor, ancien président du Liberia, chassé du pouvoir en août 2003, il vit en exil au Nigeria. Parrain reconnu du RUF il est aussi accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Il est sous le coup d’un mandat d’arrêt international, mais pour l’instant le Nigeria ne consent pas à l’extrader.
«Les vrais responsables de la guerre en Sierre Leone ne répondront donc pas de leurs crimes» s’indignent les Sierra-léonais qui ont déjà jugé les neuf prévenus comme de «simples exécutants» même si certains ont fait preuve d’un zèle dans l’exécution des basses œuvres. C’est le cas d’Issa Sesay, enfant soldat devenu adulte. A dix-huit ans aujourd’hui il reste le seul chef connu du mouvement rebelle. Par ailleurs, de nombreux sierra-léonais regrettent la présence dans le box des accusés de Sam Hinga Norman. Ancien ministre de l’Intérieur il avait pris la tête d’une milice pro-gouvernementale des chasseurs traditionnels Kamajor pour suppléer à l’armée régulière en déroute face à l’avancée des rebelles du RUF. Il est aujourd’hui inculpé et accusé d’avoir eu un rôle actif dans la répression et les atrocités contre le RUF conduites par les chasseurs Kamajor. Il plaide non coupable. Lui aussi, avant le verdict du tribunal, est déjà jugé par les Sierra-léonais qui le considèrent comme «un héros» qui a plutôt combattu les soldats RUF, coupeurs de bras.
Le tribunal spécial pour les crimes de guerre en Sierra Leone est officiellement installé à Freetown mais ne débutera ses travaux qu’en mai.
par Didier Samson
Article publié le 10/03/2004