France
Les anti-CPE préparent la journée de grève de mardi
(Photo: AFP)
Dimanche, journée de repos pour les anti-CPE avant la reprise de la mobilisation. En effet, malgré l’apparition de casseurs lors des dernières manifestations et des condamnations à des peines de prison, samedi, pour certains jeunes, les détracteurs du CPE ne désarment pas. Les syndicats de salariés, les étudiants et les lycéens ont prévu de battre à nouveau le pavé, mardi prochain, lors d’une journée nationale de grèves et de manifestations pour exiger le retrait du contrat première embauche. Il s’agira de la quatrième journée nationale de ce genre en moins de deux mois.
« Nous n’avons pas encore atteint le pic de la contestation. Chaque rendez-vous a montré un élargissement de la mobilisation. Ce mardi peut être un tournant », déclare Bernard Thibault (CGT) dans une interview donnée au Journal du Dimanche. « Les appels à la grève dépassent d’ores et déjà le niveau du conflit sur les retraites de 2003. » Des préavis ont été déposés dans les transports, l’aérien, la fonction publique, les banques, les médias, le tabac ou encore l’énergie. Mardi, 135 manifestations sont également prévues. La dernière journée d’action avec grève, le 7 mars dernier, avait rassemblé de 400 000 à 1 million de manifestants dans toute la France.
Trouver « rapidement » une solution
Les douze organisations de l’intersyndicale, qui font du retrait du CPE un « préalable » à la négociation, ont prévu de se réunir dès mercredi pour décider de la suite à donner au mouvement. La centrale de Jean-Claude Mailly (Force ouvrière, FO) a prévenu qu’elle « proposerait la poursuite de la grève » si le Premier ministre, « au soir du 28 mars, ne retirait pas le CPE ». Côté étudiant, la mobilisation ne faiblit pas non plus. Vendredi, plus de 60 universités sur 84 et plus de 600 lycées sur 4 330 étaient encore bloqués, en grève ou perturbés. La coordination étudiante, qui rassemble quelque 300 délégués, a demandé dimanche la démission du gouvernement, en plus du retrait du CPE, et appelé à une « grève générale le 4 avril » avec les salariés si le gouvernement ne cède pas à l'issue de la journée de mardi.
Samedi, Dominique de Villepin est resté ferme : pas de retrait du CPE. Il a néanmoins affiché, après avoir rencontré trois organisations étudiantes, sa volonté de trouver « rapidement » une solution « par le dialogue » : « Je souhaite répondre aux deux préoccupations majeures des jeunes sur le CPE : la période de deux ans et les conditions de rupture du contrat ». « Des failles semblent apparaître dans la détermination du Premier ministre », a immédiatement interprété l’Unef dans un communiqué intitulé « Les anti-CPE marquent des points ». « Après avoir annoncé hier le refus de dénaturer le CPE, il se dit aujourd’hui prêt à discuter de la motivation des licenciements et de la période d’essai, qui sont l’essence même du CPE et qui le rendent inacceptable. »
Chirac appelé à la rescousse
L’Unef, la Confédération étudiante, les lycéens de l’UNL et la Fidl avaient décliné l’invitation du Premier ministre, samedi, à Matignon. « Nous avons refusé de faire de la figuration pour rajeunir son image de marque », a affirmé Karl Stoekel (UNL), samedi, lors du Congrès du Parti communiste français au Bourget. Villepin a donc reçu la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), l’Union nationale inter-universitaire (Uni) et la PDE (Promotion et défense des étudiants). A la fin de la rencontre, il a annoncé l’allongement de la durée des bourses entre le diplôme et l’insertion professionnelle, une revendication de longue date de tous les syndicats étudiants et a rappelé sa proposition d’évaluer le CPE « dans six mois ». Il a proposé à tous les étudiants une nouvelle rencontre « la semaine prochaine », proposition restée pour le moment sans réponse.
Le conflit social actuel s’éternise et son issu est incertaine. Selon un sondage CSA publié vendredi, 66% des Français sont favorables au retrait de ce contrat destiné aux jeunes de moins de 26 ans. Et ils en appellent aujourd’hui au chef de l’Etat. Dans un sondage du Journal du Dimanche, ils sont 83% à souhaiter que le président Chirac s’implique davantage dans le dossier. Samedi soir, celui-ci a réuni Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo, ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement, et Gérard Larcher, ministre délégué à l’Emploi, au Travail et à l’insertion professionnelle des jeunes.
Aucune information n’a filtré sur cette réunion et l’entourage du président a indiqué que c’était un simple « point de situation comme il y en a régulièrement ». Patrick Devedjian, conseiller politique du président de l’UMP Nicolas Sarkozy, s’est dit favorable, dimanche, à une mise entre parenthèse du CPE pendant un mois. D’ici là, le Conseil constitutionnel pourrait peut-être offrir une porte de sortie. Saisi par les parlementaires socialistes, il doit se prononcer sur la validité de la loi créant le CPE. Selon une source proche du dossier, il pourrait intervenir jeudi.
par Olivia Marsaud
Article publié le 26/03/2006 Dernière mise à jour le 26/03/2006 à 16:18 TU