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Timor-oriental

La violence continue malgré les militaires australiens

Des milliers d’habitants ont du fuir en direction des zones sécurisées par des troupes australiennes.(Photo : AFP)
Des milliers d’habitants ont du fuir en direction des zones sécurisées par des troupes australiennes.
(Photo : AFP)
La présence de centaines de militaires australiens n’a pas été suffisante pour empêcher les violents incidents qui se sont produits samedi et dans la nuit précédente à Dili et qui ont fait au moins dix blessés. Des milliers d’habitants ont abandonné la capitale et les Nations unies ont réduit leur personnel en poste au Timor-oriental. Les pourparlers de paix avec les militaires déserteurs prévus pour dimanche ont été annulés, suite à cette nouvelle vague de violence provoquée surtout par des jeunes civils.

«Nous sommes déçus ! On croyait que les troupes australiennes allaient nous apporter la paix et la tranquillité, mais il y a eu encore des incidents d’une extrême gravité, des actes de pur vandalisme qui sont intolérables», c’est ainsi qu’une habitante de Dili nous a résumé les derniers évènements dans la capitale, où au moins dix personnes ont été blessées dans de violentes confrontations entre milices rivales. Des milliers d’habitants ont du fuir en direction de la zone de l’aéroport, sécurisée par des troupes australiennes qui ont aussi été appelées à défendre les installations de l’hôpital national Guido Valadares, où les médecins ont eu du mal à soigner ces jeunes qui ont été blessés lors de ces affrontements. Notre interlocutrice timoraise a souligné que «ces bandes de jeunes sont formées de pratiquants d’arts martiaux, notamment de taekwondo, qui se sont battus en utilisant des armes traditionnelles», notamment des machettes et des flèches. Plusieurs jeunes blessés ont du ainsi subir des interventions chirurgicales délicates.

Des voitures et des maisons ont aussi été incendiées dans la nuit de vendredi à samedi et la violence a continué dans la matinée. Au moins une femme a été abattue par des inconnus, selon une source proche du gouvernement que nous avons pu contacter. «La situation est vraiment chaotique», nous a dit une habitante de Dili qui a regretté l’incapacité des autorités à faire face à cette nouvelle crise, qui suit celle déclenchée il y a un mois par le soulèvement de 595 militaires qui se sentaient victimes de discriminations à cause de leur appartenance régionale.

Risque de guerre civile

Des pourparlers avec ces « rebelles », dirigés par le major Alfredo Reinaldo (qui a suivi des stages de formation militaire en Australie) avaient été prévus pour dimanche mais «cette question a été dépassée à cause des derniers évènements», selon un proche collaborateur du ministre timorais des Affaires étrangères Ramos Horta, que nous avons joint samedi soir au téléphone. Il a ajouté que 500 personnes étaient réfugiées dans la résidence du ministre Ramos Horta, prix Nobel de la paix 1996. Ce dernier a transmis un message du Premier ministre Alkatiri au président Xanana Gusmão, en vue de l’organisation urgente de réunions des conseils de l’Etat et de la Défense, qui devront se tenir lundi prochain.

Le même collaborateur du chef de la Diplomatie timoraise a aussi minimisé l’importance des divergences entre le Premier ministre Mari Alkatiri et le président Xanana Gusmão, soulignant qu’ils «continuent à dialoguer au téléphone» et qu’il y aurait «une campagne en cours pour discréditer les forces de l’armée nationale F-DTL». Le chef du gouvernement du Timor avait critiqué mercredi la décision du président de prendre le contrôle des forces de sécurité nationales, lors de l’arrivée des troupes étrangères. Le ministre portugais des Affaires étrangères, Freitas do Amaral, considérait samedi, à Vienne, que si une crise politique s’ajoutait aux violences, les conditions seraient alors réunies pour l’éclosion d’une «guerre civile» au Timor-orientale.  

Les effectifs australiens continuent de débarquer à Dili. Ils devront à terme totaliser 1 300 hommes et on attend aussi l’arrivée de 120 gendarmes portugais, de 209 militaires et policiers malaisiens et de 130 éléments de l’armée de néo-zélandaise. Ces effectifs étrangers rassembleront donc près de 1 800 hommes, tandis que l’armée nationale du Timor-oriental est composée d’à peine 1 500 soldats. Le gouvernement timorais a donné l’ordre à ses militaires de rejoindre leurs casernes, pour être progressivement remplacés par les soldats australiens.

Le commandant des forces australiennes à Dili, le colonel Mumford, considère qu’il dispose d’effectifs suffisants pour mettre un terme aux violences. Il s’agit de la plus grave crise que connaît ce jeune pays, indépendant depuis à peine quatre ans. Les militaires australiens étaient déjà intervenus en 1999 pour rétablir l’ordre et la sécurité, suite aux massacres commis par des milices soutenues par les soldats indonésiens et qui avaient provoqué environ 1 400 morts dans l’ancienne colonie portugaise. L’actuelle vague de violence a obligé plusieurs gouvernements étrangers à rapatrier leurs ressortissants. Les Nations unies ont aussi décidé de retirer leurs fonctionnaires « non essentiels » en poste à Dili.


par Antonio  Garcia

Article publié le 27/05/2006 Dernière mise à jour le 27/05/2006 à 17:48 TU

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