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Accord maoïstes-gouvernement : des avancées et des questions

Le leader maoïste Pushpa Kamal Dahal donne une conférence de presse après son entrevue avec le Premier ministre népalais. 

		(Photo: AFP)
Le leader maoïste Pushpa Kamal Dahal donne une conférence de presse après son entrevue avec le Premier ministre népalais.
(Photo: AFP)
A l’issue d’une rencontre inédite entre le Premier ministre népalais Girija Prasad Koirala et le chef de la rébellion maoïste, Pushpa Kamal Dahal alias Prachanda, un accord qualifié d’historique a été conclu. Il répond à la revendication des maoïstes, qui avaient activement participé à la mobilisation contre le roi Gyanendra, de dissoudre l’actuel Parlement et de réunir un gouvernement intérimaire avant l’organisation de nouvelles élections. Si cet accord marque une étape majeure vers la paix, il ne résout pas tous les problèmes, et notamment celui du désarmement des maoïstes.

La venue du «Féroce» ou Prachanda, le surnom de Pushpa Kamal Dahal, à Katmandou laissait présager que quelque chose d’important allait se passer. C’est, en effet, la première fois depuis dix ans que le chef des rebelles maoïstes est apparu publiquement dans la capitale népalaise. Il a fait le déplacement pour rencontrer le Premier ministre, Girija Prasad Koirala, et faire avancer les pourparlers, engagés depuis la fin du mois de mai à un niveau politique inférieur.

Au bout du compte, un accord a été trouvé. Il prévoit la dissolution du Parlement actuel et la mise en place rapide (dans un délai d’un mois) d’un gouvernement intérimaire auquel les maoïstes participeront. Ces derniers ont, par ailleurs, accepté de dissoudre les gouvernements parallèles qu’ils avaient formés dans les régions rurales du pays qu’ils controllent. Des élections doivent ensuite être organisées pour désigner une Assemblée constituante chargée de réviser la Loi fondamentale du pays. Il s’agit d’une revendication des maoïstes qui demandent la disparition de la monarchie. Prachanda a d’ailleurs déclaré à ce propos : «Une république démocratique est notre exigence minimum et nous voulons aller à la rencontre du peuple népalais avec cette exigence durant la campagne électorale pour l’assemblée constituante». Ce scrutin devrait, selon les maoïstes, avoir lieu en mars ou avril 2007. L’accord prévoit qu’il sera organisé avec l’aide des Nations unies.

Une insurrection meurtrière

Cet accord qui intervient après deux tentatives avortées représente incontestablement un espoir de paix dans un pays où environ 13 000 personnes ont été tuées depuis le début de l’insurrection maoïste dans le pays, en 1996. Il arrive après la mobilisation organisée par les maoïstes et les partis d’opposition contre le roi Gyanendra qui s’était arrogé les pleins pouvoirs en février 2005. Ce mouvement avait abouti, au mois d’avril dernier, à forcer le souverain à accepter la mise en place d’un gouvernement d’opposition et le rétablissement du Parlement élu. Après quoi, les maoïstes avaient signé un cessez-le-feu avec le nouveau gouvernement.

Olivier Guillard

Directeur de recherche à l'Iris, spécialiste du Népal

«La question du désarmement des maoïstes va poser quelques soucis.»

Reste que l’accord trouvé le 16 juin ne résout pas tout. La principale question qui demeure étant celle du désarmement des maoïstes qui ne semble pas avoir été tranchée. Prachanda avait d’ailleurs réaffirmé, ces derniers jours, qu’il n’était pas question pour son camp de déposer les armes avant les élections. Ce problème n’a été évoqué, dans le communiqué diffusé après la conclusion de l’accord, que par le biais de la participation de l’ONU à l’organisation du scrutin pour élire la nouvelle assemblée qui doit permettre d’assurer «la gestion des armes dans le deux camps», pendant le déroulement du vote.

Quel avenir pour la monarchie ?

Un autre point reste délicat. Il concerne l’avenir de la monarchie au Népal. Les maoïstes sont, en effet, très déterminés à obtenir son abolition grâce à une révision en profondeur de la Constitution de 1990. Ils désirent la mise en place d’une république. Cette position n’est pas partagée par tous les acteurs du processus politique. La plupart des partis sont plutôt favorables au maintien d’une monarchie où le roi n’aurait plus de réels pouvoirs.



par Valérie  Gas

Article publié le 17/06/2006Dernière mise à jour le 17/06/2006 à TU

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Olivier Guillard

Directeur de recherche à l'Iris, spécialiste du Népal

«Je vois mal les maoïstes abandonner le contrôle qu'ils exercent sur la population.»

[17/06/2006]

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