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Coupe du monde 2006

Zidane : les Français ne lui font pas la tête

Au Palais de l’Elysée, hier, Jacques Chirac a rendu un hommage appuyé à celui qu’il a qualifié de <em>«génie du football».</em> 

		(Photo : AFP)
Au Palais de l’Elysée, hier, Jacques Chirac a rendu un hommage appuyé à celui qu’il a qualifié de «génie du football».
(Photo : AFP)
Personne ne pourra trouver une excuse au coup de tête donné par Zinédine Zidane à Marco Materazzi en finale du Mondial, il n’y en a pas. Le fair-play est censé faire partie des devoirs de tout sportif, surtout lorsqu’il joue au plus haut niveau. Mais il faut être réaliste, les matchs de football donnent souvent lieu à des coups ou des insultes, et les dérapages sont fréquents. Que Zizou ait pété les plombs au mauvais moment, c’est sûr. Est-ce que cela doit pour autant faire oublier son immense talent de footballeur et jeter une ombre sur la carrière éclatante d’un des meilleurs joueurs du monde ?

Le premier à en vouloir à Zizou, c’est certainement Zizou lui-même. Son coup de tête impulsif à quelques minutes de la fin de la finale de la Coupe du monde l’a privé des adieux au stade comme il avait dû les imaginer. Sans parler de la victoire ou de la défaite de l’équipe de France, Zinédine Zidane n’a certainement jamais pensé qu’il quitterait le terrain avant la fin, expulsé. Coup dur pour les Bleus, mais surtout coup dur pour lui.

Cet incident prouve en tout cas une chose, il n’a rien calculé. Il a réagi sur le moment et avec son tempérament. Certains jugeront que c’est inadmissible, d’autres que c’est idiot, et les derniers que c’est dommage. De toute manière, c’est comme ça. Cela montre simplement que même le meilleur footballeur du monde est un homme comme les autres. Avec ses forces et ses faiblesses. Le talent de Zidane en avait fait une icône. On en arrivait presque à oublier que, tout magicien qu’il est, Zizou a déjà fauté. Ce coup de tête n’est pas le premier. Et c’est peut-être, d’ailleurs, parce que c’est le dernier qu’il fait tant polémique. On attendait la sortie d’une star auréolée, on aura eu celle d’un homme qui s’est fait justice lui-même.

«Admiration, affection, respect»

Mais qu’est-ce qui a pu faire sortir Zidane de ses gonds en l’espace d’une seconde ? Marco Materazzi a concédé qu’il l’avait insulté mais n’a pas dit en quels termes. Il a simplement déclaré qu’il s’agissait de «l’une de ces insultes qu’on entend dire des dizaines de fois et qui nous échappent souvent sur le terrain». La chaîne de télévision brésilienne Globo a utilisé les services de spécialistes de la lecture sur les lèvres qui affirment que l’Italien a traité la sœur de Zidane de «prostituée». Des journaux britanniques déclarent que Materazzi a qualifié le Français «de fils d’une pute terroriste». The Times s’appuie sur la même technique que les Brésiliens. Le Daily Express aurait eu des confidences de l’entourage des Bleus. Materazzi a démenti avoir employé le mot «terroriste». Il est vrai que ce genre de dérapage verbal dépasse la limite des noms d’oiseaux habituels. Surtout dans une Coupe du monde placée sous le signe de la lutte contre le racisme. Des associations anti-racistes se sont d’ailleurs manifestées, en France, pour demander à la Fédération internationale de football (Fifa) une enquête sur l’incident et des sanctions, s’il était prouvé que Materazzi a proféré des insultes à caractère racial.

Le coup de tête de Zidane qui provoque des réactions et des interrogations dans le monde entier, ne semble pas avoir irrémédiablement entaché son image auprès des Français. Un sondage a montré que 60% d’entre eux lui pardonnent d’ores et déjà ce geste violent. Plus de la moitié (52%) affirment même qu’ils comprennent sa réaction. Le président de la République a d’ailleurs lui aussi manifesté son indéfectible soutien au capitaine des Bleus. Lors du déjeuner organisé au Palais de l’Elysée, au lendemain de la finale, Jacques Chirac a rendu un hommage appuyé à celui qu’il a qualifié de «génie du football». Il a déclaré : «Cher Zinédine Zidane… Ce que je veux vous dire au moment le plus intense, le plus dur peut-être de votre carrière, c’est l’admiration et l’affection de la nation toute entière, son respect aussi». Lorsqu’il s’est rendu ensuite au balcon de l’hôtel Crillon, sur la place de la Concorde, pour saluer la foule des supporters, Zidane a eu encore une preuve de l’estime que lui portent toujours les Français. Il a été ovationné aux cris de «Zizou président» ! Même les sponsors pensent que la publicité faite à ce coup de tête ne ternit pas l’image du joueur et ne remet donc pas en cause les contrats passés avec lui pour les années à venir.

Zidane n’est pas excusé mais pourrait bien vite être pardonné. On attend maintenant sa version de l’histoire. Son agent, Alain Migliaccio, a annoncé qu’il allait parler «dans quelques jours». Allez Zizou, dis-nous tout.



par Valérie  Gas

Article publié le 11/07/2006Dernière mise à jour le 11/07/2006 à TU

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[10/07/2006]