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Mobilisation pour un jeune Nigérian sans-papiers

Si les autorités du Nigéria délivrent rapidement un laissez-passer, Jeff Batatundé Shittu sera expulsable à tout moment. 

		(Photo : AFP)
Si les autorités du Nigéria délivrent rapidement un laissez-passer, Jeff Batatundé Shittu sera expulsable à tout moment.
(Photo : AFP)
Pour la quatrième fois cet été, un jeune majeur sans-papiers va être reconduit à la frontière alors qu’il était scolarisé à Paris depuis son arrivée en France. Selon la préfecture, ce majeur de 19 ans n’entrait pas dans le cadre de la circulaire du ministère de l’Intérieur qui prévoit une régularisation «au cas par cas» des enfants scolarisés des familles de sans-papiers. A quelques jours de la date butoir du 13 août, la mobilisation des associations et des élus de l’opposition se poursuit.

Jeff Batatundé Shittu, 19 ans, devrait être expulsé vers le Nigeria, son pays d’origine, sous 30 jours. Le tribunal administratif de Paris a rejeté, lundi 7 août, le recours déposé par le Réseau éducation sans frontières (RESF) contre son arrêté d’expulsion. Ce jeune Nigérian, inscrit dans un établissement scolaire parisien (le lycée Dorian dans le XIe arrondissement) depuis son arrivée en France en août 2004, a été reconduit au centre de rétention de Vincennes dans l’attente d’être expulsé. Sa demande d’asile avait été rejetée en février dernier.

Selon RESF, Jeff Batatundé Shittu a fui son pays après de violentes émeutes au cours desquelles sa mère a été enlevée puis assassinée. Le juge guère convaincu, a demandé «des preuves». Jeff, soutenu par les professeurs du lycée Dorian qui ont témoigné de sa bonne intégration, a présenté une demande de régularisation début mars. Là encore, le juge estime que le renvoi dans son pays d’origine ne constitue pas «une atteinte à la vie privée et familiale puisqu’il n’a pas d’attaches familiales». Selon les propres termes de son avocat, Maître Christophe Pouly, «ce qui a fait pencher la balance en défaveur de Jeff, c’est qu’il ne détenait pas de preuves de l’assassinat de sa mère et que pour la jurisprudence, il n’est pas en France depuis assez longtemps».

Le 13 août, la date limite pour le dépôt de dossiers

Si les autorités du Nigeria délivrent rapidement un laissez-passer, Jeff Batatundé Shittu sera expulsable à tout moment, d’ici trente jours. Son comité de soutien (les membres de RESF, ses professeurs, sa famille d’accueil en France) compte désormais sur «une régularisation exceptionnelle». Il espère notamment qu’Arno Klarsfeld, le médiateur national nommé par Nicolas Sarkozy pour étudier les cas les plus difficiles dans les demandes de régularisation, pourra les aider comme il l’a proposé. Il a cependant souligné que le cas de Jeff, 19 ans et «donc majeur» était «hors champ de la circulaire Sarkozy du 13 juin dernier» qui exige une arrivée en France avant l’âge de 13 ans.

Le ministère de l’Intérieur a fixé au 13 août la date limite pour le dépôt des dossiers de régularisation pour des familles dont les enfants sont scolarisés en France. Selon Nicolas Sarkozy, cette procédure lancée pour examiner le cas des familles des enfants scolarisés les mieux intégrés en France, devrait déboucher sur environ 6 000 régularisations, sur 20 000 demandes. Ce taux de «30% de régularisation» a été jugé insuffisant par de nombreux responsables d’associations et de partis de gauche qui font remarquer que, pour la seule ville de Paris, 3 500 demandes de régularisation ont été déposées le 5 juillet à la préfecture, selon des chiffres officiels.

Lundi, le socialiste Dominique Strauss-Kahn a écrit au Premier ministre pour lui demander de repousser d’un mois, à la mi-septembre, la date-limite pour le dépôt de dossiers de régularisation. Il estime en effet que «les délais imposés sont impossibles à respecter». De son côté, le Vert Yves Contassot, adjoint au maire de Paris, a reproché au ministre de l’Intérieur de vouloir «faire du chiffre en s’attaquant maintenant aux lycéens majeurs» et de «chercher à gagner des électeurs plus à droite». Côté associations, la mobilisation continue jusque la date butoir. RESF va réunir, jeudi matin, devant l'Hôtel de Ville de Paris ses différents comités parisiens pour aller déposer collectivement des centaines de demandes de régularisation à la préfecture de police toute proche.



par Myriam  Berber

Article publié le 08/08/2006Dernière mise à jour le 08/08/2006 à TU