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UE- Russie

L'UE entre Pologne et Russie

Installation du pipeline reliant la Russie à l'Europe par la mer Baltique. 

		(Photo : AFP)
Installation du pipeline reliant la Russie à l'Europe par la mer Baltique.
(Photo : AFP)
La Pologne, qui fait partie des 25 pays de l’Union européenne, maintient la menace du veto contre un pacte UE-Russie, le 24 novembre prochain, date à laquelle est prévue une rencontre UE et Russie, à Helsinki, pour renégocier l’accord de partenariat et de coopération établi depuis 10 ans. Javier Solana, le haut représentant européen pour la politique étrangère et de sécurité, considère qu’un développement harmonieux des relations UE-Russie est un gage de stabilité sur le continent européen. Les ministres des Affaires étrangères des vingt-cinq pays de l’UE se sont réunis à Bruxelles, lundi, pour étudier les possibilités de surmonter l’opposition de la Pologne au processus de négociation.

Selon la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, «la Pologne n’a pas levé ses réserves» lors des discussions entre les ministres européens des Affaires étrangères réunis à Bruxelles ce lundi. Il s’agissait pour l’ensemble des pays de l’UE de tenter de trouver un terrain d’entente en vue du lancement de négociations avec la Russie concernant l’énergie, le commerce et les droits de l’homme, lors du sommet du 24 novembre à Helsinki. Or, Varsovie considère que Moscou ne remplit pas ses engagements envers elle dans le cadre de l’accord actuel, qui expirera en novembre 2007. L’adoption des consignes par les 25 est nécessaire pour que la Commission européenne puisse entamer les pourparlers sur le nouvel accord de partenariat. Dans cet objectif, l’apaisement des relations russo-polonaises est donc vivement souhaité.

Concrètement, l’UE est dépendante de la Russie pour 25% de ses besoins en gaz et 25% de ses besoins en pétrole. A l’inverse, le vente des matériaux bruts à l’UE représente l’essentiel de la monnaie étrangère de la Russie et contribue à plus de 40% du budget fédéral russe. L’UE et la Russie ont donc communément décidé, en octobre 2000, de lancer un dialogue énergétique traitant de l’approvisionnement énergétique, mais aussi de l’infrastructure, des investissements et du commerce. Concernant l’UE, ce dialogue énergétique bilatéral a pour objectif de sécuriser l’accès de l’Europe aux importantes réserves en gaz et en pétrole de la Russie (qui détient un tiers des réserves mondiales en gaz). Et, pour la Russie, il s’agit de se garantir des investissements étrangers et de s'assurer une facilité d’accès aux marchés européen et international.

La Pologne réclame des garanties en matière d’approvisionnements énergétiques et exige que Moscou ratifie le protocole de transit de la Charte sur l’énergie. «Nous voulons que les relations entre la Russie et l’UE soient bonnes, mais nous voulons que ces relations concernent également la Pologne», a déclaré le Premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski qui reste campé sur ses positions. De fait, la mise en œuvre du gazoduc Nord-Européen sous la mer Baltique, qui contournera les pays baltes et la Pologne, inquiète particulièrement cette dernière : «Il faut trouver un juste équilibre en terme d’accès aux marchés et aux infrastructures, dont un accès non-discriminatoire des parties tiers aux pipelines de la Russie et de l’UE», a expliqué Andris Piebalgs, le commissaire polonais à l’énergie lors d’une visite à Moscou le 30 octobre dernier.

L’UE préfère changer de tactique face à Moscou

La Pologne redoute l’isolement énergétique qui la rendrait vulnérable face à la Russie. «Nous manquons assurément de sécurité en terme d’approvisionnement énergétique», déclare Piotr Wozniak qui a insisté sur le fait que la Russie signe le protocole de transit de la Charte de l’énergie. Mais, la Russie refusant manifestement de ratifier la Charte, la Pologne demande maintenant le soutien de l’UE. Varsovie fait pression sur les Etats membres en leur demandant de faire figurer cette contrainte dans les consignes de négociation. De son côté, l’UE préfère changer de tactique et essaie d’intégrer un maximum des principes de la Charte dans son accord de partenariat bilatéral.

Le président russe Vladimir Poutine avait été vivement critiqué l’hiver dernier par l’UE -et les Etats-Unis-, dans le cadre du conflit russo-ukrainien. L’UE et les Etats-Unis s’étaient élevés d’une même voix pour accuser Poutine d’utiliser abusivement les réserves en gaz et en pétrole de son pays pour faire pression sur ses voisins. Environ 80% du gaz russe que consomme l’Europe transitant par l’Ukraine, l’Europe s’était de facto trouvée elle-même directement touchée, lorsque la  Russie avait mis sa menace à exécution et restreint son approvisionnement en gaz en Ukraine.

Le dossier russo-polonais sera donc à nouveau abordé à la prochaine réunion des ambassadeurs des 25 cette semaine à Bruxelles. «J’espère que d’ici au sommet UE-Russie, nous aurons une position commune», a déclaré la présidence finlandaise de l’UE, Benita Ferrero-Waldner. Toutefois, a-t-elle souligné, ce sommet aurait «naturellement lieu», même si l’UE devait ne pas trouver d’accord à ce moment-là.

Varsovie demande en outre que les objectifs de négociation européens incluent une levée de l’embargo russe, que Moscou maintient depuis un an, sur l’importation de produits alimentaires polonais en Russie, notamment la viande et le blé. «Nous sommes conscients des difficultés que cause à la Pologne cet embargo et nous compatissons», a indiqué Benita Ferrero-Waldner tout en soulignant que, sur ce dernier point, la Commission faisait «tout son possible» pour aider la Pologne mais qu’il s’agissait là d’un problème bilatéral Moscou-Varsovie.



par Dominique  Raizon

Article publié le 13/11/2006 Dernière mise à jour le 13/11/2006 à 17:48 TU