Algérie
Zinédine Zidane en visite au pays
(Photo : AFP)
«Retrouver mes origines, retrouver ce qui est la terre de mes parents, tout ça bien sûr, j’ai envie de le vivre. Et je dois le vivre.», avait déclaré Zinédine Zidane en répondant à l’invitation officielle du président algérien Abdelaziz Bouteflika, le 9 juillet dernier. Chose dite, chose faite : jusqu’au 13 décembre, l’icône mondiale du monde du football est en pèlerinage, pour quatre jours, en Algérie, un voyage qui doit être marqué par des visites d’ordre caritatif, politique et médiatique. L’ex-capitaine des Bleus est d’origine algérienne. S’il n’a jamais renié ses attaches, l’Algérie le lui rend bien et est fière de recevoir l’enfant du pays.
Zinédine Zidane n’était pas revenu au pays depuis 1986. Cette visite a provoqué une telle excitation que les honneurs prévus pour son accueil n’ont pas pu être rendus. Trop de bousculades. Trop de désordre. La rencontre avec le ministre algérien des Sports, Yahia Guidoum, n'a pas eu lieu. La cérémonie au cours de laquelle deux fillettes, en costume traditionnel algérien, devaient lui offrir un bouquet de fleurs, en signe de bienvenue, a été annulée. Et une quinzaine d’adolescents en survêtement aux couleurs du drapeau algérien -vert, rouge et blanc- ont dû quitter l’aéroport, frustrés de ne pas avoir pu approcher leur idole comme c'était prévu. La visite de l’enfant prodigue sur la terre natale de ses parents représente plus qu’un pèlerinage personnel, c’est aussi une visite d’Etat au programme chargé, initiée par le président Abdelaziz Bouteflika et largement organisée par le ministre algérien de la Solidarité, Djamal Ould Abbas.
Il y eut le fameux «coup de boule» de Zidane, asséné à l’Italien Marco Materazzi lors de la finale de Coupe du monde perdue par les Bleus, un geste brutal dont l'image fit le tour de la planète. Commentant l'impulsivité du joueur, le chef d’Etat algérien avait d’emblée fait preuve d'indulgence, estimant que seule une «une grave agression» pouvait avoir fait réagir l’enfant du pays. «Vous avez réagi en homme d’honneur avant de subir, sans sourciller, le verdict», avait déclaré Abdelaziz Bouteflika. «Comme vous n’avez jamais oublié le pays de vos origines, l’Algérie et les Algériens sont fiers de vous», avait-il ajouté en l’invitant. Mercredi, le président Bouteflika recevra personnellement la star internationale du football.
«La venue de Zinédine Zidane est un événement et suscite un grand engouement en Algérie.», écrivait ce matin le quotidien El Watan, alors que Zidane, ses parents et deux de ses frères étaient accueillis à la sortie de l’avion présidentiel algérien par Djamal Ould Abbas. Alors, certes, «aller dans mon pays d’origine avec mon papa, l’emmener là où il a grandi, dans un village de la région de Bejaïa [180 km à l’est d’Alger], dans la montagne où il était gardien de moutons, c’est une chose qui me tient à coeur», a déclaré Zinédine Zidane. Il se rendra donc, vendredi, en hélicoptère en Kabylie pour déjeuner avec les membres de sa famille. Avant de participer à ce déjeuner offert par les habitants du village, l’ancien champion du Monde aura accompli des visites plus officielles.
«Il a grandi en France, mais tous les Algériens sont fiers de sa carrière»
Zinédine Zidane s’est également rendu en Algérie pour inaugurer, à Béni Amrane et à Corso (région de Boumerdès, à l’est d’Alger), deux institutions pour enfants handicapés. Les équipements médicaux de ces établissements ont été financés par les recettes d’un match de football de solidarité, organisé le 6 octobre 2003, après le grave séisme du mois de mai la même année -qui avait fait quelque 2 300 morts et plus de 10 000 blessés. Cette inauguration a été effectuée dès l'arrivée de l'ex-capitaine de l'équipe de France, lundi. D'autres visites sont programmées, demain 12 décembre au centre hospitalier pour enfants à Thénia, à la pouponnière de Boumerdès, au centre sportif de Sidi Moussa (en cours de construction), dans le service de pédiatrie de l’hôpital Mustapha Bacha (Alger centre) et celui de l’hôpital Saint-Georges d’El-Djazaïr.
Zinédine Zidane quittera l’Algérie après avoir donné le coup d’envoi d’une rencontre entre deux équipes de la D-1 algérienne, l’Union sportive de la médina d’Alger (USMA) et la Jeunesse sportive de la Mouloudia de Béjaïa (JSMB), devant quelque 60 000 spectateurs. Une manière de relancer la motivation de l’équipe nationale du football ? Une manière, en tout cas, de redonner un peu d’espoir dans un pays en difficulté où le chômage des moins de 30 ans atteint les 70%. «L’Algérie a besoin des talents de Zidane», a déclaré une enseignante algérienne qui a estimé : «Nous, [Algériens], devrions essayer de le convaincre de faire la promotion du football dans notre pays.» «Zidane est un héros. Il a grandi en France, mais tous les Algériens sont fiers de sa carrière», explique plus globalement Malika Djeddi, une étudiante de 23 ans.par Dominique Raizon
Article publié le 11/12/2006 Dernière mise à jour le 11/12/2006 à 17:21 TU