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Santé

L’Afrique du Sud teste un vaccin contre le sida

Aujourd'hui 18% des adultes sud-africains vivent avec le sida. 

		(Photo: AFP)
Aujourd'hui 18% des adultes sud-africains vivent avec le sida.
(Photo: AFP)
Trois mille volontaires d’un des pays les plus touchés par la pandémie du sida se prêtent, depuis le 8 février dernier, aux essais thérapeutiques d’un vaccin. L’objectif est d’évaluer, sur une période de quatre ans, la double capacité de ce dernier à «prévenir les contaminations des personnes saines par des personnes séropositives et, d’autre part, à prolonger la période entre la contamination et l’apparition de la maladie chez les individus infectés», selon Mambrie May, du réseau américain HIV vaccine trials network ou «Réseau d’essais pour la prévention du VIH» (HVTN).

L’Afrique du Sud est, après l'Inde, le deuxième pays au monde le plus lourdement touché par l’épidémie, en terme de personnes infectées. L’Institut national des maladies allergiques et infectieuses (NIAID), qui fait partie de l’Institut américain de la Santé (NIH), a appuyé un programme d’essais cliniques, inédit en Afrique, sur un prototype de vaccin contre le VIH. Doté d’un nom de baptême dynamique et positif, Phambili (soit, en xhosa, «Aller de l’avant»), cet essai est réalisé conjointement par l’Initiative sud-africaine de vaccination contre le sida (SAAVI)  et par le Réseau des essais vaccinaux contre le sida. Trois mille personnes séronégatives anonymes, âgées de 18 à 35 ans, sexuellement actives et en bonne santé, ont été recrutées dans cinq villes sud-africaines : Soweto, Le Cap, Klerksdorp, Medunsa, et Durban.

Le vaccin étant expérimental, il a été clairement stipulé auprès des volontaires qu’ils devaient continuer à se protéger lors des relations sexuelles. La première étape de vaccination a commencé le 8 février 2007 et, dans une période de six mois, les volontaires vont recevoir trois doses, soit du vaccin, soit d’un placebo. Le but est de déterminer si le vaccin est capable d’empêcher l’infection au VIH et, en ce qui concerne les personnes qui auront pu être infectées entre-temps, de vérifier s’il peut diminuer la charge du virus dans le sang. Une réponse immunitaire adéquate devrait déboucher sur la production d’anticorps capables de reconnaître et de neutraliser les cellules infectées.

N’infecte pas les personnes saines

Proposé par une multinationale pharmaceutique basée aux Etats-Unis, Merck & Co., ce vaccin appelé MRKAd5- HIV-1est un composé de copies de trois gènes du virus du sida. Il est élaboré à partir d’un «adénovirus atténué», c’est-à-dire d’un virus affaibli (appartenant à une famille de virus qui cause des infections respiratoires), qui sert de vecteur (ou de transporteur) pour des «reproductions» de gènes du VIH produites en laboratoire, puis inoculées dans les corps sains. Mais, il ne présente pas de risque d’infecter les personnes saines.

Lors d’une première phase d’essais cliniques restreints (phase I) qui ont été conduits pendant deux ans sur plus de 1 800 personnes, à la fois aux Etats-Unis, au Canada, en Amérique du Sud, en Australie et dans les Caraïbes, «le vaccin [expérimental] s’est révélé sans danger, et capable de stimuler des réponses au système immunitaire contre le VIH chez plus de la moitié des volontaires». Si ce second essai (phase II) est concluant, un essai à plus grande échelle (phase III), sera l’étape indispensable pour valider l’efficacité du vaccin avant d’envisager sa  commercialisation.

Augmentation alarmante des cas de tuberculose

En outre, des études récentes, publiées par l’OMS et Onusida, ayant prouvé que la circoncision était «une intervention à grand potentiel de prévention», cet acte qui consiste en l’ablation totale ou partielle du prépuce, laissant ainsi le gland du pénis à découvert, a été proposé aux hommes qui le désiraient, à l’occasion de cet essai clinique sur le vaccin. Le continent africain rassemble les deux-tiers des séropositifs dans le monde, mais c’est en Afrique du Sud que le fléau sévit le plus, avec une concentration de 18% des adultes qui vivent avec le sida, contre une moyenne de 6,1% en Afrique saharienne -et de 1% dans le monde, à titre comparatif. Malgré 25 ans de recherche, le VIH/sida, responsable de trois millions de morts en 2006, demeure une maladie incurable et encore trop souvent mortelle.

En ce mois de mars, l’Afrique du Sud s’engage dans une nouvelle stratégie de lutte nationale contre le sida pour «mieux combattre une inquiétante augmentation du nombre de cas de tuberculose ultra-résistante aux traitements», selon Nomonde Xundu, chef du service VIH et tuberculose au ministère sud-africain de la Santé. La tuberculose, en effet, est la principale infection opportuniste liée au virus VIH/sida, qui s’attaque à des organismes affaiblis. Apparue il y a quelques mois, «cette forme de tuberculose ultra-résistante touche maintenant toutes les provinces du pays et se propage rapidement dans les zones pauvres et surpeuplées», selon le ministère sud-africain de la Santé.



par Dominique  Raizon

Article publié le 01/03/2007 Dernière mise à jour le 01/03/2007 à 17:45 TU