Sida
Le pire est passé, le plus difficile est à venir
(Carte : RFI)
A en croire l’Onusida, le pic de l’épidémie est passé. L’organisation des Nations unies chargée de mener la lutte contre le VIH estime qu’il a été atteint à la fin des années 90 et que la progression de la maladie est aujourd’hui stabilisée. Cela ne veut pas dire que l’on a réussi à inverser la tendance. Les chiffres restent effrayants et montrent à quel point le combat est difficile. En 2005, on a en effet dénombré 38,6 millions de personnes vivant avec le virus dans le monde. Le nombre de décès a été estimé à 2,8 millions et le nombre de nouvelles infections à 4 millions.
L’Afrique subsaharienne reste la région la plus touchée par la propagation du VIH. On y trouve les deux tiers de toutes les personnes qui vivent avec le virus dans le monde, soit 24,5 millions. Et sur les 4 millions de nouvelles infections, 2,7 ont eu lieu dans cette région en 2005. Sur ce continent, plus encore qu’ailleurs, les femmes et les enfants représentent les populations les plus vulnérables et paient un lourd tribut au sida. L’Onusida estime que 59% des adultes qui vivent avec le VIH en Afrique subsaharienne sont des femmes et que 90% des enfants infectés par le virus dans le monde se trouvent dans cette région. Du coup, c’est aussi là que l’on compte le plus grand nombre d’orphelins du sida. Environ douze millions d’enfants de moins de 17 ans du continent ont perdu au moins un de leurs parents à cause de cette maladie, sur un total mondial de 15 millions d’orphelins.
18,8% des adultes sud-africains infectés
(Photo: AFP)
C’est en Afrique du Sud que la situation est la plus dramatique. Ce pays regroupe 5,5 millions de personnes vivant avec le virus. Et même si des progrès ont été réalisés dans l’accès aux traitements, on constate toujours une augmentation de la prévalence dans cet Etat. En valeur absolue, l’Afrique du Sud n’est plus le pays où l’on dénombre le plus de personnes infectées par le VIH, puisque l’Inde en compte désormais 5,7 millions. Cela ne l’empêche pas d’être toujours bien plus terriblement touchée par les conséquences de la maladie car ce sont 18,8% des adultes sud-africains qui sont concernés, alors qu’en Inde la proportion de séropositifs n’atteint que 0,9% de cette catégorie de population.
Tout n’est pas pour autant négatif. La mobilisation contre le sida a permis, ces dernières années, d’obtenir des résultats. Les fonds consacrés par la communauté internationale à la lutte contre le VIH dans les pays en développement ont été multipliés par 28 depuis la création de l’Onusida en 1996. On est passé de 300 millions de dollars à 8,3 milliards en 2005. L’implication des Etats du Sud est, elle aussi, beaucoup plus importante. La plupart ont élaboré des plans de lutte antisida. Et les dépenses publiques intérieures consacrées à cette maladie ont connu une forte augmentation. Elles atteignent désormais 2,5 milliards de dollars.
L’accès aux traitements a, d’autre part, été largement amélioré. On dénombre aujourd’hui 1,3 million de séropositifs bénéficiant des antirétroviraux (ARV). Cela n’est pas à la hauteur des objectifs de la stratégie «3x5» (trois millions de personnes traitées d’ici 2005), mais cela représente malgré tout une énorme avancée par rapport à la situation de 2001, où seules 240 000 personnes étaient prises en charge. Des progrès ont aussi été réalisés en matière d’information et de prévention. En Afrique, deux phénomènes encourageants ont été notés : un accroissement du recours au préservatif et une augmentation du nombre de jeunes qui diffèrent le début de leur activité sexuelle. Tout cela a permis de stabiliser, voire de réduire, les infections dans certains pays (Kenya, Zimbabwe, zones urbaines du Burkina Faso, par exemple).
Faire reculer l’épidémie d’ici 2015
C’est pour cette raison que l’Onusida estime que c’est à partir de maintenant que se joue la bataille pour endiguer l’épidémie de sida. Les efforts déjà réalisés ont montré que l’on pouvait obtenir des résultats mais ils n’ont pas été suffisants pour vaincre le sida. La couverture par les antirétroviraux a été améliorée mais elle reste très inégale. En Afrique subsaharienne, elle varie énormément (3% en République centrafricaine pour 85% au Bostwana). Les fonds ont crû mais ne sont pas encore à la hauteur des besoins. Avec 8,9 milliards de dollars dédiés à la lutte contre le sida en 2006, on est loin du compte puisqu’il en faudrait près de 15 milliards pour être efficace. L’implication des gouvernements et l’information des populations ont augmenté. Mais l’un des principaux obstacles à la prévention, donc au ralentissement de l’épidémie, réside dans la difficulté à faire changer les comportements grâce à l’éducation (moins de 50% des jeunes ont une connaissance suffisante du sida pour pouvoir s’en protéger).
Si l’on veut atteindre l’objectif de l’accès universel aux traitements d’ici 2010 et faire reculer l’épidémie d’ici 2015, il faut désormais non seulement poursuivre mais accélérer la lutte contre le sida. C’est à n’en pas douter le message qui sera délivré à New York, où une personne séropositive témoignera, pour la première fois, à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU.
par Valérie Gas
Article publié le 30/05/2006Dernière mise à jour le 30/05/2006 à 18:49 TU