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Editorial politique

Juste une question d’image

Patrice Biancone 

		(Photo RFI)
Patrice Biancone
(Photo RFI)

A peine élu et n'ayant même pas encore pris ses fonctions, Nicolas Sarkozy est déjà l'objet de toutes les interrogations de la part d'une presse qui, on le sait, ne rate jamais une occasion de souligner les contradictions. En question, ses choix d'aller passer la nuit dans un palace parisien après son élection, entouré de représentants de la jet-set, ses luxueuses vacances en Méditerranée sur un yacht de 200 pieds, soit 60 mètres, appartenant à Vincent Bolloré, un riche homme d'affaires français, ce qui ne constitue pas précisément une façon modeste de rentrer dans les habits de président puisque ces quelques jours passés à quelques encablures de Malte n'avaient d'autre but, de l'aveu même du nouvel élu, que de préparer sa prise de fonction qui aura lieu le 16 mai prochain.

Voilà qui ne fait qu'alimenter la polémique déjà lancée sur fond de contestation d'une minorité de jeunes qui, à tort, n'acceptent pas le verdict des urnes et qui manifestent et cassent régulièrement depuis dimanche soir dans les rues de quelques grandes villes de France, en bravant les lois de la démocratie et de la République qui veulent que l'on respecte la décision de la majorité. La casse, disons-le, est inadmissible. Les électeurs se sont prononcés et désormais, ceux qui désirent s'opposer, se doivent de le faire dans les strictes règles de la confrontation d'idées et pas autrement.

Il n'empêche, les images sont là et les adversaires du nouveau président élu, adversaires politiques, trouvent très commode de s'interroger sur le montant de la facture et sur le nom de celui qui règle ne serait-ce que les 173 000 euros la semaine que coûte la location du yacht, tout comme ils trouvent judicieux, alors que l'ouverture de la campagne des législatives se profile, de comparer Nicolas Sarkozy à Berlusconi, dont on connaît le fort penchant pour le luxe clinquant, penchant qui a amené les Italiens à le désigner ambassadeur du mauvais goût et roi des nouveaux riches. Une pierre dans le jardin de Nicolas Sarkozy et ce d'autant plus que le même Berlusconi, se plaît à dire et répéter partout où il va, qu'il sert de modèle au Français. Une affirmation que nous nous garderons bien de confirmer, Nicolas Sarkozy étant toujours resté très discret sur ce sujet et ne prononçant guère, en matière de référence, que le nom de Georges Mandel, connu pour son goût de la simplicité et de la modestie et surnommé pour cela le «moine de la politique». Et puis, après tout, on a les amis que l'on veut et que l'on peut. Et il n'est pas illégal de passer des vacances de luxe, surtout après cinq années d'épuisants combats pour être le premier.

Reste qu'il y a toujours eu un style présidentiel modeste imposé par de Gaulle qui payait de sa poche les notes d'électricité de son appartement de fonction à l'Elysée ou par Georges Pompidou qui disait à propos du château de Bity de Jacques Chirac que «lorsqu'on prétend faire de la politique en France, on s'arrange pour ne pas avoir de château, sauf s'il est dans la famille depuis Louis XV».


par Patrice  Biancone

[09/05/2007]

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