Editorial politique
Le chemin politique n'a jamais été pavé de roses, mais cela ne le fera pas renoncer. D'ailleurs a-t-il le choix aujourd'hui, lui qui s'est engagé dans une aventure qui le laisse désormais bien solitaire ? C'est le prix à payer pour l'indépendance. Le prix à payer d'une ambition qui a pour objet de parvenir à l'Elysée, en 2012, là-même où Nicolas Sarkozy s'installera le 16 mai prochain après le départ de Jacques Chirac.
François Bayrou a crânement tenté sa chance parce qu'il pense que la fortune sourit aux audacieux. Au premier tour il a fait illusion avec 18,5% des voix, mais désormais voici venu le temps des vrais comptes, celui des élections législatives où il risque bien de perdre ce qui lui reste tant l'UMP, profitant de la victoire, a vidé l'UDF de ses élus tout en menaçant de contrer ceux qui restent encore fidèles à François Bayrou. Il s'agit d'une minorité. 22 députés UDF sur 29, liés par des accords électoraux dont ils ne peuvent se passer pour être réélu, ont en effet apporté leur soutien à la nouvelle majorité présidentielle, ce qui risque bien de constituer un handicap historique et le début d'une disparition annoncée avec fracas par ses plus fidèles détracteurs. «L'extrême centre» pourrait bien être mort-né, à moins que les électeurs de gauche, fâchés de voir tant de divisions au PS, tant de stérilité et tant d'inefficacité dans leur propre camp, lui apportent leurs suffrages, faisant de lui le premier opposant au nouveau pouvoir, ce qu'il rêve de devenir...
Mais, nous n'en sommes pas là. La victoire de Nicolas Sarkozy est si nette qu'elle atomise tout le reste et que les seuls ralliements dont doit aujourd'hui se satisfaire François Bayrou sont ceux d'anonymes : il y aurait 10 000 demandes d'adhésion au nouveau Mouvement démocrate, selon les chiffres avancés par l'entourage de François Bayrou. Et celui, cité en exemple, de l'eurodéputé Vert Jean-Luc Bennhamias, ce qui ne constitue pas une puissance de feu redoutable, en tout cas pas de nature à inquiéter l'UMP qui joue la disparition du leader centriste. Et le PS qui ne se résout pas à faire vivre François Bayrou par quelque moyen que ce soit, selon la formule consacrée par François Hollande...
En réalité, si la tentative paraît suicidaire, elle ne manque pas de panache. C'est cela être Béarnais. C'est pouvoir revendiquer quelques qualités qui ont fait le succès d'Henri de Navarre devenu roi de France sous le nom d'Henri IV à force d'obstination, de courage, de ruse et de reniement. Après tout, si Paris, en 1593, valait bien une messe, c'est-à-dire si Paris valait que l'on abjure solennellement, en la basilique de Saint-Denis, le protestantisme au profit du catholicisme, que dire aujourd'hui des sacrifices à consentir pour l'Elysée ?
par Patrice Biancone
[10/05/2007]
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