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Chronique ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique)

Les ACP divisés face à l’Europe

Anne-Marie Mouradian 

		(Photo RFI)
Anne-Marie Mouradian
(Photo RFI)

Avec le soutien de nombreuses ONG européennes, les associations paysannes africaines intensifient leur campagne contre la signature d’accords de libre échange entre l’Europe et l’Afrique. L’Union européenne vient de mettre fin, cette semaine, au système qui autorisait depuis plus de trente ans des pays ACP à exporter du sucre sur son marché à des prix garantis.
C’est le début de la suppression des préférences commerciales européennes en faveur de l’Afrique, dénoncées par les opposants aux nouveaux accords de partenariat économiques euro-ACP. Ils ont manifesté le 27 septembre, de Nairobi à Bruxelles en passant par Ougadougou, pour exiger que l’agriculture africaine soit exclue de la libéralisation des échanges avec l’Europe et protégée par des droits de douane jusqu’à ce qu’elle soit capable de faire face à la concurrence des produits européens.

Du côté des gouvernements africains, en revanche, on semble plutôt disposé à signer les accords le 31 décembre prochain, comme le demande Bruxelles avec insistance. L’Afrique du Sud, qui a conclu dès 1999 un accord de libre échange bilatéral avec l’Europe, avait, à l’époque, mené la vie plus dure aux négociateurs européens. De nombreuses organisations de la société civile africaine dénoncent aujourd’hui l’absence de débat démocratique et réclament que les accords de partenariat économique euro-ACP soient discutés au sein des parlements nationaux africains.

Pour Bassiaka Dao, président de la Confédération paysanne du Burkina Faso : « C’est l’Europe qui est en train de pousser les décideurs politiques africains. Et si les décideurs politiques signent, est-ce que c’est ça la bonne gouvernance ? Si on veut avoir la démocratie en Afrique, il faudrait prendre en compte le point de vue de la société civile et de tous les acteurs du terrain. Partout, on manifeste contre les accords de partenariat économique parce qu’ils ne sont pas fondés sur quelque chose de réel. Nous disons non à ces accords dans leur forme actuelle parce qu’ils sont imposés par l’Europe. Nous demandons une dérogation et une prolongation pour permettre à tous les acteurs de se mettre à niveau, de mettre en place notre politique agricole commune, construire notre marché régional de produits agricoles, réussir l’intégration régionale au sein de la CEDEAO, la mise à niveau de tout le secteur productif et, à partir de ce moment, nous pourrons passer à un marché compétitif. Voilà ce que nous demandons. »

Devant l’intensification de la campagne et des protestations de la société civile, Bruxelles ne cesse de répéter que le maintien des préférences européennes en faveur de l’Afrique au-delà du 1er janvier 2008, est totalement irréaliste. Cela provoquerait à l’Organisation mondiale du commerce, une levée de boucliers immédiate de la part du Brésil et d’autres pays sud-américains et asiatiques.


par Anne-Marie  Mouradian

[29/09/2007]

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