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Editorial sports

Déclinologue

Gérard Dreyfus 

		(Photo RFI)
Gérard Dreyfus
(Photo RFI)

Le football est l’objet de bien des pensées. De telle manière qu’il est ainsi devenu une énorme affaire financière nourrie année après année par des chaînes de télévision qui disent ne plus pouvoir s’en passer. La ligue française vient de mettre aux enchères les futurs droits de télévision avec l’espoir de voir le précédent pactole grossir pour les quatre années à venir. Mais, les données ont changé après la fusion des deux seuls réseaux satellites qui se partageaient le marché lors de la dernière vente, il y a trois ans.

Le football est-il un sport ? Le football est-il une œuvre sociale ? Le football est-il le levier de toute une série d’opérations à caractère économique et financier ? Un peu de tout cela serait-on tenté de répondre. En tout cas, il n’est pas une activité anodine.

Depuis longtemps européanisé ; depuis au moins aussi longtemps mondialisé, il ne cesse de grandir, de forcir au point d’être devenu tout à la fois un phénomène des sociétés contemporaines – il me paraît nécessaire de mettre sociétés au pluriel – car son champ d’activité s’étend à toute la planète (la FIFA compte 207 pays membres, plus que les Nations unies), et un vaste empire économique grâce à l’apport de la télévision.

Sans la télé, le foot ne serait pas ce qu’il est devenu. On pourrait dans nombre de pays du globe, regarder des matches vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Etonnez-vous que les chaînes de télévision se livrent à des surenchères sans limite pour obtenir le fameux sésame qui leur permettra d’évincer la concurrence. En France, Canal + a payé pendant trois saisons six cents millions d’euros pour obtenir l’exclusivité des droits du championnat national. Mais à l’époque de son contrat, énorme, la chaîne avait une rivale. Depuis, l’une a absorbé l’autre.

Et, à l’heure, où la Ligue professionnelle de football remet les droits aux enchères, elle sait pertinemment qu’elle n’obtiendra pas le pactole passé d’un unique client. Raison pour laquelle elle a morcelé les offres dans l’espoir d’attirer d’autres mouches, pardon d’autres partenaires, chaînes de moindre audience, opérateurs téléphoniques dont les poches débordent, tant leur activité s’est révélée fructueuse depuis quinze, vingt ans.

Si le monde du travail descend dans la rue pour défendre le pouvoir d’achat, réclamer une revalorisation des salaires, dire son mécontentement devant la vie chère, je suis assez surpris que personne ne bronche devant l’appétit dévastateur du football, des plus gros, entendez les plus riches qui ne se l’estiment pas assez, et des moins nantis qui dénoncent les écarts de recettes. Voilà donc un monde qui vit en vase clos, qui sait solliciter la manne publique comme les gros sous du privé, et qui serait à l’abri de tout regard indiscret. Peut-être parce que dans chaque équipe de foot il y a à la fois la défense de son particularisme local et régional et d’un esprit cocardier. Peut-être.

Question est-ce que le spectateur ou le téléspectateur – ils sont souvent les deux à la fois – en a pour son argent ? Si vous avez le malheur de répondre non, croyez-moi vous serez accusé d’être un vilain petit canard, un déclinologue ! Ne faut-il pas vivre avec son temps…


par Gérard  Dreyfus

[08/12/2007]

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