Editorial sports
Jamais. C’est un adverbe qui n’engage que les crédules, que ceux qui croient à tout ce qu’ils lisent ou entendent. Et dans le langage du sport, « jamais » doit automatiquement engendrer le doute. A tel ou tel champion ou championne qui dit « jamais plus », répondez dans votre tête : « c’est ce qu’on verra ».
L'exemple le plus récent est celui du pilote espagnol Fernando Alonso. Vous avez sans doute appris qu'après une seule saison passée chez McLaren-Mercedes, il retourne chez Renault avec lequel il avait remporté deux titres de champion du monde, le plus jeune pilote à le devenir. C’était en 2005, lors de son premier sacre. Il faut réécouter ce qu’il disait il y a un an lorsqu’il était parti chez l’écurie anglo-saxonne, enfin plus anglo que saxonne : « Rejoindre une écurie qui possède une telle volonté de gagner et une telle passion pour gagner est l’ambition de n’importe quel pilote de F1. Depuis tout petit, je rêvais de conduire une McLaren ».
Soit ! Le meilleur est à venir dans les déclarations du petit – petit par la taille, pas par le talent – pilote espagnol. « J’avais besoin d’un défi, j’avais besoin de motivation dans ma carrière et dans ma vie. Je commençais à me lasser. J’avais tout vu et tout connu avec Renault. Je savais comment la voiture marchait, je connaissais mon job et je connaissais les gens qui travaillaient avec moi. J’avais l’impression de faire les mêmes choses encore et encore. C’était comme manger le même plat de paëlla tous les soirs. Je me sentais vieux. A vingt-cinq ans, j’avais envie de me sentir jeune à nouveau… ».
Je n’invente rien. En un an chez McLaren-Mercedes, Alonso aura donc pris un sacré coup de vieux. Une annus horribilis au cours de laquelle il aura été supplanté par son numéro deux Lewis Hamilton, devenu non seulement le chouchou du public mais, aussi, un peu – peut-être même beaucoup - du manager de l’écurie Ron Dennis. Une guerre interne qui, comme c’est souvent le cas, aura bénéficié au troisième larron, le Finlandais Kimi Räikkönen, sacré champion du monde pour un point de mieux que les deux autres. Ainsi donc le pilote espagnol vient-il de quitter cette écurie dont il rêvait depuis qu’il était gamin pour retrouver celle dont il affirmait qu’il était las.
Jamais plus, non jamais plus ! Le plus terrible aujourd’hui c’est que les paroles comme les écrits restent et que les faits et gestes vous apportent souvent des démentis flagrants. Je me demande si Alonso, au fond de lui-même ne s’est pas dit à un moment : « j’aurais mieux fait de me taire, de ne pas confesser publiquement mes états d’âme ». A propos, je voudrais vous poser une question : vous en connaissez beaucoup des chauffeurs qui changent leur Mercedes pour une Clio ?
par Gérard Dreyfus
[15/12/2007]
Editorial sports : les précédent(e)s
[29/12/2007]
[22/12/2007]
[08/12/2007]
[01/12/2007]
Les derniers éditos et chroniques (texte)
[19/01/2009]
[15/11/2008]
[21/12/2008]