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Editorial sports

Déplacer Paris à la campagne

Gérard Dreyfus 

		(Photo RFI)
Gérard Dreyfus
(Photo RFI)

Après une sixième défaite au Parc des Princes, le Paris Saint-Germain, unique club de football de la capitale, se morfond à une indigne dix-huitième place du championnat de première division. La saison dernière avait été misérable, sauvé in extremis d’une descente en deuxième division. Cette année, c’est pire encore. Et rien ne semble bouger les dirigeants, bizarrement atones devant une situation catastrophique. Patience, clament-ils.

En France, ceux qui ne l’habitent pas vous le diront, Paris n’est pas une ville comme les autres. Une sorte de capitale attitude difficilement descriptible. Tenez, dans le domaine du football dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui, on ne change pas une équipe qui perd ! On ne change pas le président. On ne change pas l’entraîneur. Alors que l’équipe se morfond à une pitoyable dix-huitième place qui équivaut à une relégation en division inférieure. Remarquez, Marseille, le ténor du ballon rond, le club le plus populaire, bien au-delà de la Canebière et du Stade Vélodrome, n’est pas beaucoup mieux loti. Que les favoris se retrouvent dans le wagon d’arrière-garde ne constitue pas, en soi, un événement invraisemblable. C’est seulement grave quand il se reproduit.

C’est le cas de Paris, pas bien fier la saison dernière. Encore moins cette année à mi-championnat. Ce qui est incroyable, c’est que Paris a le plus abominable parcours à domicile des vingt participants : zéro victoire, quatre nuls et trois défaites, et, dans le même temps, la meilleure trajectoire à l’extérieur avec quatre victoires, trois nuls et une défaite. Paris ferait, en quelque sorte, le joli cœur à l’extérieur et la gueule à domicile.

Impuissant chez lui, paradant chez les autres. Une étrangeté, mieux une incongruité. Les joueurs sont comme totalement inhibés au Parc des Princes, théâtre de leur déchéance, et princiers lorsqu’ils portent les couleurs de la capitale en province. Je crois bien que c’est du jamais vu.

L’un des arguments invoqués, c’est l’hypermédiatisation du club de la capitale. Les grands journaux sont à Paris ; les chaînes de télévision ont leur siège à Paris. Dès qu’un joueur s’enrhume, c’est toute la presse parisienne qui accourt à son chevet. Une passe ratée, un tir qui s’égare loin de la cage adverse et les journalistes s’enfièvrent. Ailleurs, il en faudrait moins pour qu’on assiste à une révolution de palais.

Paris depuis quelques mois est entre les mains d’un trio d’actionnaires étrangement muets. Cela contrarie leur projet de revendre à terme le club avec une plus value. On est loin du compte. Il faut se rendre à l’évidence : Paris est une ville à part. Loin de Londres qui compte actuellement cinq clubs en première division, de Manchester avec quatre équipes. Toutes les grandes capitales européennes ont au moins deux équipes parmi l’élite.

En football, Paris fait bande à part avec le seul Paris Saint-Germain. Sa descente en deuxième division, si elle survient au mois de mai prochain, serait vécue comme un affaiblissement du football français. Il y aurait bien une solution : celle que suggérait il y a un siècle Tristan Bernard : déplacer le Paris Saint-Germain à la campagne, ou si vous préférez en province. L’air y est plus pur qu’à Paris et la pression bien moindre.


par Gérard  Dreyfus

[22/12/2007]

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