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Chronique Médias

Audiovisuel extérieur : consensus à TV5 Monde

Amaury de Rochegonde
Amaury de Rochegonde
En France, les projets de reconfiguration de l’audiovisuel extérieur ont enfin abouti, cette semaine, à un schéma consensuel. On peut même dire que c’est la fin de la crise à TV5. Mardi dernier, les partenaires de la chaîne sont parvenus à un accord qui s’est soldé par une foule de satisfecits dans tous les pays concernés : en Belgique francophone, en Suisse, au Canada et même en France où on salue « l’excellent climat de coopération » qui a abouti à ce compromis qualifié de « succès pour TV5 Monde ». Qu’en termes diplomatiques ces choses-là sont dites… Car l’intégration de la chaîne francophone dans la nouvelle société de l’audiovisuel extérieur de la France, aux côtés de France 24 et de RFI, s’est faite, c’est le moins qu’on puisse dire, au forceps. Il a fallu que la télévision suisse romande (TSR) menace de se retirer de TV5 ou que Fadila Laanan, la ministre belge de la Culture et de l’Audiovisuel, alimente la polémique, pour que la France renonce à son projet d’absorption.

Mais finalement, l’essentiel pour les pays francophones est acquis. Malgré la détention des deux tiers du capital de la chaîne, l’Etat français n’est pas parvenu à imposer ses vues sur une entité qui réaffirme ses principes fondateurs, c'est-à-dire son caractère généraliste, pluraliste et francophone ainsi que l’indépendance de sa rédaction. Plus concrètement, les partenaires francophones ont obtenu qu’Alain de Pouzilhac, le patron du nouvel ensemble, soit nommé président de TV5 Monde en remplacement de François Bonnemain mais qu’il laisse la direction générale à Marie-Christine Saragosse, une ancienne dirigeante de la chaîne respectée pour son professionnalisme. Sur le plan capitalistique, la France a aussi dû renoncer à ses velléités de contrôle puisque la holding de l’audiovisuel extérieur, qui ne s’appellera plus France Monde, ne détiendra pas majoritairement TV5 comme c’était prévu.

Par la même occasion, c’est tout un pan du rapport de Georges-Marc Benamou, l’ancien et très controversé conseiller de l’Elysée, qui est passé par pertes et profits. L’idée d’une grande fabrique de l’information commune à RFI, France 24 et TV5 semble avoir du plomb dans l’aile même si des « mutualisations » sont annoncées dans divers domaines comme internet, la distribution ou l’information. Finalement, la sortie de crise de l’audiovisuel extérieur ressemble bien, là aussi, à une stratégie d’évitement des couacs au bénéfice d’une mise en onde diplomatique. Il reste maintenant à gérer la sortie de TF1 de la moitié du capital de France 24 pour intégrer cette dernière au nouvel ensemble. Pas simple car la Une réclame plus de 12 millions d’euros pour sa participation alors que France 24 ne lui a jamais rien coûté….

Cette chronique est réalisée en partenariat avec Stratégies.


par Amaury  de Rochegonde

[03/05/2008]