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Mauritanie

La junte nomme un diplomate au poste de Premier ministre

par  RFI

Article publié le 14/08/2008 Dernière mise à jour le 15/08/2008 à 12:25 TU

C'est un signal très clair envoyé à la communauté internationale. Huit jours après le coup d'Etat en Mauritanie, les militaires ont désigné comme Premier ministre, celui qui était jusqu'ici ambassadeur à Bruxelles. Moulaye Ould Mohamed Laghdaf est un technocrate, sans parcours politique marqué dans son pays. Ce qui étant donné le contexte actuel, joue plutôt en sa faveur.
Le nouveau Premier ministre mauritanien Moulaye Ould Mohamed Laghdaf.(Photo : AFP)

Le nouveau Premier ministre mauritanien Moulaye Ould Mohamed Laghdaf.
(Photo : AFP)


Le nouveau Premier ministre avait déjà été pressenti pour être chef de gouvernement sous Sidi Ould Cheikh Abdallahi, sans finalement jamais être nommé. Il apparaît aujourd’hui comme un homme capable de plaire aux uns et aux autres, même si pour l’instant certains partis opposés au coup d’Etat, refusent sa nomination.

Sa force, c’est de ne jamais avoir eu de responsabilité sous le régime Ould Taya. Son parcours politique est d’ailleurs limité. Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a passé plusieurs années à soutenir l’opposant historique, Ahmed Ould Daddah, avant de rejoindre le président déchu.

Appartenant à l’une des plus importantes tribus du pays, les Tajakant. Il est originaire de l’Est, une des zones les plus peuplées, après la capitale. Dans cette région, on le connaît pour les forages et les adductions d’eau qu’il a construits.

Avec Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, la junte lance aussi un message à la communauté internationale. L’homme a fait ses preuves à Bruxelles, comme intermédiaire auprès des Européens. On dit aussi qu’il avait su gagner la confiance de Louis Michel, le commissaire européen, en charge du Développement. Enfin, c’est un homme réputé proche du général Ould Abdel Aziz.

Le Premier ministre renversé refuse la passation de pouvoirs

Il n'y aura donc pas de cérémonie traditionnelle de passation de pouvoir en Mauritanie, comme le souhaitait les militaires. Yahya Ould Ahmed Waghf, le Premier ministre renversé par le coup d'Etat du 6 août, a refusé cette proposition. Au cours d'une conférence de presse donnée ce jeudi à Nouakchott, il a estimé illégale la nomination par la junte d'un chef de gouvernement.

Yahya Ould Ahmed Waghf

ex-Premier ministre mauritanien

« Tout gouvernement qui n’est pas nommé par le président de la République n’a pas de légitimité et n’est pas reconnu par le Front National pour la Démocratie. »


Un coup d’œil au CV du nouveau Premier ministre

On comprend assez vite qu’il n’est pas grand politicien, mais technocrate. Moulaye Ould Mohamed Laghdaf est diplômé de l’école d’ingénieurs Mohamedia au Maroc, spécialisé en génie chimique. Il est aussi docteur en sciences appliquées de l’université libre de Bruxelles. Ancien expert pour le développement industriel des Etats ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique), l’homme nommé par la junte est résolument tourné vers l’international. Ancien partisan d’Ahmed Ould Daddah, l’opposant historique de Mauritanie, il est nommé ambassadeur à Bruxelles par la précédente junte militaire au pouvoir en 2006. Une fois de plus, il répond aujourd’hui à l’appel d’un militaire, le général Ould Abdel Aziz. Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, réussira-t-il à faire digérer le coup d’Etat à la communauté internationale ? En tout cas son CV semble être un plus. Quatre partis politiques condamnent toujours le putsch. En toute logique, ils s’opposent à sa nomination. Saura-t-il rassembler ?