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Cuba

La révolution a 50 ans

par Julie Lerat

Article publié le 31/12/2008 Dernière mise à jour le 01/01/2009 à 04:04 TU

Le 1er janvier 1959, la rébellion emmenée par les frères Castro et le Che Guevara provoquait la fuite du dictateur Fulgencio Batista. Une semaine plus tard, Fidel Castro entrait dans La Havane. Cinquante ans plus tard, Cuba hésite entre dogmatisme et assouplissement du régime, dans un contexte de crise économique.
Panneau célébrant le 50e anniversaire de la révolution cubaine, à La Havane, le 29 décembre 2008. (Photo : Reuters)

Panneau célébrant le 50e anniversaire de la révolution cubaine, à La Havane, le 29 décembre 2008.
(Photo : Reuters)


Le 26 juillet 1953, un groupe d’une centaine d’insurgés attaque la caserne de la Moncada, la principale place forte de la région de Santiago de Cuba. C’est un échec cuisant. La plupart des assaillants sont tués, d’autres seront arrêtés. Parmi eux, deux frères : Raul et Fidel Castro. Ils écoperont respectivement de 13 et 15 ans de prison. Mais en 1955, sous la pression de la communauté internationale et de l’opposition intérieure, le dictateur Fulgencio Batista les amnistie.

Che GuevaraD.R

Che Guevara
D.R

Les frères Castro partent alors pour le Mexique, où ils préparent le renversement du régime de Batista. C’est là qu’ils feront la connaissance d’un jeune argentin, Ernesto « Che » Guevara. Fin 1956, ils embarquent sur un petit yacht, le « Granma » - qui donnera son nom à l’organe de presse officiel du régime. Avec 80 hommes, ils débarquent sur les côtes. Mais ils sont reçus par les troupes de Batista et seule une vingtaine d’entre eux survivront.

Dans les montagnes de la Sierra Maestra, dans l’est du pays, les compagnons de Fidel et Raul Castro s’organisent. Les « barbudos », comme on les surnomme, rassemblent près de 3 000 opposants au régime de Batista. Face à eux, 30 000 militaires ont été envoyés pour les combattre. Le rapport de force tourne pourtant en faveur de la rébellion, car les défections au sein de l’armée sont nombreuses.

La prise de pouvoir de Fidel

Le 31 décembre 1958, les hommes emmenés par Che Guevara s’emparent de la ville de Santa Clara, l’une des plus importantes du pays.  Les troupes de Batista ont encore les moyens de faire face mais, à la surprise de tous, le dictateur décide de prendre la fuite le 1er janvier 1959. Fidel Castro se met alors en route, direction de La Havane, et prend le temps d’apprécier sa victoire. Il mettra une semaine à parcourir les quelque 1 000 kilomètres qui le séparent de la capitale cubaine.

L’entrée de Fidel Castro dans La Havane est saluée par les foules : il a débarrassé le pays du dictateur Batista, et veut « consolider la révolution » ; il promet d’instaurer la démocratie. A l’époque, il n’est pas question de marxisme ou de communisme. Fidel Castro est avant tout un nationaliste. Mais l’enthousiasme du peuple cubain va rapidement retomber. Dès les premiers temps, des centaines de partisans de Batista sont exécutés ou emprisonnés. Dans les mois qui suivront, les tribunaux révolutionnaires condamneront des anciens alliés du régime renversé, mais aussi des proches de Fidel Castro, qui veut faire place nette. En février 1959, il devient Premier ministre, et ne quittera plus le pouvoir avant 2008. Au mois de février dernier, la maladie le contraint à abandonner les rênes du pays entre les mains de son frère Raul.

Un anniversaire terni par la crise

Les cérémonies du 50ème anniversaire de la révolution cubaine se dérouleront sans Fidel Castro, et dans un contexte particulièrement difficile. Depuis l’arrivée au pouvoir de Raul Castro, le parti communiste est divisé entre les partisans du statu quo, et ceux d’un assouplissement du régime. Le contexte économique est également morose. Le salaire moyen par habitant s’élève à 20 dollars par mois seulement. Et l’île a été touchée par trois ouragans cette année, qui auraient causé, selon les autorités, 10 milliards de dollars de dettes – soit environ 20% du PIB. « Les fêtes ne seront pas aussi grandioses que nous l’aurions souhaité en raison de la situation économique », a justifié un responsable cubain à l’AFP, sous couvert d’anonymat.

Le pays est sous embargo américain depuis bientôt 47 ans. Ses dirigeants semblent attendre un changement de politique avec l’élection à la présidence américaine de Barack Obama. Raul Castro a plusieurs fois répété qu’il était prêt à entamer un dialogue avec les Etats-Unis, mais « sans carotte ni bâton ». Un dialogue, qui pourrait signer le début des réformes à Cuba, et la rupture avec le dogme révolutionnaire qui prévaut depuis 1961, date à laquelle Fidel Castro avait proclamé le caractère communiste du régime.

A écouter

Commentaire : Eduardo Manet, écrivain et réalisateur

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