par Frédérique Misslin
Article publié le 05/01/2009 Dernière mise à jour le 05/01/2009 à 19:53 TU
Les initiatives diplomatiques se développent pour obtenir un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Les Nations unies semblent impuissantes et parallèlement le ballet diplomatique compte de plus en plus d’acteurs. Pour trouver le « chemin de la paix », Nicolas Sarkozy vient d’entamer une tournée dans la région, une troïka européenne est déjà sur place, de même qu’un émissaire russe. Les Turcs sont au coeur d’intenses tractations, les Egyptiens s’estiment toujours incontournables mais la Ligue arabe reste divisée. L’escalade militaire sur le terrain complique sérieusement toute sortie crise politique.
Le président français Nicolas Sarkozy (G) et son homologue égyptien, Hosni Moubarak discutent, le 5 janvier 2009 à Charm el-Cheikh, des moyens de mettre fin à l'offensive israélienne dans la bande de Gaza.
(Photo : Reuters)
Nicolas Sarkozy cherche le « chemin de la paix ». L’Egypte aurait un plan dans ses tiroirs. La Turquie suggère de jouer les médiateurs entre le Hamas et le Conseil de sécurité des Nations unies. Le Qatar appelle à la tenue en urgence d’un sommet arabe. Face à cette intense activité diplomatique, Israël reste inflexible et rejette toujours l’idée d’un cessez-le-feu immédiat. La ministre des Affaires étrangères israélienne, Tzipi Livni, a clairement opposé une fin de non recevoir à la proposition européenne de cessation des hostilités. L’Etat hébreu, dit-elle, reste « déterminé à changer la donne dans la région ». La délégation européenne, pilotée par le chef de la diplomatie tchèque Karel Schwarzenberg, a donc échoué dans sa mission.
Tournée express de Nicolas Sarkozy
Pour autant, Paris ne désespère pas. Le président français a entamé ce lundi une tournée express au Proche-Orient dans l’espoir d’y faire taire le bruit des armes. Le président français répète qu’il condamne « l’offensive terrestre israélienne contre Gaza comme la poursuite des tirs de roquettes ».
Ce n’est pas vraiment un hasard si Nicolas Sarkozy a débuté son périple par Charm el-Cheikh, en Egypte. Hosni Moubarak et son homologue français assurent la co-présidence de l’Union pour la Méditerranée, une instance au sein de laquelle Nicolas Sarkozy a bien l’intention de faire jouer ses réseaux. Le raïs égyptien détient par ailleurs un certain nombre de clés dans le dialogue israélo-palestinien.
Le Caire s’estime incontournable dans le règlement de la crise et avait parrainé la trêve entre Israël et le Hamas qui a volé en éclat au mois de novembre 2008. L’Egypte a aussi été fortement critiquée ces derniers jours dans le monde arabe. Accusée de connivence avec Israël, elle semble presque disqualifiée au yeux du mouvement islamiste palestinien. Hosni Moubarak voudrait donc revenir dans le jeu diplomatique, une délégation du Hamas est attendue lundi soir au Caire et la diplomatie égyptienne travaille sur un plan en 4 points : cessez-le-feu immédiat, retour à la trêve, ouverture des points de passage et mise en place d’un nouveau mécanisme international pour garantir cet accord. Paris pourrait soutenir ce plan et suggérer son application en liaison avec la Turquie.
La Turquie omniprésente
En effet, Ankara ne ménage pas ses efforts sur le dossier du Proche-Orient. Médiateur officiel du volet israélo-syrien du processus de paix au Proche-Orient, la Turquie parle aussi bien aux Israéliens qu’aux Palestiniens. Le Premier ministre Recep Tayyep Erdogan a officiellement apporté son soutien au Hamas et suggère aujourd’hui de jouer les intermédiaires entre le mouvement islamiste et le Conseil de sécurité des Nations unies.
Il faut dire que depuis le début de la crise, l’ONU brille une fois de plus par son impuissance. Impossible de parvenir à un accord entre les membres du Conseil de sécurité, notamment en raison de l’intransigeance des Etats-Unis qui n’en démordent pas : « La véritable cause des violences actuelles, ce sont les tirs de roquettes tirées par le Hamas ». Pour le mouvement de la résistance islamique, ce qui se passe à l’ONU est une « farce qui montre l’ampleur de la domination exercée par l’Amérique et l’occupant sioniste ».
Le chemin de Damas
C’est également en tant que président d'un pays membre permanent du Conseil de sécurité que Nicolas Sarkozy se rend mardi en Syrie et au Liban. A Damas, le président français va tenter de convaincre Bachar el-Assad d’user de son influence auprès du Hamas pour calmer les esprits. Khaled Mechaal, le chef politique du mouvement de la résistance islamique, est en effet en exil à Damas. Il s’est entretenu la semaine dernière avec les autorités russes qui, elles aussi, affichent leur préoccupation. Moscou (membre du quartet pour le Proche-Orient et du Conseil de sécurité de l’ONU) a donc dépêché un émissaire dans la région, Alexandre Saltanov, pour contribuer aux efforts diplomatiques en vue d’un cessez-le-feu. Là encore sans succès pour l’instant, Ehud Olmert, le Premier ministre israélien répète qu’« Israël ne peut stopper ses activité militaires avant d’avoir atteint les objectifs qu’il s’est fixés ».
Au sein de la Ligue arabe, c’est la division qui règne. La Mauritanie, un des rares pays arabes à entretenir des relations diplomatiques avec Israël, a rappelé son ambassadeur pour protester contre l’opération militaire à Gaza. L’émir du Qatar appelle à la tenue d’un sommet extraordinaire placé sous le signe de l’unité mais les lignes de fractures demeurent. La Syrie et le Qatar veulent faire du Hamas un interlocuteur à part entière, l’Arabie saoudite et ses alliés se méfient profondément du mouvement islamiste. Ils le jugent responsable de la guerre fratricide qui déchire les Palestiniens et craignent que le Hamas inspire leurs oppositions radicales nationales.
Les médias israéliens rapportent que l’Etat hébreu serait prêt à négocier un accord de cessez-le-feu si ce dernier ne mentionne pas le Hamas, les Israéliens veulent négocier uniquement avec l’Autorité palestinienne et la communauté internationale qui aurait ensuite en charge d’imposer un éventuel accord au mouvement de la résistance islamique. Un scénario qui semble avoir les faveurs des turcs : « Tout accord doit être garanti par la communauté internationale », font-ils savoir en ajoutant qu'« il faut agir rapidement. Alors que nous parlons des modalités d’une trêve, des gens, des civils femmes et enfants meurent à Gaza ».
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