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Corée du Nord / Reste du monde

L'ONU divisée ne condamne pas Pyongyang

Article publié le 06/04/2009 Dernière mise à jour le 06/04/2009 à 08:12 TU

Le Conseil de sécurité réuni en urgence s'est séparé dimanche soir sans accord pour condamner le tir balistique effectué par les Nord-Coréens dans la matinée. La Chine et la Russie notamment plaident pour la retenue, pour ne pas compromettre les pourparlers à 6 sur le démantèlement nucléaire.

Avec notre correspondant à New York, Philippe Bolopion

L'ambassadeur du Japon Yukio Takasu revient sur la position de son pays après la réunion du Conseil de sécurité : pour Tokyo, la Corée du Nord a clairement violé la résolution 1718 qui lui interdit tout nouvel essai nucléaire ou tir de missile balistique. ( Photo : Chip East / Reuters )

L'ambassadeur du Japon Yukio Takasu revient sur la position de son pays après la réunion du Conseil de sécurité : pour Tokyo, la Corée du Nord a clairement violé la résolution 1718 qui lui interdit tout nouvel essai nucléaire ou tir de missile balistique.
( Photo : Chip East / Reuters )

Trois heures de négociation à huis clos pour rien, ou presque. Convoqué d’urgence par le Japon, en plein week-end, le Conseil de sécurité a été incapable de s’accorder sur une attitude commune face à Pyongyang.

Les Etats-Unis, la France et le Royaume Uni voulaient au moins que le Conseil exprime son inquiétude, face au lancement d’une fusée par la Corée du Nord. Pour eux, qu'il s'agisse d'un missile ou d'un satellite, le problème est le même. La Corée du Nord a violé, estiment-il, la résolution 1718, qui, au lendemain du premier essai nucléaire nord-coréen, en octobre 2006, avait interdit à Pyongyang de poursuivre tout programme balistique.

Mais la Chine et la Russie ne l’entendaient pas ainsi. Soutenues par le Vietnam, l’Ouganda et la Libye, elles estiment que la situation est délicate, et que le Conseil de sécurité doit faire preuve de retenue, pour préserver la voie diplomatique. Ces pays considèrent aussi que tout Etat a le droit d’avoir un programme spatial pacifique. Moscou et Pékin ont donc bloqué toute réprimande du Conseil de sécurité.

La déclaration de l'ambassadeur chinois à l'ONU Zhang Yesui

« Nous avons pris note du lancement d’une fusée par la Corée du Nord. Et nous avons aussi pris note des inquiétudes exprimées par certains pays. Nous pensons que nous traversons une période très délicate. Nous pensons que tous les pays concernés devraient faire preuve de retenue et devraient s’abstenir de prendre des mesures qui pourraient déboucher sur une aggravation des tensions.

Nous sommes déterminés à maintenir la paix et la stabilité de la péninsule coréenne et nous sommes en faveur du processus des pourparlers à 6. En ce qui concerne la réaction du Conseil de sécurité, nous pensons qu’elle doit être prudente, et proportionnelle. Ma délégation est tout à fait disposée à joindre nos homologues pour participer et discuter de toute réaction du Conseil de sécurité, de façon responsable et constructive... »

Les puissances occidentales risquent d’avoir beaucoup de mal à les convaincre de sanctionner davantage la Corée du Nord. Mais elles n’y ont pas renoncé, et les négociations se poursuivent.

L'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, a qualifié la  réunion du Conseil de sécurité comme « l'occasion de rechercher un accord sur une forte action collective » pour répondre à ce que Washington, le Japon et l'Union européenne considèrent comme « une provocation ». 

Il reste que la Corée du Nord a parfaitement réussi son coup : faire réagir la communauté internationale et rappeler que son arsenal de missiles la place au 6e rang mondial, ce qui va lui permettre de  négocier en position de force avec les Américains. Satellite ou pas, on peut donc dire que ce lancement a parfaitement atteint son objectif pour la Corée du Nord.

Francois Géré, directeur de l'Institut francais d'analyse stratégique : Le tir, un succès militaire et surtout politique

« Au moment des sommets du G20 et de l'OTAN... la fenêtre médiatique de ce tir... lui donne une ampleur qu'il n'aurait pas eue sinon... La manifestation politique est réussie à 300%

06/04/2009

Les Etats-Unis et le nucléaire nord-coréen

Avec notre correspondante à Atlanta, Anne Toulouse

Les trois derniers présidents ont été confrontés aux ambitions nucléaires et aux promesses  non tenues de la Corée du Nord. En 1992, juste au moment où Bill Clinton arrive au pouvoir, l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) découvre que la Corée du Nord utilise du plutonium pour un  programme militaire.

Deux ans plus tard, dans un accord cadre aux Etats-Unis, la Corée du Nord s’engage à fermer son réacteur à usage militaire en échange de la livraison de carburant et de 2 réacteurs civils.

Mais en 2002, Pyongyang déclare avoir poursuivi ses efforts pour mettre au point une arme nucléaire – entretemps George Bush est arrivé au pouvoir, et a refusé de renégocier des engagements non tenus. Dans le fameux Discours sur l’état de l’Union de la même année, il classe la Corée du Nord parmi les trois pays de l’axe du mal.

Après l’effervescence initiale, cette déclaration semble relancer la machine : en 2003, les Etats-Unis reprennent les négociations, auxquelles participent la Corée du Sud, le Japon et la Russie.

En 2007 Pyongyang accepte de démanteler son réacteur principal, en échange de livraisons de carburant. Durant ses derniers mois au pouvoir, George Bush retire la Corée du Nord de la liste des Etats qui soutiennent le terrorisme.

Mais l’arrivée d’un nouveau président à la Maison Blanche enclenche un mouvement de balancier bien connu, le jour-même où Barack Obama prononce un discours sur la non-prolifération des armes nucléaires, Pyongyang se livre à un essai de missile qui viole les engagements pris en 1999. 

A écouter

Les suites du tir de missile coréen

« Si les Nations unies ont interdit à Pyongyang tout tir de missile en 2006, le droit international et le Traité sur l'espace stipulent que chaque pays à le droit, sans aucune discrimination, à la course à l'espace. »

06/04/2009