par Elisabeth Bouvet
Article publié le 03/03/2009 Dernière mise à jour le 13/03/2009 à 08:53 TU
La raison de ce décalage tient peut-être, paradoxalement, au fait qu’elle assume son âge avec une aisance, une évidence même, plutôt rare en ces temps de jeunisme obsessionnel : « Je n’ai aucun intérêt à faire plus jeune. C’est très fatigant de se battre contre des moulins à vent, contre quelque chose d’inéluctable. Bien sûr que je ne pourrai plus faire une femme enceinte, une jeune mère qui va chercher ses enfants à l’école, mais je peux désormais découvrir des rôles de grand-mère ou simplement de femmes de mon âge », note-t-elle avant de partir dans un de ses éclats de rire en cascade qui ont fait le tour des salles de cinéma, manière légère et espiègle d’afficher sa mutinerie quand elle conclut, à contre-courant, qu’elle « ne comprend pas très bien cette envie de paraitre plus jeune ».
Comme elle ne comprend pas davantage ces sempiternelles questions sur son passé. Son refus d’évoquer ses premiers pas au Café de la Gare qui fêtera en juin prochain ses quarante ans d’existence et son compagnonnage avec les Coluche, Bouteille et autres Dewaere, est même assez catégorique. « Je ne suis pas nostalgique et ça commence un peu à me gaver », lance-t-elle avec ce franc-parler que les années n’ont pas réussi à émousser. Elle ne reviendra donc pas sur l’origine de son nom - sobriquet donné par Coluche en raison de la toute petite voix de chat de Sylvette Herry, de son vrai nom, ex-tapissière issue d’un milieu modeste et arrivée à la comédie par le plus grand des hasards, mais non sans avoir pris l’irréversible décision d’envoyer paître famille et boulot -, et pas davantage sur son refus d’empocher le César de la meilleur actrice en 1979 pour son rôle de prostituée dans La dérobade de Daniel Duval. « J’ai l’impression de faire ma nécrologie », résume-t-elle.
A moins que ce ne soit celle de certains de ses ex-copains de jeu, disparus prématurément à l’instar de Coluche et de Patrick Dewaere. Miou-Miou n’est pas du genre « masochiste », ainsi qu’elle le précisera un peu plus tard. Ni dans l’existence ni sur un tournage : « Je préfère 6 000 fois plus voir les films de Kubrick que de m’imaginer dedans, un réalisateur qui fait autant de prises, ça n’aurait pas été possible », s’amuse-t-elle en nous ramenant vers ce qui tout récemment l’a emballée à savoir le tournage en juin dernier du nouveau film de Radu Mihaileanu, le réalisateur de Va, vis et deviens, prévu pour sortir à l’automne prochain : « Ça m’a plu », lance-t-elle avec ce côté poulbot qui, d’un coup défronce les sourcils et illumine son visage, avant d’évoquer le premier court-métrage de sa fille dans lequel elle tient le premier rôle. « Je sens qu’elle va être très douée », s’enthousiasme-t-elle, sans forfanterie.
L’actrice aurait-elle à la bonne la jeune génération ? Les murs porteurs de Cyril Gelblat (2008), Affaire de famille de Claus Drexel (2008) et, en ce mois de mars, Pour un fils… Trois premiers films en deux ans, Miou-Miou s’amuse à l’idée que l’on puisse imaginer une quelconque forme de « stratégie » derrière ses choix. Elle constate plutôt qu’« il y a souvent des histoires originales dans les premiers films ». Des rôles inédits également comme celui de l’héroïne du long-métrage d’Alix de Maistre. Divorcée, mère d’un petit Hugo, Catherine tente depuis dix ans de se reconstruire après la disparition de son fils aîné, Toni. Jusqu’au jour où le policier (Olivier Gourmet) qui enquêta sur cette disparition lui annonce qu’un jeune homme vient d’être découvert, qui se prétend son fils. Un rôle que l’actrice a longuement hésité à endosser en partie, explique-t-elle, « par superstition » : « Je n’ai jamais voulu faire de films qui touchaient à la disparition d’enfants. Mais comme maintenant mes enfants ne sont plus des enfants mais des femmes, j’ai donc accepté ce projet. Ça reste quand même pour moi toujours quelque chose de difficile ». A l’image du film, sombre, tendu, inquiétant.
Pour jouer Catherine, la réalisatrice tenait absolument à Miou-Miou, « une authentique actrice populaire ». Le qualificatif n'a pas l'air de lui déplaire : « Je ne suis pas détestée dans l’ensemble. Il y a une forme d’identification, de par mes origines sociales », commente-t-elle en souriant. On pourrait aussi parler de ses interprétations, de ses choix pour expliquer cette inaltérable « cote d’amour » même si elle dit volontiers que ce sont les autres « qui l’ont choisie pour faire l’actrice. […]. Il y avait quelque chose que les gens aimaient bien chez moi, mais je ne sais toujours pas ce que c’est ». Ni vocation ni formation, ce qui ne l’empêche pas de mesurer le chemin parcouru depuis ses premiers pas sur la scène du Café de la gare à ses prochaines retrouvailles avec Michel Blanc, vingt-trois ans après Tenue de soirée : « Il a fallu tout apprendre, le cinéma, la vie d’artiste, la vie publique ».
Au fil des ans, elle n’a toutefois pas encore réussi à se débarrasser de cette manie qui consiste à acheter les vêtements de ses rôles, certains d’entre eux du moins. Quitte à s’en mordre les doigts : « Je m’aperçois que je ne peux pas les mettre dans la vie. […] Mais Je n’aime pas du tout faire les boutiques, donc je profite des films ». Et de confesser, en riant, qu’elle envisage déjà le rachat de certains des costumes de son prochain film dont le tournage débute ce 4 mars. En attendant, c’est en jeans, tee-shirt et chaussures plates qu’elle assure, seule, la promotion de Pour un fils. Au naturel, décidément.
portrait
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