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L'été des festivals

Vingt cinq ans que Gindou fait son cinéma

par Elisabeth Bouvet

Article publié le 24/08/2009 Dernière mise à jour le 24/08/2009 à 12:38 TU

(Photo : Nelly Blaya)

(Photo : Nelly Blaya)

En marge des grandes agglomérations et grands festivals type Marseille, La Rochelle, Paris ou Cannes, Gindou et sa trentaine d’habitants qui fêtent cette année, du 22 au 30 août, à l’aube, un quart de siècle de cinéma exigeant et ouvert sur le monde. C’est dans le lot, à quelque 130 kms au nord de Toulouse, et la manifestation porte un nom qui appelle l’escale : Les Rencontres cinéma de Gindou

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La localité de Gindou présente un avantage sur ses voisines : elle est située en hauteur. « Les nuits y sont donc moins fraîches que dans la vallée », observe Marie Virgo, déléguée générale des Rencontres depuis deux décennies mais qui connait son histoire sur le bout des doigts. Car c’est précisément cette (légère) amplitude thermique qui a valu à Gindou d’être choisie par le docteur Pierre Mage, « un fondu de cinéma expérimental qui habitait dans un bourg des environs », pour accueillir « une nuit du cinéma avec la présentation de 3 ou 4 longs-métrages », à la faveur du lancement par Jack Lang, alors ministre de la culture, de la Fête du cinéma. Une nuit qui « correspond aujourd’hui à notre nuit de clôture quand les projections débutent avec la tombée de la nuit pour s’achever le dimanche matin, avec les premiers rayons du soleil ». Si ce n’est que cette nuit originelle s’est étoffée en vingt cinq ans puisque les Rencontres courent désormais sur une semaine, projettent environ 80 films et comptent 8 salariés.

Ce qui donne une idée du chemin parcouru car Marie Virgo ne cache pas que les premières années n’ont pas forcément été faciles, notamment pour le public local : « On ne programme pas La Grande Vadrouille ou ce genre de films. Ici, on privilégie le cinéma d’auteur qu’on peut difficilement voir ailleurs. Mais petit à petit, la confiance est venue ». Et sans que les Rencontres ne perdent pour autant leur âme, militante. Aidées par la Cinémathèque de Toulouse qui depuis la 2e édition travaille à la programmation en fonction des thématiques choisies ou des pays élus même si « depuis le début des années 2 000, on a cessé de se focaliser sur un pays pour parler plus généralement du cinéma méditerranéen, jusqu’à l’Afrique noire que Gindou a d’ailleurs toujours programmée, tant et si bien que Gindou a  longtemps été un festival spécialiste du cinéma africain ».

(Photo : Nelly Blaya)

(Photo : Nelly Blaya)

Aujourd’hui, la déléguée générale parle davantage de « vagabondages cinématographiques » pour qualifier une programmation « coups de cœur », mais qui a toujours pour ligne de conduite de « parler de l’état du monde et du rapport Nord-Sud ». Une ouverture plurielle qui n’empêche pas les hommages au singulier. Pour leurs 25 ans, les Rencontres invitent le très décalé Luc Moullet. A cette occasion, le nouveau film du réalisateur d’Anatomie d’un rapport sera projeté en avant-première. Son titre : La terre de la folie

Si Gindou s’est accolé le terme de « rencontres », ce n’est pas uniquement pour faire convivial. Car la manifestation défend absolument cette idée de proximité, et cela à plus d’un titre. C’est d’abord son cinéma ambulant qui tourne dans quatre villages voisins parallèlement aux projections prévues à Gindou sous chapiteau la journée et en plein air le soir, ce sont ensuite les débats organisés durant toute la durée du festival et baptisés Ciné Tchatches (« Ici, il n’y a pas d’espace VIP, tout le monde peut manger avec Alain Tanner »), ce sont encore les deux concours de scénario qui permettent à des cinéastes en herbe de finaliser leurs projets (« L’un des premiers lauréats fut, il y a quelques années, Alain Guiraudie, dont on parle beaucoup aujourd’hui et qui a donc été soutenu par Gindou »), c’est également le concours intitulé Le goût des autres qui concerne les collégiens des régions Midi-Pyrénées, Limousin et Gironde sur le thème de « L’histoire et la mémoire de l’immigration » (« Là aussi, des projets sont nés à Gindou »), c’est enfin l’accueil de tournage et autres ateliers d’écriture tout au long de l’année, autant d’événements qui permettent aux Rencontres cinéma de Gindou de vivre douze mois sur douze et qui expliquent que Marie Virgo, arrivée à Gindou « pour un boulot d’été il y a vingt ans », n’en soit jamais repartie, si ce n’est pour suivre des études de cinéma… ce que ne propose pas encore ce bourg microscopique du lot. 

(Photo : Nelly Blaya)

(Photo : Nelly Blaya)