par Dominique Raizon
Article publié le 14/03/2007 Dernière mise à jour le 14/03/2007 à 18:35 TU
Avec l’accroche «Investissez dans l’ordinateur le plus précieux au monde : le cerveau», la Fédération pour la recherche sur le cerveau (FRC) appelle les Français à apporter leur soutien au financement de la recherche, lors de la huitième édition du Neurodon prévue samedi 17 mars. Pour mieux diagnostiquer, prévenir et guérir, il est nécessaire d’encourager aussi bien la recherche médicale -qui concerne les maladies, les greffes, les lésions, les addictions- que la recherche fondamentale -qui se penche, par exemple, sur les mécanismes d’apprentissage ou le mode de fonctionnement de la mémoire. «L’Etat joue un rôle déterminant dans la politique et le financement de la recherche médicale, mais cela n’est pas suffisant. (…) Cet effort doit être constamment stimulé, enrichi, relayé, complété et amplifié», souligne la FRC.
Jeunes et moins jeunes, tout le monde est concerné : cent vingt-sept millions d’Européens sont atteints d’une maladie qui touche le cerveau, dont plus de quatorze millions en France. Le chiffre fait frémir et, pourtant, plus la durée de vie s’allonge et plus le nombre de personnes atteintes de maladies dégénératives est appelé à augmenter. D’après les professionnels de santé publique, ces maladies deviendront rapidement l’une des premières causes de mortalité dans nos pays industrialisés, d’où l’importance d’accélérer les connaissances des mécanismes intimes du cerveau pour adapter la prévention et mieux retarder, ralentir, voire empêcher les effets de l’âge sur les fonctions intellectuelles.
Des avancées ont été faites permettant par exemple de mettre en évidence un vieillissement normal et un vieillissement pathologique du cerveau et de déterminer la manière de ralentir le second. Mais, pourquoi la maladie de Parkinson affecte-t-elle plus les hommes que les femmes ? Pourquoi la maladie d’Alzheimer touche-t-elle plus les femmes que les hommes en Europe, alors qu’elle affecte de manière égale les hommes et les femmes aux Etats-Unis ? Pourquoi la sclérose en plaque atteint-t-elle majoritairement les femmes, soit deux-tiers des malades ? Autant de questions qui, pour l’heure, restent encore sans réponse.
Pourtant, avec 500 000 personnes, en France, atteintes d’épilepsie, dont la moitié ont moins de 20 ans, 60 000 malades atteints de sclérose en plaque entre 20 et 50 ans, 100 000 parkinsoniens et plus de 800 000 personnes invalidées par la maladie d’Alzheimer, il n’est pas outrancier de dire que les maladies du cerveau deviennent un véritable problème de société. Or, déclare la FRC, «si l’on peut se réjouir des progrès accomplis durant cette dernière décennie, force est de constater avec beaucoup de modestie, l’ampleur de la tâche qu’il reste à effectuer». La fédération souligne, cependant, qu’en dépit d’un «potentiel important de chercheurs et de cliniciens dans ce vaste domaine des neurosciences, la France a pris du retard».
En 2006, 2 300 000 euros réunis en France … 2007 ?
Pour sensibiliser les Français aux grands enjeux de cette recherche sur le cerveau, la FRC invite donc à découvrir un organe encore méconnu dans tous ses états et ce à travers un cycle de conférences, de débats et d’expositions comme celle, par exemple intitulée Planète cerveau. La semaine du 12 au 18 mars est baptisée, pour l’occasion, Semaine du cerveau. Sont concernées, par ces manifestations, différentes villes de France mais aussi d’Europe car l’initiative est internationale, et participent à l’opération différents organismes scientifiques comme : l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), le CNRS, la Société des neurosciences, et les universités -en partenariat avec les laboratoires pharmaceutiques Sanofi-aventis.
Depuis la création du Neurodon, en 2000, et grâce aux dons collectés, la FRC a déjà pu attribuer, sur appel d’offres, cent-vingt-six subventions de recherche. En 2006, les fonds réunis en France s’élevaient à deux millions trois cent mille d’euros, contre un million six cent dix mille en 2005, et contre un peu plus d’un million l’année précédente : cette progression encourageante réjouit aussi bien les neuropsychologues que les biologistes, les généticiens, les mathématiciens et les informaticiens travaillant ensemble dans ce domaine de la recherche.