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Sida

Inverser la courbe de l’épidémie ? C’est possible !

par Claire Gibourg-Guindre

Article publié le 28/03/2008 Dernière mise à jour le 13/05/2009 à 14:20 TU

Du 28 au 30 mars 2008, la France se met à l’heure du Sidaction. Débats, collectes ou challenges sportifs, initiatives privées ou institutionnelles n’auront qu’un seul but : rappeler que 25 ans après le début de l’épidémie, on ne guérit toujours pas du Sida. Malgré l’existence de traitements efficaces, les décès continuent. Et malheureusement les nouvelles contaminations aussi. Aujourd’hui pourtant, on pourrait inverser la courbe de cette pandémie grâce à la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant. Un enjeu mondial.

(Photo : Claire Gibourg-Guindre/ RFI)

(Photo : Claire Gibourg-Guindre/ RFI)

En 2007, 2,5 millions de personnes ont été infectées (dont 60% en Afrique) et 2 millions de personnes sont mortes du Sida. Aujourd’hui ce sont plus de 33 millions de personnes qui vivent avec le VIH dans le monde. Certes les traitements existent et l’arrivée des médicaments génériques dans les pays du Sud a été une véritable bouffée d’oxygène. Mais il faudra des années avant que chaque malade puisse avoir accès aux soins, a fortiori s’il habite en brousse.

Une priorité est devenue essentielle : donner toutes ses chances à un enfant né de mère séropositive. Et c’est possible ! La prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant (PTME) constitue, en effet, l’une des plus grande avancée thérapeutique en matière de VIH. La contamination peut intervenir à trois moments : lors de la grossesse, de l’accouchement ou de l’allaitement. Or, si la future maman est prise en charge, le risque de contamination passe de 30% à 1% ! Médicalement parlant, c’est assez simple. Les femmes enceintes sont mises sous tri-thérapie -sous anti-rétro viraux (ARV)- pour les trois derniers mois de la grossesse. Le bébé, lui, est mis sous ARV dès sa naissance. Les mamans poursuivront le traitement si elles choisissent l’allaitement maternel.

«Les femmes qui arrivent en consultation se croient en bonne santé»

L’application de ce protocole est bien évidemment beaucoup plus compliqué. Et les raisons sont multiples. Toutes les femmes ne peuvent pas se rendre en consultation prénatale, surtout celles qui habitent en zone rurale. Ensuite les centres doivent pouvoir posséder et proposer le test de dépistage et, surtout, avoir du personnel formé à cette problématique.

(Photo : Claire Gibourg-Guindre/ RFI)

(Photo : Claire Gibourg-Guindre/ RFI)

Louis Pizarro, directeur général de l’Association Solthis* explique : « Les femmes qui arrivent en consultation se croient en bonne santé et viennent pour un évènement heureux. Avec les tests rapides, une heure après, on peut parfois leur annoncer qu’elles sont porteuses d’un virus extrêmement stigmatisé dans beaucoup de pays, et qu’elles vont devoir être suivies et traitées ainsi que leur enfant. Psychologiquement le choc est énorme. Individuellement c’est un coup de massue, socialement c’est très dur. »

Equipements médicaux, formations, prescriptions sont autant de problématiques que tentent aujourd’hui de résoudre l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) et les ONG. Quelles doivent être les conditions minimales pour la mise en place de soins de qualité ? Seuls les médecins doivent-ils être autorisés à prescrire des ARV ? Ou infirmiers, sages-femmes peuvent-ils prendre le relais ?  Il y a urgence. En 2006, moins de 10% de femmes avaient accès aux soins PTME.

Ne pas allaiter est mal perçu et mal vécu.

L’allaitement enfin. En Afrique particulièrement, il est mal vu, il est mal vécu qu’une mère n’allaite pas son enfant. Choisir l’allaitement artificiel implique souvent d’annoncer sa maladie à sa famille, à ses voisins. C’est risquer d’être mise à l’écart, d’être montrée du doigt ou même parfois d’être répudiée. Le lait artificiel est également très cher, et il faut impérativement avoir toujours de l’eau bouillie pour préparer les biberons. Malgré ces difficultés, certaines mères font preuve d’ingéniosité pour préserver leur enfant.

Assiatou, Malienne, a été contaminée par son mari, un militaire. Jeune accouchée, elle explique que sa soeur est au courant de son état et la soutient mais qu’il est inenvisageable de mettre sa belle-mère au courant. « Elle me chasserait et garderait mes aînés (séronégatifs ndlr). Je lui ai raconté que j’avais été maraboutée et que mon lait n’était plus bon. » Elle rit de sa supercherie, puis redevient subitement inquiète : « Je ne supporterais pas d’avoir contaminé mon bébé ». Il lui reste encore quelques semaines à attendre pour connaître le statut sérologique de son bébé … Un enjeu de taille et un nouveau plaidoyer pour les ONG, afin que les centres de santé soient équipés pour diagnostiquer rapidement le statut sérologique des bébés. Plus tôt l’enfant séropositif sera pris en charge, plus grandes seront ses chances de survie.

Mères sous tri-thérapie = zéro transmission du virus au bébé

Mais le traitement n’est pas sans répercussions : certaines patientes présentent des résistances aux ARV et d’autres deviennent des « perdues de vue », c’est à dire qu’elles ne reviennent jamais au centre de soins. Par peur ? Par éloignement ? Difficile de le déterminer vraiment.

Néanmoins les résultats « PTME » sont éloquents. A Ségou au Mali par exemple, en 2007, sur 23 sites, 92,2% des femmes enceintes ont accepté de faire le test de dépistage. Aucune des mères placées sous tri-thérapie n’a transmis le virus du Sida à son enfant. Un véritable espoir pour les générations futures.

(Photo : Claire Gibourg-Guindre/ RFI)

(Photo : Claire Gibourg-Guindre/ RFI)

* Site de Solidarité Thérapeutique et Initiatives contre le Sida (Solthis)

L' objectif de Solthis est de faciliter l'accès à une prise en charge médicale de qualité aux personnes atteintes par le VIH/Sida comprenant un accès aux traitements antirétroviraux (ARV). Dans une démarche de développement et grâce à des équipes présentes sur le terrain quotidiennement, Solthis intervient en appui technique auprès des acteurs nationaux de lutte contre le sida.

Garant nécessaire à la pérennité des programmes mis en place, Solthis consacre un grand volet de son activité à la formation des professionnels de santé, au transfert de compétences médicales et scientifiques.

Ses équipes sont sur le terrain au Mali, au Niger, à Madagascar et depuis janvier 2008 en Guinée-Conakry où elles appuient les acteurs nationaux sans jamais se substituer à eux.


 

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