par Dominique Raizon
Article publié le 05/12/2008 Dernière mise à jour le 05/12/2008 à 13:23 TU
« Il était nécessaire de combler les lacunes de l'Europe en matière de recherche polaire: un tel bateau était une priorité », estime le chercheur Jörn Thiede, annonçant un « bond en avant prodigieux » pour la construction navale européenne.
Le bateau pourra circuler toute l'année dans les zones arctiques, même en hiver lorsque les rigueurs polaires sont impitoyables et, contrairement à la pratique actuellement en vigueur, sans recours à l’escorte d'autres brise-glaces.
Le monstre doit, en priorité, servir la recherche sur le climat. La glace contient des bulles d'air vieilles de plusieurs millions d'années dans la banquise, et plus on creuse profondément, plus on remonte le temps.
Deux routes alternatives au canal de Panama
Mais, « l’Océan Arctique va devenir un centre d'intérêt politique et économique dans les prochaines décennies, aussi la recherche est-elle d'une importance majeure afin de permettre une utilisation durable et prudente des ressources naturelles et des nouvelles routes de navigation potentielles », explique la biologiste Karin Lochte, directrice de l'institut allemand Alfred-Wegener (AWI) « L'objectif n'est pas d'explorer des gisements pétroliers », mais le bateau « apportera des innovations qui pourraient être utilisées à l'avenir à des fins commerciales comme pour l'exploitation de pétrole et de gaz », relève Albrecht Delius, l'ingénieur en chef du projet dirigé par AWI.
L'Arctique fait, en effet, l'objet de convoitises croissantes depuis que le retrait de la banquise facilite l'accès à des réserves en hydrocarbures qui représenteraient 22% des réserves mondiales non exploitées, selon une étude de l'Institut de surveillance géologique des Etats-Unis (USGS), publiée l’été dernier. En outre, l'ouverture des passages du Nord-Ouest (le long du Canada) et du Nord-Est (le long de la Russie), laisse entrevoir deux routes alternatives au canal de Panama pour relier le Pacifique et l'Atlantique, donnant à la région un intérêt stratégique.
La coque de l'Aurora Borealis sera percée en son centre de deux puits de sept mètres sur sept, pour permettre de travailler dans la mer à l'abri du vent et des vagues, par exemple en plongeant des véhicules sous-marins ou en forant. Des moteurs hors-bord dotés de très grandes hélices inclinables à souhait entre la verticale et l'horizontale donneront une puissance rarement égalée. En outre, un système de positionnement dynamique permettra d'immobiliser le bateau sans avoir à jeter l'ancre pour pouvoir « briser de la glace à l'arrêt », un vrai défi, explique Albrecht Delius.Mise à l'eau de l'Aurora Borealis prévue pour 2014
Le projet vient d'achever sa phase de recherche et développement, et entre dans l'étape du financement de la construction, estimée à 650 millions d'euros. Un consortium doit s'en charger, où l'Allemagne s'est dite prête à participer à concurrence de 30%. D'autres nations européennes ont signalé leur intérêt, ainsi que la Russie, qui contrôle près de la moitié des côtes sur l'Océan Arctique.
La mise à l’eau de l’Aurora Borealis est prévue pour 2014. Le bateau devrait également être capable de circuler sur d'autres mers comme la houleuse mer du Nord ou l'Océan Atlantique, ce qui sera une première.
Pour en savoir plus :
Consulter les sites suivants :
- l'AWI, en anglais.
- la présentation du projet, en 2005, dans le Magazine en ligne de la recherche européenne (RDT info)
- le site scientifique de International polar foundation
Autour du sujet
10/09/2008 à 07:54 TU
27/10/2008 à 10:14 TU
14/11/2007 à 15:30 TU
24/09/2007 à 14:18 TU