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Film

«Home», S.O.S. pour planète en détresse

par  RFI

Article publié le 05/06/2009 Dernière mise à jour le 08/06/2009 à 09:34 TU

© EuropaCorp Distribution

© EuropaCorp Distribution

Les citoyens du monde sont convoqués au chevet de la Terre, lors de la journée mondiale de l'Environnement, avec la diffusion du film plaidoyer de Yann Arthus-Bertrand et Luc Besson sur notre 'maison' malade de l'Homme. De Central Park au Champ de Mars, sur internet, en DVD, à la télévision et au cinéma : Home sort donc, libre de droits, dans 126 pays simultanément et gratuitement, sur tous les écrans et sur tous les continents. Les écologistes déplorent l'absence de l'évocation de la question du nucléaire.

Sécheresse, urbanisation galopante, pénuries d'eau, pollution, course à l'or noir et aux énergies fossiles, dont la combustion est responsable du changement climatique: chaque pan de la démonstration est illustré depuis le ciel, le mode de prise de vues préféré de Yann Arthus-Bertrand, photographe à succès de l'ouvrage La Terre vue du ciel. « Dans 20 ans, le monde sera complètement différent : comment fera-t-on avec un monde sans pétrole, un climat complètement différent ? Il faut sortir du déni », assène-t-il. Contempler ce qui reste doit nous aider à réagir ».

Yann Arthus-Bertrand

« Le film raconte l'histoire fantastique dela vie sur Terre, d'une espèce qui grâce à un climat stable a pu coloniser la planète. (...) Aujourd'hui, on ne veut pas croire ce que tout le monde sait ... »

05/06/2009 par Joëlle Marcellot

© EuropaCorp Distribution

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Le commentaire se voulait scientifiquement irréprochable : il a été soumis à Al Gore, ex-vice président américain et Prix Nobel de la Paix 2007 et à Lester Brown, pape de l'écologie aux Etats-Unis. Il sera lu en anglais par Glenn Close, en espagnol par Salma Hayek et en français par Jacques Gamblin. La chaîne d'information Al-Jazira s'est chargée de la traduction en arabe. Et, « en Chine, la censure du film vient de se débloquer », assurait la semaine dernière Arthus-Bertrand.

Le cinéaste Luc Besson et le photographe Yann Arthus-Bertrand espèrent convoquer les consciences au chevet de la planète. Pourtant, l'organisation écologiste Sortir, qui assure représenter 840 associations, reproche au film une énorme lacune. Les auteurs ont totalement occulté la question du nucléaire, souligne l'organisation, alors que « le problème est d'une grande simplicité : le nucléaire est une des énergies les plus polluantes et la plus dangereuse. Elle doit disparaître ».

Stéphane Lhomme

Responsable de l'association «Sortir du nucléaire»

« Montrer les effets dela pollution pourquoi pas, mais un film esthétisant donne une bonne conscience écologique aux industriels qui polluent la planète

05/06/2009 par Joëlle Marcellot

Le réseau souligne que Yann Arthus-Bertrand « aurait été obligé de mettre en exergue les fuites d'uranium, les déchets radioactifs, les installations nucléaires à démanteler, etc.». Alors, Home, reste-t-il un film esthétisant et politiquement correct ?  Le photographe déclare assumer son esthétisation de la destruction, de la laideur et de la pollution car, déclare-t-il « la beauté crée de l'émotion et suscite la réflexion ».

Q : Quel message voulez-vous faire passer avec ce film à grand spectacle?

R : On était 2,5 milliards sur Terre quand je suis né (en 1946), on est près de 7 milliards aujourd'hui. Le temps d'une vie d'homme, la population de la Terre a presque triplé. Or le confort incroyable des 20% de la population mondiale qui consomment 80% des richesses de la planète, ça ne peut plus continuer comme ça. Tout le monde veut vivre comme nous, avec l'éducation, la santé gratuites. Mais il y a encore, chaque jour, 2 milliards de gens qui travaillent la terre à la main pour nourrir leurs enfants. L'objectif, c'est donc de vivre mieux en consommant moins et en partageant davantage.

Q : Vous espérez changer les comportements?

R : Le film essaie d'expliquer pourquoi il faut le faire. Je voudrais que les gens en sortent en se demandant ce qu'ils peuvent faire. J'apporte peu de réponses, mais je montre qu'on a tous la solution en nous. C'est pourquoi la gratuité était tellement importante pour garantir que le film soit vu par le maximum de personnes dans le monde. Il ne s'agit pas de culpabiliser, mais de convaincre le public pour qu'il pousse les politiques à agir. Il faudrait aussi des politiques plus courageux. Mais aujourd'hui, on ne veut sans doute pas vraiment que ça change, parce qu'on n'a pas de politiques qui veulent que ça change.

Q : Vu du ciel, dites-vous, tout est beau. Mais vous finissez par esthétiser la laideur, la pollution, les tas d'ordures...

R : L'aérien donne une perspective totalement différente sur les choses, permet d'avoir une vision globale d'un monde sans frontière et de traiter les hommes comme une espèce comme les autres. D'en haut, on voit l'impact de l'homme mais on réalise aussi qu'il n'est pas le maître des lieux. C'est le défaut du photographe de toujours vouloir esthétiser les choses, mais aussi on attire les gens par la beauté. La beauté crée de l'émotion et fait réfléchir. Le film est suffisamment dur et anxiogène. Heureusement qu'il est beau. De toutes façons, une forêt qui brûle ça reste une forêt qui brûle; des enfants sur une décharge à ciel ouvert aussi.

© EuropaCorp Distribution

© EuropaCorp Distribution

L'entreprise a nécessité deux années de tournage dans 54 pays et 500 heures de rush, ramenées à deux heures pour la version longue. « Je ne voulais pas en faire une affaire commerciale, assure Yann Arthus-Bertrand, mais Luc ne voulait pas non plus perdre de l'argent: il nous fallait un mécène.».  Affaire conclue avec l'homme d'affaires français François Henri Pinault : le patron du groupe PPR, a sorti 10 millions d'euros pour le tournage et encore deux pour la distribution.

Pour en savoir plus :

Association Sortir du nucléaire

Pour les internautes, le film est visible en exclusivité sur YouTube jusqu’au 14 juin : http://www.youtube.com/homeprojectfr