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Afrique de l'Est/ Climat

Des millions de personnes menacées de famine

par Dominique Raizon (avec AFP)

Article publié le 04/09/2009 Dernière mise à jour le 07/09/2009 à 15:00 TU

© INA

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Kenya, Ouganda, Tanzanie, Somalie ... La dernière étude du Programme alimentaire mondial (PAM) rend compte d'une « malnutrition [qui] fait des ravages parmi des enfants de plus en plus jeunes et de bétail [qui] meurt.» : la sécheresse qui sévit pour la 4ème année consécutive dans toute l'Afrique de l'Est, conjuguée à l'inflation généralisée des denrées de base et parfois à la guerre, menace de pénuries alimentaires et même de famines des millions de personnes. Les sécheresses font partie des conséquences du réchauffement climatique qui mobilisent l'ensemble de la planète : de Genève à Addis Abeba, toute la complexité de la question est abordée cette semaine dans ses différents aspects.

Il y a déjà trois ans, une terrible sécheresse en Afrique de l'Est avait menacé de famine près de 11 millions de personnes. En juin dernier, le Programme alimentaire mondial (PAM) mettait en garde contre la « conjoncture mortelle de sécheresse persistante, de faibles précipitations saisonnières, de conflits et du coût de la nourriture » dans cette partie de l'Afrique. L'agriculture, principale source de revenus pour la grande majorité des populations locales, est entièrement dépendante des chutes de pluie. Le moindre déficit pluviométrique a des conséquences dramatiques sur cette agriculture de subsistance, aux récoltes souvent très modestes. La réponse internationale est également très erratique et superficielle, au gré des appels de fonds, des distributions alimentaires et d'une assistance sanitaire qui cessent le  plus souvent dès le retour des premières gouttes de pluies.

© INA

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Au Kenya, récolte de maïs inférieure de 28%

Cet été 2009, le Kenya a ainsi connu sa « pire sécheresse depuis une décennie , avec une absence quasi totale de précipitations au moment théorique de la saison des pluies, en particulier dans les régions arides et semi-arides du nord », explique un porte-parole du PAM, Marcus Prior. « Près d'un Kényan sur dix a désormais besoin d'une assistance alimentaire », selon l'agence onusienne, qui prévoit de venir en aide à 3,8 millions de Kényans affectés par la sécheresse et la hausse continue des prix alimentaires.

La récolte principale de maïs est estimée inférieure de 28% par rapport à une moyenne de cinq ans. Les pâturages et l'eau pour le bétail diminuent rapidement, entraînant la mort de nombreuses vaches. Toujours selon le PAM, « certains Kényans luttent aujourd'hui pour survivre et "adoptent des stratégies extrêmes, comme réduire le nombre de repas journaliers, manger de la nourriture moins chère et moins nutritive, migrer vers les centres urbains ou contracter des dettes massives ».

Un « Cadre global pour les services météorologiques »

La situation est tout aussi difficile dans les pays voisins, en Éthiopie, au nord de l'Ouganda, à Djibouti et en Somalie, où le PAM fournit au total une assistance alimentaire à près de 17 millions de personnes. En Ouganda, où le PAM vient en aide à près d'un million de personnes, principalement dans le nord et l'est du pays, « nous allons avoir des problèmes si les pluies n'augmentent pas dans les prochains jours », s'inquiète le ministre de l'Information, Kabakumba Masiko. En Tanzanie, le gouvernement a récemment envoyé quelque 40 000 tonnes de céréales dans les régions du nord. Des « poches de famine y ont été observées et des cas de famine rapportés », selon le ministre de l'Agriculture Stephen Wasira.

« Cette conjoncture mortelle de sécheresse persistante et de faibles précipitations saisonnières » en Afrique de l'Est confirme la nécessité d'affiner encore les prévisions météorologiques si on veut aider les Etats à se préparer aux désastres naturels : l'agriculture, principale source de revenus pour la grande majorité des populations locales, est entièrement dépendante des chutes de pluie.

Michel Jarraud

Coopération entre les pays

« Il s'agit de renforcer les capacités humaines et celles entre les pays pour créer des structures de coopération Nord-Sud et Sud-Sud

01/09/2009 par Charlotte Alix

Comble de malchance, la reprise des pluies est souvent synonyme d'inondations destructrices et de maladies dues à la mauvaise qualité de l'eau, comme tel est le cas une fois de plus en Afrique de l'Ouest, au Burkina Faso, au Niger, et au Sénégal.

L'Organisation météorologique mondiale (OMM) a fait état de pluies supérieures à la moyenne à prévoir pour les prochains mois et début 2010, avec un nouveau phénomène El Nino.

Pénurie d'eau d'ici 2020 ... et 250 millions d'Africains

Ces désastres naturels ne sont pas appelés à se raréfier : d'après les Nations unies, entre 75 et 250 millions de personnes vont faire face à une pénurie d'eau en Afrique d'ici 2020 et la somme estimée pour permettre de lutter contre les effets du changement climatique sur le continent s'élève à quelque 50 milliards de dollars par an.

Quelque 150 Etats ont trouvé jeudi 3 septembre 2009 un accord pour mettre en place un « Cadre global pour les services météorologiques » destiné à atténuer les effets des changements climatiques. Les ministres et les représentants des 150 pays participant à la Conférence mondiale sur le Climat (Genève, 2009) ont indiqué dans une déclaration écrite qu'ils avaient décidé de créer ce 'Cadre global' afin de faciliter le partage d'informations sur le climat et son évolution et, de la sorte, mieux anticiper les retombées locales, notamment en Afrique et dans les pays en développement.

Les représentants de l'Afrique réunis depuis plus d'une semaine à Addis Abeba demandent, dans le même temps, des compensations financières aux pays industrialisés, considérant que les activités humaines contribuent à aggraver le réchauffement climatique dont ils pâtissent. Ils menacent de quitter la Conférence mondiale qui se tiendra à Copenhague en décembre si leurs demandes pour des compensations financières ne sont pas prises en compte : « Nous n'accepterons aucun accord qui ne limite pas le réchauffement climatique à un niveau minimum inévitable.», a prévenu le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi. Les pays africains entendent que les nations industrialisées prennent des mesures pour limiter le réchauffemùent à 2 degrés et réduire leurs émissions de GES de 25 à 40% d'ici 2020.

Pour en savoir plus :

Consulter les sites

- du PAM

- de l'OMM

- de l'OCDE / la crise économique mondiale