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Climat

Protéger la forêt pour ne pas aggraver le réchauffement climatique

par Dominique Raizon (avec AFP)

Article publié le 28/10/2009 Dernière mise à jour le 30/10/2009 à 08:29 TU

A l'approche du sommet de Copenhague, des Organisations non gouvernementales se mobilisent pour sauver l'une des dernières forêts tropicales de l'île indonésienne de Sumatra qui, si elle était déboisée, contribuerait à aggraver le réchauffement climatique : « Nous sommes ici sur la ligne de front de la destruction de la forêt et du climat », clame Bustar Maitar, un responsable de Greenpeace Indonésie car, lorsque ce milieu est drainé, rasé ou brûlé par l'homme, il libère dans l'atmosphère les énormes quantités de CO2 qu'il renferme.

Agroforêt à fruitiers et arbres à bois (Sumatra, ouest).© IRD/ Geneviève Michon.

Agroforêt à fruitiers et arbres à bois (Sumatra, ouest).
© IRD/ Geneviève Michon.

Sur les quelque 400 000 hectares de la péninsule de Kampar, dans l'est de Sumatra, où cohabitent encore tigres, gibbons et indigènes vivant de cueillette et de pêche, la terre est noire et spongieuse : « C'est une forêt sur tourbières, un éco-système très particulier », explique Bustar Maitar, les tourbières étant des sortes de marais ayant accumulé, pendant des milliers d'années, des matières organiques sur une profondeur allant jusqu'à 20 mètres.

Les émissions liées aux forêts représenteraient 80% des 2,3 milliards de tonnes de dioxyde de carbone relâchées chaque année par le pays, selon un récent rapport gouvernemental. Selon le professeur Jonotoro, spécialiste indonésien des tourbières, la disparition des tourbières conjuguée à la déforestation et aux feux de forêt explique en grande partie pourquoi l'Indonésie est devenue le troisième pays émetteur de gaz à effet de serre, derrière la Chine et les Etats-Unis.

Or, la presqu'île de Kampar pourrait devenir la prochaine zone de déboisement si un méga-projet de plantation d'acacias allait à son terme. Le gouvernement indonésien y a en effet accordé une concession à un géant indonésien de la production de pulpe et de pâte à papier, le groupe April, qui possède déjà des milliers d'hectares de plantations sur Sumatra.

Péninsule de Kampar en danger

Cette société April se veut exemplaire et considère qu'une « gestion durable de la péninsule permettra de réduire les émissions de carbone » car « actuellement, le déboisement illégal et les feux mettent en danger la péninsule de Kampar », explique Neil Franklin, le directeur du développement durable du groupe.

Dans le village de Teluk Meranti, qu'un large fleuve boueux sépare de la forêt, le projet fait débat entre sirènes de l’argent et peur de perdre, avec la forêt, subsistances et traditions. De son côté, April aurait intérêt, selon le professeur Jonotoro, à choisir d'autres terres que les tourbières, trop acides, pour étendre ses plantations, assurant qu’il « y a des millions d'hectares de terres dégradées, prêtes pour cela, en Indonésie », selon lui.

Pour Greenpeace, la solution passe par l'aide des pays développés, qui « doivent débloquer de l'argent pour contrebalancer les pertes financières liées à l'abandon du projet », selon Paul Winn, spécialiste du climat : « Les mécanismes existent, comme les crédits REDD, mais les financements ne sont pas encore à la hauteur », regrette-t-il.

Pour en savoir plus :

Consulter Agropolis museum (IRD) et films IRD: La Forêt d'Idris, série Peuples de la forêt